Les magistrats de la Cour des comptes sont en colère. S'interrogeant sur la déliquescence dans laquelle se débat leur institution depuis des années, et parce que leurs moult tentatives de nouer le dialogue avec leurs responsables se sont révélées vaines, ils s'en remettent au premier magistrat du pays pour lui exprimer leur ras-lebol.
Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Les magistrats, réunis le 11 mars courant en assemblée générale extraordinaire, n'ont pas manqué de situer la source du mal qui ronge leur institution. Ils mettent, ainsi, cette situation qui empire chaque jour un peu plus sur le compte de la non-gestion des responsables à la tête de l'institution et ce, depuis 18 ans. Et parce que toutes leurs interpellations nombreuses ont été sans résultat, ils ont décidé de rompre la loi du silence en s'en remettant en président de la République. Et pas que cela, les magistrats de la Cour des comptes promettent des conférences de presse périodiques à l'effet, disent-ils, d'informer l'opinion publique des conditions de l'institution qui n'ont fait que se répercuter négativement sur sa place de contrôle que constitue l'essence même de son existence. Et aux magistrats de sérier les griefs retenus contre leur direction dont le recul du contrôle au sein du conseil à un échelon secondaire à l'opposé du rôle essentiel que lui confère la loi avec la mise à l'écart des magistrats, l'éloignement du rôle de l'institution en tant que conseiller financier du président de la République, l'absence d'une vision d'avenir dans la gestion du conseil, concernant notamment les ressources humaines propres aux magistrats avec le non-recrutement de nouveaux magistrats à moyen et long terme, d'où, mettent-ils en exergue, la disproportion nette entre les magistrats et les justiciables. Il en est aussi de l'arbitraire de l'administration concernant le parcours professionnel, notamment en matière de limitation des postes budgétaires avec annuellement des départs massifs à la retraite sans prise en compte de l'âge légal de la retraite fixé à 65 ans, le gel par le président de la cour de l'article 16 du décret exécutif 30-96 du 13 janvier 1996 inhérent à la promotion exceptionnelle des magistrats, la privation d'une catégorie de magistrats de l'affiliation à la caisse de retraite spécifique aux cadres supérieurs de l'Etat en application de l'article 55 de l'ordonnance 23-95 du 56 août 1995 définissant le statut particulier des magistrat de la Cour des comptes, Les magistrats de la Cour des comptes relèvent également l'absence du minimum de conditions matérielles même de permettre aux magistrats d'accomplir convenablement leurs missions de contrôle, et enfin, l'absence de considération à l'égard des services techniques des missions de contrôle du fait que la majorité des postes budgétaires ne sont pas pourvus. Autant de lacunes de taille qui se sont répercutées sur l'efficacité du contrôle qui fait que l'institution s'est recroquevillée sur elle-même et se retrouve en marge des développements intervenus dans le domaine du contrôle et des comptes conformément aux standards internationaux.
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Posté Le : 19/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M K
Source : www.lesoirdalgerie.com