Algérie

Ils côtoient les vendeurs de beignets sur les plages : Travailleurs à poils et à plumes



Ces travailleurs là ne sont pas déclarés à la sécurité sociale et leur catégorie n'est répertoriée nulle part au département de Tayeb Louh. Ils ne cotisent à aucune mutuelle et aucun syndicat ne défend leurs droits. Pis encore, ils ne sont même pas payés. C'est à peine si leurs propriétaires, qui les tiennent au bout d'une laisse, leur offrent le gîte et le couvert. Ces travailleurs là portent sur le dos de longs poils soyeux, des plumes ou une fourrure, mais cela ne les empêche nullement d'accomplir leur journée de travail parfois sous un soleil de plomb. Eux, ce sont les singes, les chevaux, les poneys ou les rapaces que leurs propriétaires exhibent sur les plages. Pour 100 ou 200 dinars, les estivants peuvent se faire prendre en photo avec un singe à la mine triste, grossièrement engoncé dans des vêtements trop grands pour lui. Ils peuvent également prendre la pause sur l'un de ces chameaux qui passent la journée à sillonner la plage en d'incessants allers et retours. Si le c'ur leur en dit, ils peuvent même jouer au cow-boy d'opérette sur un cheval tout harnaché ou faire monter leur enfant sur un petit poney perdu au milieu d'une forêt de jambes dénudées.Au cas où ils seraient tentés par un peu plus d'exotisme, les estivants, à la recherche de la photo qui fera sensation auprès de leurs amis, n'ont qu'à attendre que passe un rapace qui pourrait être un aigle, un faucon ou un épervier récemment capturé, fraîchement apprivoisé et fièrement accroché au bras de son propriétaire. Rencontré sur une plage bougiote de la côte est, Madjid le Sétifien a bien voulu nous laisser photographier son petit singe habillé en petite fille. Contre quelques pièces sonnantes et trébuchantes, bien sûr. Ne sachant pas trop à qui il affaire et méfiant comme une belette, il tient à devancer nos questions et à lever toutes nos appréhensions : « Monsieur, mes papiers sont en règle. Ce singe, je ne l'ai pas capturé dans le Parc national du Gouraya. Ce n'est d'ailleurs pas un singe magot mais un ouistiti que j'ai ramené d'Afrique du Sud et que j'ai payé 4000 euros », dit-il. Ainsi, d'Est en Ouest, sur toutes les plages d'Algérie, vous pouvez les rencontrer. Avec les vendeurs de beignets, de thé ou de friandises, ils sont bien les seuls à travailler au moment où tout le monde se repose.


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