Après
l'indépendance nationale, des hauts responsables politiques et des
technocrates, ils ont studieusement appris la leçon de conjugaison adoptée par
leurs semblables florissants depuis le Plan de Constantine. Celle-ci est : Je
broute, tu broutes, il broute.
Ce verbe
transitif, en vogue dés les premières années de l'indépendance nationale, a été
adopté sans vergogne, en tous les sens et de figures, par le soi-disant gotha
algérien, post colonial, pacageant sur les plates-bandes des deniers publics. Ces
«gentlemans» chapardeurs - définis de gourmands à l'époque - ont été ensuite
relayés par une meute de bergers terriblement avides de pâturages considérés
appartenir, jadis, au Beylik : mini-Etat provincial du temps de la période
ottomane ; et autres Ârch : collectivité locale usufruitière remodelée sur le
même principe champêtre par la colonisation française.
Avec de nouveaux mots d'ordre non moins
dénués d'archaïsme, d'hypocrisie maraboutique, de voracité matérielle, d'esprit
de clanisme voire de gangstérisme et de passe-droit. A l'image, des fléaux
issus de la désertification aussi bien de l'âme d'une importante strate de la
société en décomposition chronique, que du substrat de la terre défigurée par
plusieurs aléas «aménagistes» bouleversant ainsi les équilibres organiques du
sol, que ceux écologiques, dans leur ensemble, d'avant et, notamment, après
l'indépendance du pays.
Ainsi, en plus des maraudeurs décrits
brièvement ci-dessus, nous remarquons actuellement d'autres, non moins affamés
et affameurs, cachottiers et méprisant jusqu'à qu'ils menacent, en
sous-entendus médiatisés adressés à qui de droit, de dévoiler sans hésiter tout
le contenu de la boite de Pandore s'ils sont démissionnés, et ce, à l'image du
dernier scandale de la Sonatrach principal socle du système économique du pays,
non encore dévoilé dans tous ses dessous. Le sera-t-il vraiment un jour ?
Alors, imbus et confiants d'eux-mêmes et de
leurs relations internationales, juchées auprès de cercles occultes puissants,
ils préconisent à leurs semblables et autres parrains d'ici d'adopter la ligne
de conduite suivante : elle se conjugue au présent du mode de l'indicatif à la
forme du négatif. A savoir : je ne sais pas, tu ne sais pas, il ne sait pas
(1). Ou, encore, tout va bien Madame l'Algérie !
Cependant, cette
forme de conjugaison, elle est tout à fait normale pour ceux et celles qui,
sincèrement, ne savent rien du fait qu'il y a un arbre cachant - protégeant -
toute une forêt peuplée de renards et renardes. Mais malhonnête pour ceux et
celles connaissant de prés la renardière, et qui sont donc au courant, voire
complices, de tous les piratages et, de surcroît, font semblant de ne pas les
apercevoir. A l'image d'un type qui visualise tous les signaux, affichés dans
un tableau automatisé de commande et de contrôle d'une centrale électrique
sophistiquée, d'une unité pétrochimique modélisée, clignotants tous au rouge,
et qu'il fait - ce type de personnage - semblant de ne voir que du… vert . Un
non-sens !
Cela dit, le phénomène de la corruption est
une véritable calamité pour les peuples, et notamment leurs élites, qui n'ont
pas su imposer les véritables priorités moralisatrices et surtout d'installer,
dés le début et tout au long du parcours de la construction d'un Etat fort, les
jalons - garde-fous - fondateurs d'un système de gestion sociopolitique,
culturel et économique, pertinemment basé sur l'économie des connaissances et
judicieusement canalisé dans le sens de l'honnêteté conjuguée à de la
compétence et non de stimuler, pour des intérêts personnels liés au pouvoir, la
tentation du népotisme allié aux médiocrités partisanes et les dilapidateurs
hissés au rang de «nobiliaires».
Hélas, c'est le lot des peuples dépourvus de
véritables élites, à l'image du nôtre ainsi aplati par l'accaparement violent
de son propre pouvoir conjugué aux désirs et agissements d'un tas de faussaires
laudateurs. Comme ce fut, par le passé, lors du règne des corsaires menés par
les frères Barberousse, entre autres pachas, combinant force de piratage et
chantage sur tout le pourtour de la méditerranée et notamment avec l'Espagne –
décidément –, l'Italie, et la… France bien évidemment qui avait sauté sur cette
occasion ainsi offerte par tout un ensemble de tarbouches et… d'éventails.
Par conséquent,
tout le reste qui en découle, d'un tel système de gouvernance basée sur
l'arrogance et de l'a-peu près, ne serait que du viol «normalisé» de la
conscience collective ; et du vol banalisé des richesses du pays, dont celles
des hydrocarbures, a l'image des millions de tonnes de céréales exportées
presque gratuitement vers la France durant la période ottomane non moins
corrompue et corruptrice. C'était le temps du Bakchich : De l'oseille en
turco-algérien. Le temps des Muphtis à la solde. Aujourd'hui, il est de nature
Eurodollaresque. «Par sa propre barbe nous l'encensons». Ainsi parlait le
janissaire d'hier et du CAC 40 d'aujourd'hui ! Que faire devant ce
machiavélisme maffiosi ?
D'ABORD SAVOIR de
près par qui et pourquoi on est ainsi gouverne de cette manière
Cela parait banal
voire du déjà su, et plus ou moins dévoilé médiatiquement par les bonnes
volontés au prix de leur santé voire de la perte de leurs situations
professionnelles. Et du respect qui leur est dû. A l'image de ces
universitaires qui ont été bastonnés et humiliés ces derniers jours puis
câlinés ( ?). Par conséquent, cela nécessite une vigilance soutenue et de la
perspicacité permanente de la part des différentes strates sociales soucieuses
de leur devenir et de celui du pays. Et de leurs enfants !
Pour ce faire, il serait salutaire, pour les
élites toutes obédiences confondues, d'engager tout un programme
politico-culturel novateur des mÅ“urs et comportements. Cependant, cette volonté
de vouloir remonter aux sources du mal - la corruption dans tous ses états -,
elle nécessite une classe politique hors pair, issue d'une génération d'hommes
et de femmes incorruptibles révolutionnant une situation au profit d'une autre
expurgée des scories de la précédente.
En d'autres termes, une génération prédestinée
par la divine Providence, et une volonté populaire au rendez-vous avec
l'Histoire, combinée à cette noble et distinguée mission de salubrité publique
définie à la sacro-sainte bonne gouvernance. Les incorruptibles ont toujours
existé. Les corrompus aussi, malheureusement. Ces derniers, notamment les
virulents parmi eux, portaient des titres peu louables au cours de la lutte de
libération nationale. Ils ont, d'une certaine façon, semer les graines de la
corruption et de la discorde au sein de la société en pleine mutation. Quelques
nationalistes ont, eux aussi, leur lourde part de responsabilité car ils ont
fait avancer le ventre au lieu des idées patriotiques salvatrices !
A partir des premières années de
l'indépendance, le peuple Algérien respectait les règles de bonne conduite et
manifestait sa joie pour la récupération légitime des biens de la collectivité
nationale. Malheureusement, il va être confronté, au fil du temps qui passe, à
la résurgence des survivances aussi bien précoloniales, coloniales, greffées
sur les nouveaux comportements post coloniaux. C'est-à-dire une terrible
situation existentielle inextricable, soumise aux luttes en sourdine, entre
faux et vrais nationalistes, combattants, conflits d'intérêts de personnes, de
clans…etc., faisant rage ces derniers temps, mais que tous, ou presque,
s'arc-boutent a un système politique de plus en plus chancelant.
Aujourd'hui, et d'une manière générale, leurs
cognations aspirent à se débarrasser de cette sujétion malfaisante et
complexant leur vie au sein de la société. Par conséquent, l'essentiel pour un
système politique de gouvernance soucieux des intérêts suprêmes de la nation
et, donc, de vouloir s'inscrire dans le sens de l'Histoire, c'est d'arriver à
encourager sans hésiter les premiers - incorruptibles - et de faire bloc,
intelligemment, avec eux, y compris par la violence dans le cadre des lois,
contre les seconds - corrompus - car, un certain nombre de ces derniers, ils ne
désirent pas faire leur mue dans la sérénité, vers l'honnêteté et le sens de
l'Histoire.
Cependant, ce jeu malsain est susceptible de
provoquer des conséquences incalculable lesquelles vont, tôt ou tard,
bouleverser - si ce n'est pas déjà largement entamé- les croyances qui ont
jalonné le substrat de la conscience nationale obnubilée, actuellement, par des
enjeux et victoires autres que celles liées à la cohésion mémorielle, à
l'honnêteté et l'abnégation des leaders lesquels, jadis, ont engendré des
miracles et acquis vertueux.
Comme les choses de la vie ne sont pas immuables
ni parfaites ; espérons que la prochaine décennie, qu'on vient tout juste
d'entamer, serait expurgée des scories de ces cinquante dernières années. Et
notamment celles de la décennie qui s'écoule chargée aussi bien de très belles
choses que des mauvaises. Trop !
La lutte contre
la corruption, en vogue ces derniers temps ici comme ailleurs, s'inscrit dans
la convention onusienne, signée par les parties inscrites dans la charte en la
matière, dont notre pays l'a également paraphée, et que cette dite convention
est élargie à la criminalité et…le trafic de la drogue. Par conséquent, qu'on
le veuille ou non, et au vu de l'état des lieux, nous sommes pleinement engagés
dans le cadre de cette convention, de lutter fermement contre ces fléaux. Des
services y veillent jour et nuit. C'est tout à leur honneur. Et au déshonneur
de certaines complicités liées aux fléaux, ci-dessus mentionnés, incorporés
dans les rouages même de l'Etat, et que la presse rapporte quelquefois et en
écrits suggestifs ce genre d'accointances. Cependant, des cercles puissants - y
compris onusiens - pivotants autour de ces soi-disant conventions des parties,
ils ont d'autres objectifs ne s'inscrivant nullement dans celui affiché défini
en lutte implacable contre ces calamités.
En effet, chaque
année, on débourse des centaines de millions de dollars dans ce genre d'accord
de bonnes intentions, sans résultats conséquents au niveau mondial, alors que
les trois hydres CCD - corruption, criminalité, drogue - ne cessent d'envahir
des jeunes gens jusqu'au moindre recoin de la planète. Les paradis fiscaux liés
aux maux des trois CCD sont tellement impénétrables. A l'image du secret
bancaire pratiqué dans les banques suisses. Et dans bien d'autres «sanctuaires»
en la matière.
Alors, savoir de près par qui et pourquoi on
est ainsi gouverné de cette manière, tout en sachant qu'on n'est pas seul dans
ce genre de galère ; cela relève, à ne pas se méprendre, des obscurs secrets
scellés dans l'Omerta de type zaouiste solidaire, autour d'un gros plat de
«chakhchoukha», et, que les «convives» se les conjuguent comme suit : je n'ai
rien à dire, tu n'as rien à dire, il n'a rien à dire.
ALORS QUE DES
BRAVES Intelligences enfoncent par divers marteaux le clou de la clarte et des
dires pertinents
En attendant les actes fondateurs pour une
meilleure gouvernance. Tout en sachant que le bien et le mal ont toujours
coexisté, voire se relayent avec ténacité dans le temps et l'espace et dans
bien d'autres dimensions intimement liées à la nature humaine. L'essentiel,
pour une société donnée et ses élites déterminées à en découdre avec cette
terrible sujétion, est de croire dur comme fer que le bien l'emporte
fréquemment sur le mal. Pour ce faire, il existe déjà des moyens. Il suffirait
de les actionner sans relâche et de les laisser agir à leur guise, tout en
sachant qu'il y aura des risques liés. Comme dans toute entreprise. Car, le
beau fixe ne relève pas de notre monde d'ici-bas
L'important, c'est que le pouvoir dirigeant
reste de marbre devant les hauts et les bas de cette lutte de longue haleine. Et,
surtout, devant les états d'âme des corrompus et leurs commanditaires d'ici et
de là-bas. Pour un responsable digne d'une telle mission, l'essentiel est qu'il
laisse derrière lui un arsenal de défense et d'attaque infaillible, inusable et
surtout incorruptible. A notre humble point de vue, c'est cette Å“uvre-là qui
l'inscrirait dans les armoiries de l'Histoire. Pas autre chose ! A l'inverse,
ce serait le règne de Ali Baba et les quarante voleurs. Et des cavernes à la
Sésame ouvre-toi ! Et là aussi, l'Histoire intervient pour l'inscrire cette
fois-ci dans ses gouffres moisis.
La voie qui
consiste à fixer des «priorités» du genre : sucre toi pleinement mais laisse un
peu à ton prochain sans qu'il sache ce que tu as, - koul ouakel - as fait
tellement de dégâts incommensurables. Celle, également, qui permet de
construire des châteaux de rêves à l'étranger tout en jetant à la volée des
cages à poules pour faire gîter les humbles et autres démunis issus notamment
du monde rural. Une double évasion incompressible de la force de travail
agricole.
Malgré des efforts appréciables allant dans
le sens de l'habitat rural, il n'en demeure pas moins que les terroirs se
dépeuplent constamment. Ainsi, en 1966, 70% de la population habitaient dans
les zones rurales, moins de 50% en 1987, et près de 35% en 2005. Et la tendance
continuera de descendre d'après des projections fondées et, donc, le milieu
rural nécessiterait plus que le double de l'enveloppe accordée, dans le cadre
du présent plan, se chiffrant à 15 milliards de dollars pour 5 ans, parait-il.
Le taux moyen en vigueur de la corruption a
été estimé par des sources dignes de foi à 10% dans la plupart des cas aussi
bien au plan interne qu'externe. Ajouter à cela les laxismes en découlant - en
monnaie sonnante et trébuchante -, pour signer les soi-disant «réceptions» de
travaux, d'équipements, etc. Du «supplément» en quelque sorte. Et la boucle de
la grande corruption est ainsi bouclée. Et tant d'autres exemples de gabegies
et d'énormes contradictions, liées à ce genre d'informations, que la presse
écrite ne cesse de rapporter dans ses colonnes. En vérité que du Grosso modo ! Car
si tout est vrai, par contre rien n'est exact en termes de chiffres réels et
autres accointances que certains médias escamotent sciemment, alors que
d'autres les banalisent. Seuls quelques titres indépendants les mettent en
exergue.
Enfin, si on est capable de mobiliser des
centaines de milliards de dollars, comme se fait-il qu'on soit impuissant
devant les hordes de chacals définis aux corrupteurs et corrompus ? S'il existe
une volonté de mettre fin, ou au moins atténuer sensiblement ces mÅ“urs infects,
pourquoi ne donne-t-on pas l'équivalent de ces fameux 10% directement à de
braves jeunes gens hors du commun - chasseurs coriaces des têtes de la
corruption - afin qu'ils traquent jour et nuit, institution après institution,
lobbyings interne et externes… ? Et ce, jusqu'au bout du temps et du Monde ! A
l'image de la traque des nazis par l'intelligentsia juive !
Et alors ? Alors,
d'une manière ou d'une autre, il viendra le jour où cette meute de charognards
définis aux corrompus et corrupteurs auraient le même sort que ceux qui les ont
précédé et qui sont, également, non moins accapareurs indus des biens de la
collectivité nationale et qui, pour beaucoup d'entre eux, se trouvent
aujourd'hui à la fin de leur vie en face à leurs fantômes, à chaque occasion
qu'ils se voient devant les miroirs, leur souhaitant la bienvenue aux «palaces»
éternels de la géhenne. !!!
Notes :
1) Dans les années 1980, une vieille dame
d'origine Allemande veuve d'un Algérien, de mon patelin, propriétaire d'un
Hôtel Bar Restaurant, est venue solliciter une intervention d'un haut
responsable, afin qu'elle obtient l'ouverture de son commerce fermé par les
services des fraudes. Le frère dudit responsable la recevait en compagnie de sa
mère. Cette dernière écoutait l'Allemande sans comprendre un seul mot de ce
qu'elle disait. Alors elle demande à son jeune fils de faire l'interprète. Ce
dernier, assiégé par sa maman impatiente de savoir le motif de la visite, d'une
part, et, d'autre part, dérouté par le charabia franco-allemand de la vieille
dame, il se retourne vers sa mère et lui répondit en français : mais je ne sais
pas, Maman ! Eberluée, sa mère qui ne comprend pas un traître mot de la langue
française et, elle aussi, profondément désorientée, s'exclamer : Seigneur,
qu'est-il arrivé donc à mon fils, il ne sait plus parler la langue arabe !
Posté Le : 11/02/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Brahimi
Source : www.lequotidien-oran.com