Constantine, en ce vendredi 7 novembre 1986, une énième colère vient d'éclater à la résidence universitaire Zouaghi-Slimane, située sur l'unique axe routier qui mène à l'aéroport. Ce soir-là, comme de coutume depuis des années, une répression va s'abattre sur les étudiants résidents.Des CRS sont envoyés rouvrir l'axe Constantine-aéroport et ramener le calme. Une trentaine d'étudiants passeront la nuit dans les locaux de la police. Si, depuis 1982, le parti-Etat s'est habitué au feuilleton des émeutes-répression dans cette résidence, personne ne se doutait que, sur ce plateau d'Aïn El-Bey, l'étincelle de ce qui allait être connu sous l'appellation d'événements de Constantine venait d'être allumée ce soir-là.En effet, le lendemain, alors que les étudiants marchaient de la faculté centrale vers le siège du commissariat central situé au Coudiat pour exiger la libération de leurs camarades embarqués la veille, une autre marche de lycéens, cette fois-ci, s'était ébranlée des alentours du quartier chic de Belle-Vue, en direction du siège de l'académie située, elle aussi, au Coudiat. Deux fronts que les CRS, barricadés derrière les "houbel", ces camions lance-eau, affronteront avec une rare violence. Le mécontentement des lycéens gagne la localité d'Aïn Smara où déjà la zone industrielle, à l'instar de celle d'El-Khroub, est en effervescence depuis quelques jours.Dimanche 9 novembre. La violence n'est plus le monopole des forces de l'ordre. Des manifestants venus de l'underground constantinois saccageront les symboles de l'Etat-parti qu'ils trouveront sur le passage. Locaux du FLN, des médias, parcs roulants, grandes surfaces... passeront. Lors de ces évènements, 2 morts seront déplorés et 186 jeunes seront condamnés.Dimanche 10 novembre, alors que les émeutes de Constantine vivaient leurs dernières heures, Sétif, à quelque 120 kilomètres de là, est ébranlée par de violentes émeutes, limitées dans le temps, certes, car elles ne dureront que 3 à 4 heures, mais sanglantes, avec un bilan lourd de 3 morts, des dizaines de blessés et autant d'interpellations. Ici, les symboles de l'administration locale sont ciblés. Presqu'une année après, jour pour jour, la ville balnéaire de Collo est le théâtre d'un mouvement de protestation. Ce jour-là, ce qui était une simple procession de célébration du Mawlid, en cette nuit automnale de l'année 1987, se transforma en une manifestation anti-régime. Les chants religieux cédèrent la place aux slogans appelant à la libération de la parole, du champ politique et des détenus politiques, dont l'ex et défunt président Ben Bella.M. K.
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Posté Le : 06/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kezzar Mourad
Source : www.liberte-algerie.com