«Ce que je sais de plus sûr à propos de la moralité et des obligations des hommes, c'est au sport que je le dois», confiait Albert Camus au bulletin du Racing universitaire d'Alger, en 1953.A l'heure où les stades de football semblent n'être plus qu'affaire de gros sous, la célèbre sentence nous tire un sourire jaune. Décidément malgré les centaines de millions qu'ils perçoivent, il y a des joueurs qui font dans la provocation. Des scènes désolantes défilent presque à chaque rencontre de football. Un coup de sifflet mal accepté par un joueur. C'est la poussière des millions qu'ils perçoivent qui se soulèvent, comme si ce sport recrute ceux qui aiment bien la violence. Le match des 16es de finale de coupe d'Algérie USM Alger - USM Bel-Abbès pourrait être une de ces facettes de ce football. L'arbitre a vite sanctionné deux joueurs qui avaient tout simplement voulu transformer la partie de football en une partie de rugby.
Quel gâchis, des jeunes qui gagnent bien leur vie et censés faire du spectacle et ne pas s'emporter après l'arbitre ou un coéquipier adverse tentent, sous le regard du staff, faire le clown en allant provoquer ce joueur qui aurait fauté en le bousculant dans sa course. Le carton rouge, l'expulsion, voilà ce qui symbolise cette violence sur un terrain de football. La violence, tout le monde en parle, et parmi ces personnes des joueurs sur le terrain contribuent à mettre le feu aux gradins. A quoi sert de payer des joueurs à coup de millions, les choyer, les mettre en vitrine s'ils préfèrent le jeu dur à la sportivité.
Quel spectacle désolant que donnent ces joueurs qui se prennent déjà comme des vedettes intouchables ou protégés par X ou Y. Il est aussi vrai que «si les footballeurs gagnent aujourd'hui autant, c'est parce qu'en tant que produits ils rapportent beaucoup plus d'argent qu'ils n'en coûtent. Un produit qui marche est convoité. Il devient plus rare et prend de la valeur», disait un philosophe, mais l'autre lui répondit aussi vite «ce joueur doit aussi être l'exemple sur le terrain, il doit respecter son adversaire et non pas le traiter comme un ennemi».
Un troisième dira : «Les présidents de clubs qui se cachent dans les tunnels menant aux vestiaires, assistent souvent à ces comportements de voyou et de joueurs professionnels censés rehausser l'image du club dans lequel ils évoluent, non cela ne l'intéresse pas, mais vouloir hausser le ton face à l'arbitre et porter sa main sur le visage d'un joueur adverse voilà ce qui est condamnable». Un joueur de football de haut niveau capitalise sur son nom. Il devient une entreprise. Il investit souvent ses gains dans des activités commerciales qui créent du travail pour d'autres.
Tout le monde sait que ces joueurs sont dans une bulle. Les supporters applaudissent quand-même. Enfin, les ressorts de cette «joie pure» résident dans l'esprit d'équipe que procure le jeu, la circulation du ballon en tant qu'?uvre collective, l'engagement corporel dans la confrontation ou encore la recherche esthétique du beau geste. Sur un terrain, l'épanouissement individuel de chaque joueur est tributaire du mouvement collectif de l'équipe.
Enfin, que dire du foot de rue qui est pratiqué dans les «cités» qui fut et qui est encore un jeu très spectaculaire, avec un très haut niveau de virtuosité technique car l'enjeu est aussi d'exister en tant qu'individu à part entière et d'être reconnu en tant que tel au sein du quartier.
Le «beau jeu», par essence spectaculaire, offensif et collectif, qui procure du plaisir autant aux joueurs qu'au public dans sa construction, a progressivement disparu des compétitions internationales. Les enjeux marchands et les exigences de rentabilité financières de la part des dirigeants des clubs et des investisseurs sont tels que toute notion de prise de risque ou de plaisir durant le match a été évacuée.
Le jeu se doit d'être productif et le résultat doit primer sur sa beauté. L'objectif affiché pour les grandes équipes professionnelles est de gagner la partie 1-0 pour sécuriser la victoire, mais aussi le physique des joueurs, qui représentent un énorme capital pour le club. Il serait dommage qu'un attaquant vedette valant plusieurs millions d'euros se foule une cheville en tentant de marquer un but alors que l'on mène la partie par un but d'écart. Faut-il y croire en cette nouvelle année '
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 01/01/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : H Hichem
Source : www.lnr-dz.com