Algérie

«Il y a une inconscience effrayante face aux dangers qui guettent le pays»



«Il y a une inconscience effrayante face aux dangers qui guettent le pays»
- Quelle analyse faites-vous de la visite du Premier ministre français, Manuel Valls, et surtout de la publication des photos du Président, juste après qu'il l'ait rencontré 'Il faut d'abord voir le contexte dans lequel cette visite a eu lieu. Juste après l'affaire Panama Papers et la publication de la photo du Président en une du journal Le Monde et dans d'autres médias français. L'Algérie a protesté énergiquement. On s'attendait à ce que la visite soit reportée. Si l'on considère qu'il y a eu atteinte aux symboles de l'Etat, il aurait fallu l'ajourner, comme cela s'est passé avec l'Arabie Saoudite. Ce n'est pas la première fois que l'Algérie et ses symboles sont traités de la sorte, sans qu'il y ait de réaction? Cette fois-ci, c'est le président de la République en personne qui a été associé au scandale planétaire Panama Papers, dans lequel est impliqué le ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb. Il n'est pas le seul.On a associé Poutine, Robert Mugabé, Bachar Al Assad, alors qu'ils ne sont pas directement impliqués. Raisons pour laquelle nous avions dit qu'à ce stade, les révélations sont orientées et sélectives et que pour nous prononcer, nous attendons qu'apparaissent des noms d'Américains, d'Israéliens qui, jusqu'à maintenant, ne figurent nulle part. La visite de Valls a été maintenue alors que dès le début, nous avions constaté un comportement irresponsable, des attitudes...Comme par exemple des ricanements, des clins d''il. Cela ne peut traduire qu'un agacement, peut-être parce qu'ils n'ont pas obtenu ce qu'ils voulaient. Il y avait plus que des maladresses. C'était délibéré. Malgré cela, Valls s'est retrouvé chez le Président. En tant que Premier ministre, du point de vue protocolaire, il aurait dû être reçu par son homologue, Abdelmalek Sellal. Cela aurait largement suffi.- C'est une pratique très courante du Président'c'est vrai. Le n°9 du FMI est reçu par le Président ! C'est une dérive que nous avions dénoncée avant même que le Président tombe malade. Il y a comme un complexe de l'étranger. Tous ceux qui viennent de l'extérieur sont reçus. Cela détruit l'échelle des valeurs et rabaisse le président de la République. Aujourd'hui, nous avons l'expression la plus flagrante de cette dérive. Valls se permet de publier une photo de son entrevue avec le Président sur son compte Twitter. Il y a des règles protocolaires à respecter.Lors d'une visite d'une délégation étrangère, seuls les journalistes accrédités, généralement des correspondants d'agences et de médias publics, ont accès pendant un temps limité à la rencontre. Là, il y a eu une opération préméditée de la part de Manuel Valls sous forme de représailles parce qu'il n'a pas obtenu ce qu'il voulait. La suite, tout le monde la connaît.C'est une réaction d'une extrême violence. Les journalistes du Petit Journal ont été chassés par le roi du Maroc, mais il n'y a pas eu une cette levée de boucliers. C'est passé inaperçu. Alors, pourquoi ce comportement avec l'Etat algérien ' Cela me conduit à penser qu'il s'agit d'une réaction à la limite de la menace parce qu'en vérité, l'Etat français se comporte depuis un certain temps comme si l'Algérie était en train de redevenir une de ses colonies ou un de ses départements d'outre-mer. Durant toute cette visite, nous n'avons pas cessé d'entendre le mot «confiance».Or, ce qui s'est passé est tout à fait le contraire. Valls a assené un coup de couteau dans le dos de l'Algérie. C'est de la traîtrise et du mépris. Quel que soit l'état de santé du Président, cela concerne l'Algérie, un pays indépendant. C'est une atteinte à la dignité de tous les Algériens, pas seulement du Président. Ni l'Etat français, ni ses médias, ni un autre Etat n'ont le droit de s'immiscer dans nos affaires. C'est à nous de résoudre nos problèmes. Là, c'est une pression supplémentaire, je dirais même que c'est la pression de trop.- Ne pensez-vous pas que cette ingérence a commencé lorsque les plus hautes autorités se réunissaient au Val-de-Grâce, en France, pour discuter des affaires du pays 'Des cafouillages, il y en a eu, je suis d'accord avec vous. Mais il faut peut-être rappeler les circonstances de cette période. Il y avait des urgences, le Président était absent. Il ne fallait pas non plus qu'il y ait une vacance du pouvoir. Je ne suis pas dans les secrets des dieux, mais je trouve plutôt normal qu'on cherche à maintenir le fonctionnement des institutions.C'était la période du Printemps arabe. C'est en 2013 aussi que le Pentagone avait publié une série de décisions, notamment le renforcement des bases des Marines au sud de l'Espagne et de l'Italie, dans la perspective d'une intervention militaire américaine. Les rapports disaient qu'à l'occasion de l'élection présidentielle de 2014, l'Algérie sombrerait dans le chaos. Leurs projections étaient catégoriques. Nous avions même protesté contre ces rapports qui émanaient non seulement du Pentagone, mais aussi du département d'Etat. C'étaient des déclarations de fauteurs de guerre.La réponse de la représentante de l'ambassade US à Alger a été : «Nous sommes les chefs du monde. Nous sommes libres d'intervenir là où nous voulons et quand nous voulons.» Nous lui avons demandé des explications à propos de la résolution de McCain, qui ciblait directement l'Algérie, et elle a dit : «Chez nous, c'est la démocratie. Chacun fait ce qu'il veut et décide ce qu'il veut.» Nous avions rendu publique cette discussion et en représailles, l'ambassadeur que nous avions sollicité pour une entrevue avait refusé de nous recevoir.C'est pour vous remettre dans le contexte de 2013. C'était une période assez critique. Il était tout à fait normal que des responsables se déplacent à Paris pour voir le chef de l'Etat dès qu'il s'est remis. Ce n'est pas la première fois que l'Etat français commet des bourdes en s'immisçant dans les affaires du pays. Ces bourdes se sont aggravées depuis que François Hollande a pris le pouvoir à travers sa politique guerrière et son interférence.D'ailleurs, parmi les pressions exercées sur l'Algérie se trouve aussi la question des réfugiés dont il porte la responsabilité, lui et la communauté internationale. Mettant à profit les fragilités de notre pays, ils veulent que nous ouvrions des camps de concentration ! Cela veut dire quoi ' Quels que soient les problèmes internes auxquels nous sommes confrontés, même si je suis en désaccord total avec la politique du gouvernement, la défense de la souveraineté du pays restera toujours ma boussole. Qui dit souveraineté dit défense des institutions de l'Etat algérien.Donc le comportement grossier de la délégation française est le produit d'abord de l'attitude de l'Etat français en déliquescence et en décadence, parce que la crise de la France est de loin plus grave que la nôtre. Chez nous, c'est le gouvernement qui ne veut pas aller chercher les solutions alors que celles-ci existent ; il s'entête à aller vers l'emprunt obligataire qui ne lui ramènera que quelques centaines de milliards de dinars alors qu'il lui suffirait derecouvrer les impôts non versés pour ramasser 9800 milliards de dinars.L'Etat veut ramener des fonds sales. Les bons sont anonymes et peuvent être achetés par des malfrats, des mafieux et même des terroristes. L'Etat risque de se retrouver dans la situation de l'Argentine, dont les fonds ont été rachetés par des vautours. Ce pays a eu son Chakib Khelil, qui a ordonné la privatisation de tous les secteurs sur instruction du FMI, provoquant ainsi l'effondrement du pays, qui était la 8e puissance mondiale en 1936. Notre préoccupation est énorme. Il y a une inconscience effrayante. Toutes les décisions prises dans le cadre de la loi de finances 2016 sont antisociales et antinationales.Certaines dispositions mettent en péril la sécurité du pays dans une conjoncture extrêmement dangereuse, marquée par la découverte de nombreuses armes dans le sud du pays, une région très ciblée. Mais de l'autre côté, la dette publique de la France a atteint 95,7 % de son PIB et ne profite qu'au patronat, qui contrôle le marché financier. Il y a un recul terrible des investissements industriels. La France est en faillite et a besoin de l'Algérie. Lorsque les salariés, les étudiants, les lycéens, les paysans se dressent tous contre la politique du gouvernement Hollande, pourquoi l'Algérie devrait-elle le sauver 'Ce qu'a fait Valls est une provocation très lourde. Cela m'a fait penser à ce qui s'est passé à la veille de la colonisation ; l'Etat français était endetté, il s'est adressé à l'Algérie envers laquelle il avait contracté des dettes qu'il refusait de rembourser. Après, il y a eu le coup de l'éventail. La France cherche quelque chose qu'elle n'a pas obtenu. Je peux citer, au passage, le fait que l'armée algérienne ne soit pas sortie des frontières en dépit des pressions. Valls déclare partager avec l'Algérie les mêmes visions sur les problèmes en Syrie et en Libye.Or, la vision de l'Algérie est souverainiste. Elle plaide pour le dialogue en tant que solution aux crises, alors que lui est plutôt un va-t'en-guerre. La seule industrie qui fonctionne chez les Français, c'est celle de l'armement. Ils veulent nous faire porter le fardeau de leur crise. La nôtre peut être résolue avec nos réserves de change, mais aussi avec les 5 milliards de dollars confiés au FMI, pour ne citer que ces solutions.- Au-delà des représailles de Valls parce qu'il n'a pas eu ce qu'il voulait, cette image qu'il a publiée ne véhicule-t-elle pas un message, celui d'un Président dont les capacités sont amoindries 'Je n'irais pas jusqu'à dire cela. La dernière fois que j'ai rencontré le Président, lors de son investiture, j'ai vu un homme très au courant. J'ai même remarqué qu'il a bien suivi ma campagne électorale. Il me posait des questions sur des dossiers que j'avais mis en avant, comme par exemple la IIe République. Il voulait connaître son contenu, savoir ce qu'il fallait faire avec le système LMD, etc.C'est moi-même qui ai mis un terme à la discussion après plus de 40 minutes de débat durant lequel il était très alerte. C'est vrai que je l'ai obligé à faire des efforts et à parler. Je lui ai toujours dit la vérité, refusant d'embellir les choses, agissant en toute liberté. Depuis, je ne l'ai plus revu. Mais je pose des questions sur son état de santé à certains ministres qui assistent aux Conseils des ministres, à sa s'ur, à son frère, et les réponses sont toujours «il va bien»?- Mais l'image le montrait très affaibli. N'est-ce pas votre avis 'C'est une image qui fait mal. Elle a suscité en moi de la colère et de l'indignation. Elle a d'abord porté atteinte à l'homme. C'est de la hogra. On s'attaque à un homme fragilisé. C'est ce dont les Algériens ont horreur. J'ai une morale, je n'investis pas dans le malheur d'autrui ! C'est vrai que cette image est très douloureuse, mais elle ne me permet pas de porter des jugements.En interne, j'ai dit qu'il était possible de reporter la visite de Valls. Pourquoi l'avoir maintenue ' Fallait-il que le Président le rencontre, alors qu'il n'estt que le Premier ministre de François Hollande ' Valls n'en est pas à sa première provocation. Cela me pousse à penser que derrière cela, la France a peut-être déjà un président qu'elle veut propulser ou mettre sur le fauteuil de la Présidence?- Pensez-vous qu'ils veulent accélérer le processus de l'échéance présidentielle 'C'est possible, parce qu'aucun Etat n'agirait de la sorte. Les Français ont joué leur carte. Je pense qu'il y a eu plusieurs failles en interne. Une rencontre officielle n'est pas ouverte à tous les médias. Valls en a profité pour se venger.- Ne voyez-vous pas de relation avec cette course à la succession entre certains dirigeants de parti et des hauts responsables de l'Etat 'Possible. Lorsqu'on voit cette guerre ouverte entre certains responsables et les tensions apparentes entre eux, cela nous renvoie à la question de la présidentielle de 2019. Ils pensent régler le problème par l'altercation et l'invective réciproque, en oubliant la donne essentielle qui est le peuple algérien et l'état du monde qui nous entoure. Le peuple a assez payé, il mérite qu'on lui renvoie l'ascenseur, lui qui a réussi à déjouer toutes les tentatives de déstabilisation.Il mérite qu'on lui rende hommage en lui permettant de s'exprimer librement, à travers une démocratisation réelle. Malheureusement, cela n'est pas le cas. Même les quelques acquis de la réforme politique n'ont, jusque-là, pas été concrétisés sur le terrain. Cela prouve qu'ils ont été obtenus sous la contrainte. Ce n'était pas une réforme, mais de simples amendements. Souvenez-vous du tollé qu'ont provoqué les articles 51 et 73 de la Constitution.- L'article 51 a été décrié surtout par le secrétaire général du FLN'c'est vrai. Mais ce parti, même s'il est arrivé par la fraude, est quand même majoritaire au Parlement et son chef a la prétention de parler au nom de l'Etat. Mais jusqu'à maintenant, la lumière n'a pas été faite sur les véritables enjeux. Personnellement, j'ai suivi la réforme, j'ai eu l'occasion d'avoir tous les textes y afférents. Cet article 51 ne figurait pas lorsque nous avions discuté le texte avec Ahmed Ouyahia. La mouture comportait d'autres articles, totalement aberrants, qui ont été supprimés.Les rajouts concernant les conditions de la candidature à l'élection présidentielle n'existaient pas. Donc il s'est produit quelque chose. A mon avis, ce n'est pas une question algérienne. Même si les concernés ou les acteurs sont ici, en Algérie, j'ai l'impression que les plus hautes autorités ont découvert qu'il se tramait quelque chose, comme par exemple nous importer un Chalabi, ou un El Sarraj, quelqu'un qui fait consensus en Occident mais qui serait étranger à son pays. C'est ma lecture.Nous avions demandé à de nombreux hauts responsables, à l'occasion de la préparation de ce projet de Constitution, s'ils avaient pressenti l'existence d'un candidat pro-français, par exemple, et leur réponse était effarante. Ils nous ont répondu : «C'était plus grave que cela.» Cela veut-dire qu'il faut penser à un Premier ministre, à un chef d'état-major ou à un gouverneur de la Banque d'Algérie. En clair, tout l'Etat algérien se transformerait en un instrument entre les mains d'une puissance étrangère.Lorsqu'on entend un leader de parti déclarer que le chef de cabinet de la présidence de la République veut être candidat en 2019, à la limite c'est une banalité, c'est un Algérien qui a le droit de se présenter. Pourquoi y a-t-il autant d'invectives autour de cette question ' La situation est tellement difficile, complexe et compliquée qu'il est très facile de glisser. Le Parti des travailleurs ne se laissera jamais glisser. Nous cherchons des solutions. Oui, nous avons vu une image qui nous a fait très mal. Mais nous n'oublierons jamais que le Président a 'uvré au rétablissement de la paix.L'orientation du Président n'est pas la mienne. Je suis pour la propriété collective des grands moyens de production, ce qui n'exclut pas la présence d'un secteur privé producteur. Mais, le Président a fait la Révolution et il n'a pas rompu avec un certain nombre de ses fondamentaux. Il avait une politique économique que j'ai combattue avec acharnement durant son premier mandat. Après, il y a eu la dénationalisation des hydrocarbures, ce coup de poignard dans le dos de la Révolution.C'est pour cela que nous avons toujours dit que Chakib Khelil est un traître à la nation. A qui voulez-vous que l'on s'adresse ' Au président américain, français, à l'Onu ' Non. Nous nous sommes adressés au président des Algériens. Quelque temps après, la loi sur les hydrocarbures a été gelée. Je vous raconte une anecdote. Le 24 février 2006, le Président déclare aux cadres de la nation que les générations montantes ont des droits sur nous, et que nous devions protéger leur part des richesses.Personne n'a applaudi alors qu'il l'a répété deux fois. J'ai sursauté en me disant qu'il annonçait la renationalisation. Puis il leur a demandé quelle était leur position par rapport aux questions liées au sort de la nation avant de lever la séance. Le lendemain, j'ai annoncé publiquement mon soutien à la nationalisation des hydrocarbures, en promettant au Président de mobiliser les Algériens en cas de réaction extérieure?- Voulez-vous dire que le Président a signé la loi sur les hydrocarbures sous la pression externe 'Il l'a dit lui-même au siège de l'Ugta. J'ai senti le caractère dramatique de cette question. Il ne pouvait pas revenir sur la nationalisation des hydrocarbures, s'il n'avait pas subi de pressions extérieures. Il a dû vivre cela comme un déchirement. Rappelez-vous ce qu'il avait dit : «Nous sommes l'Irak pour les autres ; maudit soit celui qui nous a mis dans ce pétrin.» Mais qui a mis l'Algérie dans le pétrin ' C'était Chakib Khelil.- Qui revient par la grande porte'certains ont voulu le faire revenir par la grande porte, est-ce que le Président est au courant ou pas, je n'ai pas de réponse. Durant mes rencontres avec le Président, au moins trois fois, j'ai traité Chakib Khelil de traître à la nation, et ce, alors qu'il était ministre. Mais jamais, le Président n'a pris sa défense en ma présence.- Etes-vous d'accord avec ceux qui disent que son retour obéit à des considérations externes au pays, et qu'il est revenu encore une fois avec une feuille de route 'Cette lecture est possible. Les Français se positionnent, peut-être que les Américains aussi. Bien que personnellement j'ai un autre avis. Chakib Khelil est en fuite. Le tribunal de Milan est en train d'étudier les preuves de son implication, ses trois collaborateurs ou complices sont en fuite. Leurs noms apparaissent dans les Panama Papers. Au Maryland, où il vit, il y a un paradis fiscal. Donc, pour moi, l'Algérie n'est pour lui qu'un refuge. Est-ce que le Président est au courant ' Je ne sais pas. Comme il n'y avait plus de mandat d'arrêt contre lui, il pouvait revenir au pays dans la discrétion et surtout se faire tout petit, pour que personne ne parle de lui. Mais il est rentré avec arrogance. En vérité, c'est un certain milieu qui lui a donné ses ailes. Mais le début de Panama Papers appelle tout le monde à rabattre son caquet.Ce n'est pas fini. Mardi dernier, le ministre de la Justice a été interpellé par un de nos députés sur sa réponse écrite et publiée. Il disait, il y a quelques mois, que l'affaire Khelil était entre les mains de la justice. Elle n'a pas été annulée. Il y avait un vice de procédure, soit, mais le fond y ait toujours. Je ne veux pas me substituer à la justice, mais celle-ci doit trancher sur la base de preuves. Nous savons tous que le tribunal fédéral de Genève a remis des preuves à l'Algérie.Ce qui me choque c'est d'entendre un chef de cabinet de la Présidence dire que la décision concernant Chakib Khelil est venue d'en haut. En haut, c'est qui ' Il était chef de gouvernement et plus haut que lui, il y avait le président de la République. C'est lui qui a ordonné l'ouverture de cette enquête. Il a même fait des déclarations, à ce sujet, en disant que personne n'aura l'impunité. Raison pour laquelle, je me pose la question sur le fait qu'il soit au courant ou non de son retour et des dérives qui l'ont accompagné.Notre Révolution nous permet de puiser nos forces pour affronter les problèmes. Regardez comment la Côte d'Ivoire a sombré, comment le Zaïre a disparu. Les multinationales françaises, belges, allemandes, britanniques et autres, dans leur course effrénée pour les marchés, fomentent des guerres ethniques, ramènent les marchands d'armes pour renflouer l'industrie de l'armement et arment les protagonistes et les dressent les uns contre les autres. Pourquoi notre Sud est-il ciblé ' Pourquoi y a-t-il ces tentatives répétées d'inonder en armement cette région ' Parce que c'est là où se trouve notre richesse, mais aussi notre faiblesse. L'Algérie est devenue une citadelle assiégée.Ce qui m'amène à évoquer la Côte d'Ivoire, où il y a un gouvernement composé de ministres pro-français, pro-américains, etc., juste pour faire l'équilibre des intérêts. Il faut tirer les leçons pour épargner au pays des dérives sanglantes. J'ai l'impression que nos gouvernants vivent ailleurs. Ils ne savent pas décrypter les messages. Ils ne savent pas qu'il y a une colère sourde. Ce calme apparent est, pour eux, une résignation. Or, cela peut précéder une tempête. Les tentatives étrangères suffisent. Nous sommes censés désamorcer tous les problèmes pour immuniser notre pays.- Je reviens toujours à cette image du Président. Est-ce qu'elle ne vous conforte pas dans votre position en tant que membre du G19 devenu G15 'Le G19 avait exprimé une demande d'entrevue avec le Président pour comprendre certaines décisions. Il y a eu des modifications économiques et sociales radicales en contradiction avec les orientations du Président, notamment depuis 2008. Les lois de finances 2015 et 2016 constituent un point de rupture.- De telles images n'annoncent-elles pas la fin d'une étape 'Peut-être. Je ne sais pas. En tout cas, le statu quo est intenable. Il est impossible qu'il puisse durer. Soit, entre Algériens, on ouvre un vrai débat sur l'ensemble des questions pour apporter des réponses algériennes et préserver notre pays, ou alors autre chose de plus mauvais pourrait nous arriver. Tout le monde reconnait qu'il y a des fragilités dans notre pays et les grandes puissances savent comment les utiliser, organiser des provocations sociales internes qui peuvent aboutir à un déchaînement.C'est pour toutes ces raisons que nous voulions voir le Président et discuter avec lui. Ce qui renforce nos inquiétudes ce sont les interférences étrangères. Ce comportement de l'Etat français, insultant et méprisant, est annonciateur de choses inquiétantes. En arriver là, c'est arriver à la rupture. Nous n'avons pas entendu un seul responsable français expliquer ce qui s'est passé?- Nous n'avons pas aussi entendu les responsables algériens sur ce «comportement agressif» comme vous le décrivez...Ils sont certainement dans la gêne. Ils doivent réaliser qu'ils auraient dû ajourner la visite. Il y a des failles à l'intérieur. C'est clair. J'ai entendu des responsables reçus par le Président dire qu'il était en superforme et percutant dans ses analyses. Certains ont même relevé qu'il n'avait pas perdu son humour. Mais ce jour-là, il n'était pas en forme. Est-ce que c'est un état permanent ' Je ne suis pas médecin. Je ne l'ai pas vu et je n'ai pas le droit de dire quoi que ce soit. Je fais juste le constat. Mais il y a eu d'autres moments où il était en forme. Tant que c'était notre problème interne, cela nous regardait, mais à partir du moment où une puissance étrangère l'a accaparé, cela devient inquiétant.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)