Algérie

«Il y a un flagrant défaut de communication»



L'Expression: Les cas de contamination au coronavirus sont en hausse. Que se passe-t-il professeur'Professeur Mohamed Bekkat Berkani: En effet, nous avons une mercuriale des contaminations qui frise les 550 cas jours. Faut-il, encore, remarquer que cela ne renseigne pas véritablement sur la situation épidémiologique. Les chiffres sont probablement, deux ou trois fois plus importants que ce que communique le ministère de la Santé. Il y a des personnes atteintes de Covid, qui sont asymptomatiques, d'autres qui se soignent toutes seules, ou préfèrent fréquenter les cliniques privées ou les pharmacies,... etc. Encore une fois, je rappelle que nous avions réclamé une interconnexion avec toutes ces structures, afin de contenir l'épidémie. Mais ça n'a pas été pris en ligne de compte. Il y a également ce relâchement de la part des citoyens, qui ont abandonné les gestes barrières et les mesures de protection. Ce qui est une erreur fondamentale. Les responsables du secteur de la santé doivent communiquer avec les Algériens à ce sujet. Ils doivent convaincre les populations de l'ampleur du danger et de la menace qui pèse sur eux. Or, ce que nous avons constaté, c'est qu'il y a une absence criarde en matière de communication en direction des citoyens. Le ministère de la Santé n'a pas de stratégie en matière de vaccination. Il faut le dire. Nous sommes au mois de juillet et les chiffres officiels de la tutelle ne sont pas encore disponibles. Nous avons besoin, en tant que spécialistes, de connaître combien de vaccins ont été administrés jusque-là. C'est indispensable. Il y a un défaut de communication flagrant et un manque de clarté là-dessus. Du coup,les gens ont pris les devants.
Mais il y a cette réticence et ce scepticisme au vaccin, qui semble ralentir le processus'
L'Algérien est flexible. Il faut juste l'informer et lui expliquer les pour et les contre, pour vaincre cette réticence. Il a juste besoin de savoir que ce vaccin n'est pas mortel. Il a besoin d'apprendre que le vaccin a, certes, quelques effets secondaires, mais qu'il ne tue pas, contrairement au coronavirus. Il a besoin de savoir que d'autres pays l'utilisent sans aucune complication majeure. Il a besoin d'être rassuré tout simplement. C'est l'effort à fournir par le ministère de la Santé. Les Algériens ne rentrent pas dans ces détails de complotisme et autres théories fallacieuses, il faut juste bien leur expliquer. Au tout début de la pandémie, nous avions réussi à asseoir une réelle stratégie de travail et de protection qui nous a préservés de la pandémie. Il n'y a qu'à voir ce qui s'est passé chez nos voisins. Ça nous a permis de faire en sorte qu'il y ait le moins de pertes possibles. Par ailleurs, pour des raisons évidentes, notamment, pour ce qui est de l'emploi des gens, de l'économie et autres, nous étions dans l'obligation de lever les confinements. Seulement, nous n'avons pas réalisé d'études sur la deuxième vague et ses différents aspects, notamment pour ce qui est de la mercuriale journalière des cas. C'est très important pour la suite des événements. Le ministère de la Santé n'a pas été en mesure de réaliser un véritable plan de travail à ce sujet.
Vous pensez que la vaccination va régler définitivement ce problème'
La seule solution réside dans la vaccination générale, afin d'arriver à une immunité collective. Une vaccination qui doit cibler les plus faibles et les protéger, comme les malades chroniques, les personnes âgées, etc... Le but étant d'arriver à une résistance collective. C'est comme la grippe saisonnière, on procède à la vaccination de ces catégories de gens, afin de réaliser une résistance généralisée contre le virus. Selon le ministère de la Santé, nous avons administré, jusque-là, 2,5 millions de doses. On est loin du compte, étant donné que nous sommes plus de 40 millions d'Algériens. Le ministère de la Santé doit s'adresser aux Algériens. Regardez nos voisins, au Maroc, ce sont 10 millions de citoyens vaccinés. Nous avons trop attendu dans l'acquisition des doses vaccinales. Nous avons adopté une attitude de prudence. Ce qui nous a induits en erreur.
Comment est-ce possible'
Nous avons traité nos commandes dans le cadre du mécanisme Covax. Or, ce système est destiné aux pays pauvres. Une erreur d'appréciation qui nous a fait perdre beaucoup de temps et de moyens aussi. L'Algérie n'est pas un pays pauvre. Le président l'a dit lui-même, en mettant sur la table la somme nécessaire. Les autres n'ont pas suivi. On se rappelle clairement, des déclarations du ministre de la Santé à ce sujet. L'Algérie a les moyens de se procurer les meilleurs vaccins, loin de ces systèmes. À ce sujet, chacun doit assumer ses responsabilités. Aujourd'hui, nous sommes là, à attendre que les vaccins arrivent, alors que la pandémie avance. Gouverner c'est prévoir avant tout. Il ne peut y avoir de meilleure protection autre que la vaccination.


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