Algérie

Il y a trente ans disparaissait le «Flamand» de Bruxelles



Brel et le «Plat Pays», une relation d’amour-haine A l’occasion du 30e anniversaire du décès du chanteur, la relation de la Belgique à Jacques Brel reste toujours passionnelle. Jacques Brel, le «Flamand» de Bruxelles devenu héraut de la chanson française en montant à Paris à l’âge de 24 ans, a entretenu jusqu’à sa mort, en octobre 1978, une relation d’amour-haine avec son «Plat Pays» natal. «J’aime les Belges. D’abord, je suis belge», lance Brel, interrogé à de nombreuses reprises sur sa «belgitude» tout au long de sa prodigieuse carrière. Comme si son accent rugueux -qu’il s’efforce d’effacer -et les thèmes de ses chansons- laissaient planer le moindre doute sur ses origines. Entre l’artiste et sa terre d’origine, la relation est complexe, faite de nombreuses incompréhensions et dont les soubresauts reflètent les divisions entre Flamands et Francophones qui ébranlent, déjà, l’unité du royaume. D’un côté, la Belgique, «ça n’existe pas». Mais c’est aussi un «pays fantastique», jure-t-il, lui qui appréciait tant les peintres surréalistes comme Delvaux et Magritte. Si Brel naît à Bruxelles le 8 avril 1929 dans la commune bruxelloise de Schaerbeek et qu’il parle essentiellement le français, il se définit néanmoins comme «Flamand». Son père était originaire de Menin, une ville flamande proche de la frontière française, et Brel revendiquera cette appartenance à la Flandre, même si peu de Flamands le considèrent comme des leurs. Cette conviction d’être flamand devient une évidence lorsqu’il monte à Paris à l’âge de 24 ans et qu’il se rend compte qu’il «n’est pas français». Dans l’œuvre de Brel, la Wallonie, la région francophone de Belgique, est pratiquement absente. Et la chanson «Il neige sur Liège», qui tente de combler cette lacune, est l’une de celles dont il était le moins satisfait. La Flandre et les Flamands, en revanche, constituent la trame de son répertoire, avec tout de même des incursions aux Pays-Bas (Amsterdam) ou à Bruxelles. Mais dès Les Flamandes, en 1952, où l’auteur-compositeur-interprète reproche à ses compatriotes de «trop s’occuper du pognon et des enfants et pas assez de leur mari», l’incompréhension et les reproches réciproques s’installent. Jacques Brel, qui n’est plus le bienvenu en Flandre, expliquait avoir eu la «faiblesse de penser que les gens avaient de l’humour». Vingt ans plus tard, le chanteur, bien que «plus vraiment belge», continue à s’impliquer dans le débat belge depuis sa retraite aux îles Marquises. R.C.


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