Algérie

Il y a seize ans, Mohamed Boudiaf rentrait au pays



Il y a seize ans, le 16 janvier 1992, que feu Mohamed Boudiaf revenait en Algérie, en sauveur du pays. Six mois plus tard, un certain 29 juin, il est lâchement assassiné lors d'un discours à Annaba. Après la démission du président Chadli Bendjedid, il a été rappelé pour devenir le président du Haut-Comité d'Etat alors que l'Algérie se débattait dans une véritable impasse politique et que la violence commençait à faire les premières victimes. Tayeb El-Watani prendra les destinées d'un pays souffrant d'une crise profonde de légitimité au sommet de l'Etat, et miné par une montée fulgurante de l'intégrisme religieux. Durant six mois, il sera à la tête du Haut-Comité d'Etat (HCE). Les Algériens garderont de lui l'image de cet homme longiligne, modeste et honnête, celui qui a répondu par deux fois à l'appel du pays. Mais, surtout, celle d'un homme propre qui a préféré l'anonymat de sa vie à Kenitra (Maroc) où il s'occupait de sa briqueterie, au confort et au prestige que procure un pouvoir que lui-même a qualifié de «mafia». Le peuple algérien, qui retiendra de Si Tayeb El-Watani son dévouement pour la nation et son sens de l'intégrité et de la justice, a su apprécier à sa juste valeur l'un des pères de la Révolution algérienne. Celui qui deviendra en six mois d'exercice à la tête du Haut-Comité d'Etat (HCE) un symbole pour une jeunesse désoeuvrée, prise en étau entre les convoitises islamistes et une situation sociale des plus asphyxiantes. La guerre implacable qu'il voulait mener à la mafia politico-financière, qui, profitant de la confusion généralisée, a mis à sec le Trésor public, a été avortée par des balles assassines un certain 29 juin 1992. Un assassinat qui augurera une série de carnages, perpétrés par les terroristes, qui plongeront la nation dans le chaos, avec des victimes et des disparus qui se compteront en centaines de milliers. «Ce symbole fondateur de la Révolution de 1er Novembre 1954 avait accouru à l'appel d'une Algérie au bord de l'abîme. Mohamed Boudiaf, à la tête de l'Etat algérien en janvier 1992, constituait le plus bel espoir de rendre l'Algérie aussi digne que forte», explique la fondation qui porte son nom dans un hommage dans lequel elle rappelle le parcours politique de l'homme. Après l'exil, l'auteur de l'ouvrage «Où va l'Algérie ?» paraissait alors comme le seul à même de prendre les rênes du pays: «Car Mohamed Boudiaf n'était pas seulement un homme rigoureux et tranchant, c'était un militant qui avait près d'un demi-siècle de carrière politique», poursuit la fondation qui rappelle le parcours de Tayeb El-Watani. Né en 1919 dans la wilaya de M'sila, il adhère dans le courant des années 40 au sein du Parti du peuple algérien, et devient membre de l'Organisation spéciale dont il sera chargé de mettre sur pied une cellule à Constantine. «C'est au cours de cette période que se forme autour de lui le noyau de militants qui furent à l'origine du déclenchement de la Révolution de Novembre». En 1950, il est jugé et condamné par contumace. Il rejoint la France en 1953 et devient membre du MTLD et rentre en Algérie en 1954, où il fondera le Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action puis fera partie des 22 historiques «qui ont façonné la guerre d'Algérie». Le 22 octobre 1956, il est capturé avec ses compagnons suite à l'arraisonnement par l'aviation française de l'avion qui les menait du Maroc vers la Tunisie. Le 20 septembre 1962, il fonde le Parti de la Révolution socialiste (PRS). En juin 1963, il est arrêté et exilé dans le Sud algérien où il reste détenu pendant trois mois puis il rejoint le Maroc. A partir de 1972, il se déplace entre la France et le Maroc en activant pour son parti, le PRS, et en animant la revue El Djarida. En 1979, après la mort de Houari Boumediène, il dissout le PRS et va se consacrer à ses activités professionnelles en dirigeant à Kenitra au Maroc une briqueterie. Il meurt assassiné le 29 juin 1992 à Annaba. Pour commémorer le retour du défunt Mohamed Boudiaf, dit Tayeb El-Watani, le 16 janvier 1992 dans sa patrie, une cérémonie de recueillement sera organisée mercredi 16 janvier 2008 au niveau du Carré des martyrs du cimetière d'El-Alia.


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