Algérie - Revue de Presse

Il y a encore du bon dans le label national


On ne ressent assurément pas ce sentiment caché dans les tréfonds de chacun d'entre nous, mais qui existe bel et bien dans quelques recoins de notre subconscient. Ce sentiment de fierté refoulé que nous ne savons pas extérioriser encore moins le déclarer haut et fort, souvent par crainte d'être la risée de l'entourage. Aimer son pays devient suspect aux yeux de certaines têtes dites pensantes ; l'exprimer c'est vite interprété comme une allégeance au pouvoir en place. Sans s'aventurer sur le terrain politique qui est à plusieurs dimensions, chacun l'appréciant de son angle d'attaque, il est permis de dire qu'on peut aimer son pays comme on aime son douar ou sa ville. On appelle cela du régionalisme en terme générique. Et si chacun de nous développait ce sentiment, somme toute humain, en le rendant suprarégional, ce qui aboutirait nécessairement à la loge supérieure. Quelle joie indicible en feuilletant un journal et de découvrir que le Professeur Lyès Zerhouni est une autorité médicale écoutée dans les grandes sphères gouvernementales des USA ou cette autre éminence qu'est Kamel Sanhadji dont la recherche sur le sida fait école. Qui aurait cru un seul instant que El-Hadj M'hamed El-Anka ou Dahmane El-Harrachi ou même Mehboub, ce chantre du Souf, seraient un jour chanté sur des scènes maghrébines, arabes et même internationales. Là, il n'est nul besoin de parler de ceux qui ont été les vecteurs de cette intrusion dans le répertoire international. Il est clairement établi que Khaled Ben Brahim, Idir et autres Boutella qui ont acquis de haute lutte leur notoriété, en sont pour quelque chose. Arriver à faire chanter, des liturgies soufies telle que « Adelkader ya Boualem » ne peut être que l'expression d'une acharnée détermination à relever les défis les plus insensés au départ. Quant au 7è art, la Palme d'or de Cannes obtenue en 1975 par M.L Hamina n'a jamais été un fait isolé, mais bien une belle aventure qui n'est pas prête de s'achever, « Indigènes » de Bouchareb en fait le rappel à ceux qui pourraient penser que ça été un incident de l'histoire. Cette histoire faite toujours pour surprendre, a, dans une de ses séquences, fait visionner « la Bataille d'Alger » au Pentagone et au Congrès américain. D'autres domaines et non des moindres, tel le sport de haute performance dominé mondialement, à une époque pas très lointaine, par les Morseli et Boulmerka qui nous ont fait vivre de palpitantes épopées. Asloum Brahim, le petit prince du ring, n'a jamais caché ses origines algériennes encore moins steppiques. Que dire encore de Zidane, ce Franco-algérien, plus Algérien que Français, la démonstration en a été faite par son historique coup de tête digne de nos fougueux béliers de la steppe. Gigon, en 1982, nous a fait croire un moment que nous étions plus fort que Bekenbauer, mais ça en valait la chandelle, les Madjer et Belloumi faisaient découvrir à un monde stupéfait cette Algérie sortie de nulle part.

Ceci pour l'immatériel, en ce qui concerne le matériel, il n'est nul besoin de rappeler les avancées de notre industrie pétrochimique dont le mentor historique est la légendaire Sonatrach qui fait, incontestablement, partie du gotha mondial dans son secteur. Ses filiales réclament à cor et à cri jusqu'à ce jour, leur retour au bercail. Quand Khaled chantait la « Camel », on ne se rendait pas compte à l'époque que cette chanson était un véritable hymne admiratif en direction de ce fleuron de l'industrie algérienne. Et dire que cette procréation est à inscrire à l'indicatif de l'économie dite planifiée. Au cours de nos pérégrinations d'ordre professionnelle ou familiale sur les routes de ce beau pays que nous oublions souvent d'admirer, il est remarqué que l'inscription « Sonacome » est bien mise en évidence à l'arrière de certains camions de fabrication locale et dont les propriétaires, en dépit du changement de dénomination de l'entreprise de construction mécanique, tiennent à réaffirmer l'appartenance. Le camion « Sonacome » dont s'est dotée judicieusement l'ANP est double champion du Paris Dakar à ses tous débuts, faut-il le rappeler ? Cet attachement, presque inconscient, est constaté dans le domaine agricole où le label algérien est en pole position, du tracteur « Cirta » à la moissonneuse-batteuse. Il en ainsi du matériel du BTP où le dumper « Aurès » était indétrônable tout autant que la grue ou la bétonnière. L'Entreprise nationale des grands ouvrages d'art (ENGOA) et Cosider, profitant de l'apport extérieur (Apex) des années 80 pour la reconstruction induite par le terrible séisme qui a ravagé la vallée du Chéliff, sont à l'heure actuelle parmi les géants autoroutiers. C'est bien dommage pour ces belles oeuvres dont certaines ont disparu ou en voie de l'être. Le domaine de l'électronique, notamment le téléviseur ENIE, a mis sous les feux de la rampe Télagh, bourgade de la wilaya de Sidi Bel-Abbès, jusque-là méconnue. Un autre pôle électronique, libéral cette fois-ci, est en train de s'affirmer à Bordj Bou-Arréridj et ce ne peut être qu'un autre objet de fierté nationale. Il en est de même pour l'électroménager de Oued Aissi, de Tizi Ouzou, où l'on fabrique la cuisinière, le chauffe-bain et le réfrigérateur haut de gamme. Pour s'en convaincre, un tour au marché du Hamiz suffira à lever le dernier doute. D'aucuns pensaient qu'à l'ouverture du marché aux produits d'outre mer, ces entités industrielles allaient mettre la clé sous le paillasson. Ne plaise à Dieu, elles sont toujours là et nous nous y attachons plus encore, car elle tiennent la dragée haute aux marques étrangères les plus prestigieuses. Dans le domaine du bâtiment et de l'électricité, les produits locaux de Diprochim qui n'a pas fait oublier la vénérable SNIC et Enicab sont toujours recherchés malgré la concurrence déloyale des produits asiatiques de moindre qualité qui envahissent tous les espaces. Que dire encore de BRC qui, non seulement a survécu dans un domaine réputé difficile : Robinetterie et coutellerie où les Européens sont passés maître dans le domaine et depuis fort longtemps ? Notre petit poucet leur fait le pied de nez par son audacieuse impertinence. Il se permet la prouesse d'investir et de conquérir leur propre marché par la qualité de son produit. Donc trêve de jérémiades et de stigmatisations, il y a du bon et du mauvais dans tout jeune pays qui se construit ; il suffit de croire aux capacités créatrices de ces multitudes de jeunes et de moins jeunes. Ce potentiel humain peut, moyennant quelques assurances, influer positivement sur le devenir du pays et à brève échéance. Il suffirait pour cela que l'effet de centrifugation de la machine Algérie prenne de la vitesse, pour que les fétus et les impuretés quittent le champ.






Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)