Publié le 31.10.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
MOHAMED KEBCI
Il y a 70 ans, des Algériens avaient osé forcer le destin en décidant de passer à l’action armée, se dessaisissant ainsi de la démarche politique qui avait prévalu jusque-là et qui n’avait pas abouti à l’objectif principal : le recouvrement de l’indépendance nationale.
Un changement majeur de cap dans la lutte qui n’a pas été sans réserves des uns et hostilités des autres mais c’était compter sans la détermination de cette poignée de militants désabusés par l’inanité et l’inefficacité de l’option politique adoptée depuis l’arrivée des forces françaises dans le pays en juillet 1830, en décidant de s’en prendre militairement à la quatrième puissance militaire mondiale de l’époque. Et la Révolution armée lancée par ces militants convaincus jusqu’à la moelle a fini, comme l’avait prédit feu Larbi Ben M’hidi, par être adoptée par la rue et donc le peuple algérien dans son immense majorité.
Une nouvelle démarche loin de naître du néant, tant elle était l’aboutissement logique d’un long processus révolutionnaire de lutte jalonné de combat politique et de soulèvements ici et là, mais qui avait fini par montrer ses limites et ainsi exacerber les plus déterminés des militants indépendantistes qui étaient alors convaincus que ce qui a été enlevé par la force ne pouvait être recouvré que par la force.
Un anniversaire qui intervient dans un contexte marqué par la persistance du contentieux mémoriel d’avec l’ancienne puissance coloniale qui, visiblement, ne semble pas encore digérer la cinglante défaite que lui ont infligée de simples militants armés de la seule et unique conviction en la noblesse et la légitimité de leur action. Et ce contentieux pèse lourdement sur les relations entre l’Algérie et l’ancien colonisateur marquées par un gel ou presque et dont le dégel attendra encore. Pour preuve, le président de la République avait écarté, lors de son dernier entretien avec des représentants de médias nationaux, l’idée d’une visite en France qu’il a jugée humiliante dans ce contexte de relations de nouveau très tendues entre les deux pays. «Je n’irai pas à Canossa», avait, en effet, lancé Abdelmadjid Tebboune à propos d’une visite prévue pour fin septembre début octobre derniers. Et au chef de l’Etat de déclarer à propos de ce dossier de la mémoire que la commission mixte y afférente «a joué son rôle au début, mais les déclarations politiques faites par une minorité française nourrissant de la haine envers l’Algérie ont affecté son travail». «Nous voulons la vérité historique et nous demandons la reconnaissance des massacres commis par le colonialisme français», a-t-il encore affirmé, ajoutant dans le même contexte : «Nous n’accepterons pas les mensonges qui sont tissés autour de l’Algérie.» «L’Algérie a été choisie pour le vrai grand remplacement, qui est de chasser la population locale pour ramener la population européenne et combattre l’islam pour christianiser l’Algérie et en faire une terre européenne… On ne peut effacer l’histoire», a également déclaré le président de la République, rappelant à ceux qui feignent de l’ignorer ou de le nier que «l’Algérie était un Etat avant l’invasion française en 1830». Des «répliques» sèches à l’endroit du président français qui, dans l’une de ses déclarations, fin septembre 2021, s’était faussement interrogé sur «l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française». Il y a également le contexte régional et international bien singulier marqué du sceau de tensions, notamment à nos frontières et de guerres génocidaires menées par l’entité sioniste épaulée politiquement et logistiquement par les pays occidentaux.
D’où la portée ou plutôt les portées de la célébration, cette année, de cet anniversaire. Une célébration grandiose jamais enregistrée depuis le recouvrement de l’indépendance nationale, il y a 62 ans, avec, notamment, une grande parade militaire en présence de présidents et de représentants de pays amis en sus d’un programme festif prévu aux quatre coins du pays. Une démarche qui se veut une manière idoine pour transmettre le message de Novembre 1954 aux nouvelles générations en mal de repères historiques et en proie à des velléités d’invasions multiformes, notamment culturelles et identitaires via, surtout, la Toile.
Mohammed Kebci
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Posté Le : 02/11/2024
Posté par : rachids