Algérie

Il y a 63 ans, des centaines d’algériens étaient massacrés à Paris La France coloniale dans toute sa laideur



Publié le 17.10.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
KARIM AIMEUR

Cette année encore, l'Algérie célèbre la Journée de l'immigration, sur fond de crise diplomatique avec la France.
Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - L’Algérie célèbre aujourd’hui le 63e anniversaire des manifestations du 17 Octobre 1961 à Paris. Censées être pacifiques, pour protester contre une mesure de couvre-feu visant les Algériens, les manifestations ont été réprimées dans le sang. Mais elles ont constitué un tournant décisif dans la guerre de Libération nationale, donnant une dimension internationale à la cause algérienne.
Cette année encore, l'Algérie célèbre l'anniversaire de ces événements sur fond de crise diplomatique avec la France, dans un contexte marqué par une flambée de l'algérophobie, avec des tirs groupés contre les accords de 1968 que plus personne ne défend d'ailleurs en Algérie.
Suite à la reconnaissance par le président français, Macron, du plan d’autonomie marocain comme seule solution au conflit au Sahara occidental, Alger a retiré son ambassadeur en France et, dans ce sillage, la visite du Président Tebboune à Paris, annoncée pour fin septembre début octobre, a été annulée.
Interrogé sur cette visite lors de sa dernière entrevue avec des médias nationaux, le Président Tebboune a eu cette réponse : «Je n'irai pas à Canossa.»
Il a qualifié les appels de certaines parties françaises à la révision de l'accord de 1968 concernant la circulation et le séjour des Algériens en France de «slogan politique» d'une minorité extrémiste qui voue une haine à l’Algérie.
Selon lui, cet accord «n'affecte en rien la qualité de la migration ni la sécurité de la France», soulignant que toute allégation contraire «est une contrevérité qui participe du chantage visant à instiller la haine de l’Algérie en France».
«L'Algérie est toujours encline à la coexistence pacifique avec tout le monde, mais pas au détriment de sa dignité et de son histoire», a-t-il soutenu.
En réponse à une question sur le travail de la Commission mixte chargée des dossiers mémoriels, regroupant des historiens algériens et français, le président de la République a indiqué qu'elle «a joué son rôle au départ, mais son travail a été impacté par les déclarations politiques d'une minorité française hostile à l'Algérie».
Et de réclamer la vérité historique, exigeant, dans la foulée, la reconnaissance des massacres commis par la colonisation française qui était une colonisation de peuplement. C'est dans ce contexte que l'anniversaire des manifestations du 17 Octobre 1961 survient.
Que s'est-il passé ce jour-là à Paris?
Un des responsables de la Fédération de France du FLN durant la guerre de Libération nationale Ahmed Askri a raconté les détails des événements dans son livre La Révolution dans l’émigration – La tragédie du 17 Octobre 1961 : histoire et mémoire. Les Algériens de l'émigration avaient répondu massivement à l'appel du FLN de France pour protester contre la mesure du couvre-feu qui les visait. Les manifestations ont tourné au drame, avec une répression meurtrière à grande échelle.
D'après les différents bilans effectués après le drame, des dizaines de milliers d'Algériens, plus de 80 000, se sont retrouvés ce jour-là sur les grands boulevards de la capitale française, estime l'auteur qui a participé activement à la préparation des manifestations.
Entre 12 000 et 15 000 arrestations ont été opérées. 300 à 400 manifestants ont été tués par balles et par noyade dans la Seine. 2 400 blessés ont été dénombrés durant le drame ainsi qu’un nombre de disparus se situant autour de 400 personnes.
K. A.

KARIM AIMEUR



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