Il y a 46 ans, Me M'hamed Abed était assassiné par l'OAS

Dans un tract diffusé à grande échelle, notamment en utilisant un hélicoptère qui a survolé Oran, le 16 décembre 1961, la sinistre Organisation armée secrète (OAS) annonçait à l'adresse de tous les Oranais qu'elle venait d'abattre l'avocat Maître M'hamed Abed et qu'elle avait déjà établi une liste de plusieurs responsables du FLN et de leurs «complices» européens à assassiner. Les criminels de l'OAS, faisant l'apologie de leur acte odieux, précisent que leur victime a été condamnée à mort par leur tribunal de l'OAS, le 28 novembre de la même année, et «qu'il était bien connu des services de police et avait facilité l'évasion d'un responsable FLN, condamné à mort pour de nombreux assassinats». Le contenu de ce tract de l'organisation fasciste reflétait clairement le poids de Maître M'hamed Abed, avocat au barreau d'Oran, docteur en droit et membre du conseil de l'ordre des avocats. Avant de lui tendre cette embuscade, comme dernier recours pour mettre fin à l'existence de cet avocat devenu l'homme à abattre, les sanguinaires de l'OAS avaient déjà, auparavant, plastifié son cabinet à quatre reprises ainsi que son domicile. Même après son assassinat, un événement repris par des médias étrangers dont la radio internationale suisse et sur lequel s'est longtemps attardé Saout El Arab, son domicile a été encerclé par les militaires français avant la levée du corps et un couvre-feu a été décrété. En signe de protestation, les commerçants d'Oran ont baissé leurs rideaux et le jour de l'enterrement, un vendredi, et suite au rassemblement de plusieurs citoyens venus accompagner Me Abed à sa dernière demeure, le commissaire de police a reporté les obsèques pour le lendemain à 6 h du matin. Ceci n'a pas pour autant découragé de nombreux citoyens venus pour un dernier adieu.