Algérie

Il y a 45 ans, s’éteignait le président Houari Boumediene Un «phare» pour la nouvelle Algérie



Il y a 45 ans, s’éteignait le président Houari Boumediene Un «phare» pour la nouvelle Algérie
Publié le 27.12.2023 dans le Quotidien l’Expression

Le président Tebboune y a fait référence lors de son discours devant les deux chambres du Parlement.
Un homme, une vision et des résultats
Décembre: mois de la célébration de disparitions douloureuses. Un mois où l'Algérie a rendez-vous avec sa mémoire. Celle symbolisée par ses enfants au parcours révolutionnaire lumineux. Ceux qui lui ont tracé le sillon de la liberté. Ceux qui ont inscrit leur combat dans cette trajectoire au point où se sont entremêlées leur propre histoire et celle de cette terre qui les a vus pousser leur premier souffle. Des repères, des phares. Des vigiles qui ont fait résonner la voix de l'Algérie martyrisée, en quête de liberté à travers les quatre points cardinaux et qui ont veillé à ce que la République reste toujours debout. L'Algérie n'est pas encore remise du souvenir des disparitions de Hocine Ait Ahmed, un de ses fils parmi les plus intrépides, de Ferhat Abbas, premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) qu'elle doit honorer, aujourd'hui, celle de Houari Boumediene, son charismatique chef d'État, décédé le 27 décembre 1978. De son vrai nom, Mohamed Ben Brahim Boukharouba, il naît le 23 août 1932 à Aïn Hassaïnia (ex- Clauzel), commune située à environ 15 km à l'ouest de Guelma. Issu d'une famille de paysans pauvres, il évolue au sein d'une fratrie de six enfants (quatre soeurs et deux frères) que leur père peine à élever. Âgé d'à peine une douzaine d'années, il sera marqué au fer rouge par les évènements du 8 Mai 1945 qui ont ensanglanté les villes de Sétif, Guelma et Kherrata. «Ce jour-là, j'ai vieilli prématurément. L'adolescent que j'étais, est devenu un homme. Ce jour-là, le monde a basculé. Même les ancêtres ont bougé sous terre. Et les enfants ont compris qu'il faudrait se battre les armes à la main pour devenir des hommes libres. Personne ne peut oublier ce jour-là», confiera-t-il bien plus tard. Son destin sera scellé. Sa flamme révolutionnaire naissante sera façonnée au sein des SMA (Scouts musulmans algériens) qui aiguiseront son nationalisme et son patriotisme. Il adhèrera ensuite au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (Mtld). Il ralliera Tunis où il fréquente la célèbre université Zitouna avant d'atterrir au Caire, alors qu'il avait à peine 18 ans. Il rejoindra la prestigieuse université religieuse al-Azhar en auditeur libre et suivra les cours du soir de «l'école Khiddouia». C'est à partir de ce moment-là que s'esquissera son parcours révolutionnaire. Il s'aguerrit au sein du bureau du «Maghreb arabe» aux côtés de prestigieux militants (dont font partie Ait Ahmed, Ahmed Ben Bella et Mohamed Khider) déterminés à libérer le Maroc, la Tunisie et l'Algérie les armes à la main. Après le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er novembre 1954, son ascension sera fulgurante. Il prend la tête de la Wilaya V historique, avant qu'il ne soit désigné chef d'état-major de l'Armée de Libération nationale (ALN) avec le grade de colonel. Une fois l'indépendance acquise, il sera nommé ministre de la Défense dans le gouvernement du premier président de la République algérienne Ahmed Ben Bella qu'il destituera à la faveur du «redressement révolutionnaire» du 19 juin 1965. Dès lors, le destin de l'Algérie et celui de Houari Boumediene ne feront qu'un. Il débarrassera le pays des derniers oripeaux du colonialisme. En 1968, il fera évacuer la base militaire occupée par la France à Mers el-Kébir (Oran). Il décidera de nationaliser les hydrocarbures le 24 Février 1971. En 1973, il organisera le Sommet des Non-Alignés qui réunira les plus grands dirigeants du tiers-monde. Sa stature de leader de ce mouvement sera actée. L'Algérie sera le porte-voix des Mouvements de libération d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Alger en tirera son statut de «Mecque des révolutionnaires». Lors d'un discours tant mémorable qu'historique qu'il prononcera, en 1974, en arabe, à New York devant l'Assemblée générale de l'ONU, réunie en séance extraordinaire. Il sera ovationné par les grands du monde. Il jettera les prémices de la lutte pour un «nouvel ordre économique mondial». Ce sera le véritable début du dialogue Nord-Sud qui portera son empreinte. Celle d'un bâtisseur qui tirera sa révérence le 27 décembre 1978. Un «phare» pour la nouvelle Algérie.
Mohamed TOUATI



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