Idole de toute
une génération, il le restera pour toujours. 16 ans après sa mort, cheb Hasni,
de son vrai nom Hasni Chakroune, surnommé aussi le «rossignol du rai» est
devenu une légende dans l'histoire de la musique rai. Chanteur adulé par ses
fans, cheb Hasni a su laisser son empreinte musicale en créant un style avec sa
voix unique et ses chansons sentimentales qui faisaient valser tout un public
dès les premières notes. «Truffant ses chansons d'expressions françaises et
usant d'un raï attitude transgressive, le raï man avait su conquérir (et
devancer les aspirations et les désirs souvent inavoués) d'un public avide
d'évasion et d'affection». Le temps semble s'arrêter lorsqu'on évoque le
répertoire du rossignol du raï que le temps n'a pas réussi à le faire oublier à
ses admirateurs. Né le 1er février 1968 dans le quartier de Gambetta à Oran,
cheb Hasni a fait découvrir sa voix mélodieuse et sensible dès son jeune âge au
sein de la chorale du CEM kabati. La musique était sa passion, même si ses
parents auraient voulu faire de lui un médecin ou un avocat. Enfant, il s'est
fait une réputation de chanteur à la voix d'or. Et comme les portes de la
célébrité s'ouvrent toujours aux personnes qui ont un don, l'étoile de cheb
Hasni a brillé dans les années 80 lors d'une soirée animée par l'orchestre de
cheb Kada, où il chante «El Mersem» (le refuge). Il se fait alors remarquer par
un producteur. Sa popularité s'élargit dans les fêtes de mariage, devenues
passage obligé pour tous les débutants dans la musique rai à l'époque et même
aujourd'hui. Pris en charge, ensuite par Hafsi Sid Ahmed des éditions Saâda,
cheb Hasni réussit alors à graver sa première K7. Son mentor lui offre comme
partenaire, un vrai cadeau, avait-il coutume, de dire, Zahouania. «Très
sollicité par les organisateurs de concerts (il a arpenté bien des scènes
mondiales), il retournait régulièrement à Oran après un détour par Perpignan où
vit son fils Abdallah. On aurait tort de ranger ses chansons dans les
oubliettes. Anodin en surface, son raï love traduisant dans le fond un réel
malaise, celui des jeunes de son pays».
En 1992, en réponse à de tenaces rumeurs qui
avaient annoncé sa disparition, Hasni enregistre «galou Hasni mat» (ils ont dit
que Hasni était mort), un titre hélas prémonitoire :vous m'avez tué alors que
je suis vivant /vous m'avez même accompagné jusqu'à la tombe/ce n'est que
paroles, rumeurs malveillantes/les gens vont et viennent devant chez
moi/s'exclamant :c'est vrai que Hasni est mort?/quelle foule d'admirateurs … et
mes ennemis ne dissimulant pas leur joie/allant jusqu'à fêter ma mort». Deux
ans plus tard, un 29 septembre 1994, l'auteur de ces propos poignants était
abattu devant le domicile de ses parents. Dès lors, Hasni, très prolifique
(plus d'une centaine de cassettes à son actif), s'impose comme la plus grande
star du raï, adulé par la jeunesse friande de ses ballades dédiées à tous les
malheureux et les malheureuses. Malgré les menaces qu'il a subies de la part
des islamistes, Hasni avait toujours refusé l'exil. Il a préféré mourir à l'âge
de 26 ans en laissant l'image d'un homme martyr.
Posté Le : 30/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : B M
Source : www.lequotidien-oran.com