Algérie

Il y a 117 ans naquit Arezki Kehal, membre fondateur du PPA


Ils rendent admiratif le commun des mortels, ces hommes et femmes qui, un jour, ont consciemment décidé que leur vie appartient à la communauté. Arezki Kehal, fils de Guenzet Nath Yala, fait partie du gotha de ces hommes et femmes. Les connaisseurs de l'histoire glorieuse contemporaine de notre pays en général et de la Kabylie en particulier, ou ceux qui ont participé à façonner la Révolution de Novembre s'étonnaient qu'un pauvre village des Ath Yala, entouré de quelques hameaux ? anciennement Ikhlidjene ? farouchement accrochés au flan des montagnes de pierres bleues dont la rudesse a fait le malheur de l'armée française, ait pu tant donner au combat libérateur de l'Algérie.Elevés dans l'un des bastions de l'islam de nos aïeux qu'est la Petite-Kabylie dans le nord sétifien, Arezki Kehal a été imprégné d'un héritage culturel ancestral lui permettant de différencier, comme toute la population yalaouie entre la spiritualité et le dur combat de la vie. De plus, l'ouverture d'esprit des Yalaouis, qui sont partis au-delà des mers chercher de quoi vivre, leur a permis d'assimiler le discours politique moderne au contact des révolutionnaires français. Leur engagement sans faille pour les causes justes, engagement qui fait partie de leur lignée dans le combat pour la liberté et la dignité, aux côtés d'El-Mokrani, entre autres, a fait d'eux des hommes dignes de confiance, des éléments qui comptent. C'est dans ce contexte sociopolitique que naquit le 24 avril 1904 Arezki Kehal.
Un nom qui fera, désormais, partie des précurseurs de la flamme de Novembre. Il est, en effet, l'une des figures de proue du mouvement national d'où surgira l'appel au ralliement pour se délester, contre sacrifices, du joug colonial. Comme tout Kabyle, Arezki Kehal, Arezki Oulekahal (du nom berbère de la famille Kehal), entame son adolescence et son éducation à Timaâmerth (l'école coranique). Par la suite, il fréquente l'école française jusqu'au certificat d'études. Dans les années 1920, terrassés par la pauvreté et l'absence de toute perspective politique pour les autochtones, un grand nombre de Yalaouis, à l'instar d'hommes d'autres régions de Kabylie, s'en iront agrandir la masse prolétarienne en France. Arezki traverse la mer en 1929.
Les témoignages recueillis auprès des anciens de Guenzet indiquent que Kehal intègre en 1931 l'Etoile nord-africaine (ENA) aux côtés de Amar Imache et Belkacem Radjef. En 1936, le militant Kehal, connu et apprécié, selon ses compagnons, pour sa double culture occidentale et algérienne, se retrouve membre du bureau politique, président du comité central et trésorier général de l'Etoile. Il est l'un des fondateurs et secrétaire de rédaction du journal El Ouma (La Nation). Dans la même année (1936), il revient, selon ces mêmes témoignages, à Guenzet Nath Yala. Il crée une section locale de l'ENA. Ayant eu vent des activités de ce militant infatigable, l'administrateur de Bougaâ, voulait l'arrêter.
Pressé par ses amis, Arezki regagne la France d'où il envoie une lettre à ses compagnons de la section avec un message prémonitoire. «L'oiseau qui était en cage a ouvert la porte pour s'envoler», écrivait-il dans sa missive. Avant de quitter précipitamment Ath Yala, il avait semé dans sa terre natale avide de liberté, la bonne graine. Et pour cause, après 1954, deux de ses recrues seront des officiers de l'ALN de la Wilaya III. L'un d'eux sera désigné par Amirouche en qualité de chef militaire dans la zone de Djemaâ Sahridj, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Le second organisera, aux côtés de Si Hamimi, les premières attaques contre l'armée française aux alentours de Sétif. Le troisième tombera également au champ d'honneur les armes à la main. En 1937, Kehal Arezki fait partie du groupe des Amis d'El-Ouma qui a créé le 11 mars de la même année le PPA (Parti du peuple algérien). Il est trésorier général.
Lors de sa venue en Algérie, Messali lui confia la direction du parti. En plus de ses responsabilités politiques, Kehal s'active avec Mohamed Guenanneche pour éditer le journal Achaâb. Mais l'arrestation du chef charismatique du parti impose le retour en septembre 1937 de ces responsables en Algérie. Tous les deux, ils rencontrent Ibn Badis pour débattre de l'avenir politique de la communauté nationale et tenter d'amorcer un rapprochement avec les oulémas. Les activités du parti ne s'arrêtèrent pas. Précisément, au commissaire de police d'Alger qui tentait d'interdire une réunion du PPA qui se déroulait à La Casbah, Kehal répliquera : «Nous sommes doublement chez nous. Nous sommes au sein de notre parti reconnu et chez nous en Algérie.» Le 25 février 1938, le reste de la direction du PPA, notamment Kehal, Fillali M'barek, Lakhdar Hayaouani et Mohamed Guenanneche, est arrêté et embastillé à Barberousse. «Nous dirons au juge : moi et toi sommes les seuls responsables du parti. Pour les écrits, j'assumerai ceux en français et toi les écrits en arabe. Nous mettrons ainsi fin aux arrestations de nos compagnons», dira-t-il à Guenanneche.
Beaucoup de militants furent libérés grâce à cet exemple de sacrifice. Gravement malade, il écopera tout de même d'un an de prison ferme, où il fait un exposé à ses compagnons Guenanneche et Ahmed Mazghena sur la conduite d'une révolution. Son état de santé s'est aggravé. C'est à la suite de nombreuses protestations qu'il est hospitalisé mais sous la garde permanente de la police coloniale. «L'impérialisme ne lui a pas pardonné. Il a préféré nous rendre Kehal mort plutôt que vivant», témoigne Abou Ali. Dans un compte rendu, le journal El-Ouma de 1939 évaluait la foule à 15 000 personnes, dont un grand nombre de femmes, venues rendre un dernier hommage à ce grand militant qui sera enterré, selon le v?u de sa famille, à Ath Yala.
À sa libération en 1947, le chef du PPA, Messali Hadj, a effectué un pèlerinage jusqu'à Guenzet Nath Yala pour se recueillir sur la tombe de son compagnon de combat politique.
Abachi L.
P. S. : Article élaboré grâce aux indications de Ghafir Mohamed dit Moh Clichy, ancien cadre de la Fédération du FLN en France.
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