Algérie

Il vient à la rescousse de beaucoup de ménages en ce mois de ramadhan Mon jardin, ce marché…


Il vient à la rescousse de beaucoup de ménages en ce mois de ramadhan Mon jardin, ce marché…
Publié le 05.03.2023 dans le Quotidien l’Expression
Par Kamel Boudjadi

Qu'y a-t-il de mieux que de cueillir, de sa propre main, ses fruits de son jardin. Des fruits et légumes naturels et frais qui n'ont coûté que le prix des semences et de l'effort physique consenti en les plantant. Ces biens précieux pour la santé des membres de la famille sont, aujourd'hui, tendance dans les villes et les villages. De plus en plus de personnes, commerçants, cadres, enseignants, universitaires, des deux sexes, cultivent le jardin potager. Un espace qui prend toute son importance pour chaque famille.
Si le désir de manger bio est recherché, il y a déjà plusieurs années, il n'en demeure pas moins que le jardin potager joue un rôle plus important encore ces derniers temps.

Comme au bon vieux temps
La hausse des prix des produits agricoles fait que les gens y recourent de plus en plus. Tout le monde se souvient de sa parcelle de terre, proche du domicile ou éloignée. Dans les villages, les gens ont pratiquement tous retrouvé leur terre. Une tendance qui se généralise de jour en jour dans les villes où de plus en plus de personnes regagnent la maison de campagne pour cultiver un jardin potager. Il est vrai que remplir son panier de fruits et légumes de son jardin est largement meilleur que de le remplir au marché.
Pomme de terre, oignons, carotte, betterave, laitue, ail et plein d'autres produits peuvent s'avérer accablants pour les bourses des ménages. Et, pouvoir les cultiver dans son propre jardin potager s'avère être un moyen efficace d'économiser de l'argent. Nous allons voir dans notre virée en campagne que beaucoup de personnes sont prémunis du recours au boucher du coin. Nous allons rencontrer des personnes qui font de l'élevage à usage familial. Des lapins, des poulets fermiers garnissent les tables chaque soir en ce mois de Ramadhan. Beaucoup de familles ne dépensent aucun dinar chez le boucher car ils possèdent des petits clapiers à la maison et élèvent de la volaille. Nous allons rencontrer également des personnes qui ne se soucient guère des prix volatiles des oeufs car ils possèdent des poules pondeuses à la maison. Ces moyens sont, en apparence anodins mais à bien compter, on remarque qu'ils sont comme un baume pour les bourses. Un simple calcul concernant les achats effectués sur ces produits renseigne amplement sur l'importance de «se simplifier la vie».
«Deux semaines du mois de Ramadhan se sont écoulées et comme vous voyez, je n'ai encore pas acheté grand-chose du marché. Mon grenier à moi, c'est mon jardin potager», affirme Ali, enseignant dans le cycle secondaire. Son cas est intéressant parce qu'il n'est pas unique. Ceux qui cultivent leurs jardins potagers sont de plus en plus nombreux ces dernières années. Plus exactement, cette tendance s'est accentuée pendant le confinement engendré par le Coronavirus. Aujourd'hui, dans les villages, c'est pratiquement tout le monde qui cultive son jardin potager et dans les villes, ils sont de plus en plus nombreux à se souvenir de leurs parcelles de terre oubliées en campagne. Nous avons fait une plongée dans ce monde qui se passe volontairement des marchés, bien évidemment, pour une grande partie de produits agricoles et non pour la totalité des besoins.
«C'est vrai que je fais toujours ma tournée dans le marché mais je me balade avec soulagement car beaucoup de produits frais sont disponibles dans mon jardin. Voyez l'oignon, moi je ne suis pas obligé de l'acheter à 300 dinars. Je l'ai en abondance dans mon jardin. Je cultive aussi la laitue, la betterave, la carotte, les fèves, la pomme de terre et plein de produits nécessaires en ce mois de Ramadhan», raconte Moh, un habitant de la ville de Draâ Ben Khedda qui va chaque week-end dans son village à Draâ El Mizan. Nous avons posé la question relative à la disponibilité du temps à un nombre important de personnes depuis le début du mois sacré. Les réponses sont diverses mais convergent vers un constat indéniable. La vie moderne et la vie citadine n'empêchent pas de cultiver un jardin potager.

Mon petit paradis
Sur ce chapitre, beaucoup de personnes s'accordent en effet sur la possibilité de le faire même quand on est employé d'administration ou d'entreprise. Habitant en ville comme dans un village, cultiver un jardin potager est à la portée. «Je ne vois pas pourquoi je ne peux pas cultiver des oignons ou des pommes de terre. On n'a pas besoin de dormir à leur chevet chaque jour et chaque nuit. Moi, je me consacre à mon jardin pendant les deux journées de mon week-end. Je les plante, je les entretiens pendant ces deux journées», explique notre interlocuteur, qui travaille à la mairie. «Moi, je cultive dans mon jardin tous les produits qui ne nécessitent pas un entretien quotidien comme la tomate, les piments qui ont besoin d'être arrosés chaque jour. Pour tout vous dire, moi je ne mange jamais un fruit en dehors de sa saison naturelle. Ce n'est apparemment pas bon pour la santé», explique-t-il doctement.
En fait, outre les gains financiers que notre jardin nous procure en nous permettant d'éviter beaucoup de dépenses, le jardinage, surtout utile, est une panacée pour un grand nombre de maladies dont notamment le stress. «J'adore le temps que je passe dans mon jardin au village. Je me repose du bruit quotidien de la ville. Je m'y ressource et je recharge mes batteries chaque week-end», explique Mohand, médecin de profession. Beaucoup de personnes regagnent leurs maisons de campagne le temps d'un week-end. «Se reposer revient cher mon ami et croyez-moi, il n'y a pas meilleur endroit pour se reposer qu'un jardin potager. Cela s'appelle, joindre l'utile à l'agréable», ajoute notre interlocuteur.
Aujourd'hui, trois années après le confinement, les choses ont tellement évolué. Dans certains endroits vides et inaccessibles autrefois à cause de l'abandon, la vie a repris avec une grande intensité. «Vous voyez, il n'y a pas longtemps, personne ne venait ici. C'était une forêt qui faisait peur. Aujourd'hui, comme vous le constatez, il faut un parking pour contenir tous ces véhicules. Beaucoup de gens se sont remis à défricher leur terre. Il y a des jardins potagers dans tout cet endroit. Les gens du village viennent ici le week-end. Il y a même beaucoup qui sont installés en ville et qui sont ici aujourd'hui», explique Amar, un enseignant à Tikobaïne que nous avons accompagné dans la forêt appelée Sahel. Aujourd'hui, elle n'est plus comme avant, défrichée, elle est devenue un vaste champ cultivé. «J'habite actuellement dans la ville de Tigzirt, mais je ne rate jamais le week-end que je consacre pour mon petit jardin potager. Comme vous voyez, j'ai des fèves, de la pomme de terre, de la carotte, des oignons et plein d'autres choses. Ma femme cultive aussi des herbes qu'elle utilise en ce mois de Ramadhan. Je peux vous dire que je n'achète pas grand-chose du marché», explique Ahmed qui se trouvait là, à sahel.

Pourquoi irais-je acheter de la viande?
Une autre tendance s'est désormais installée. L'élevage de lapins et de poules. «Lorsque j'ai commencé, certains riaient de mon idée. Élever des poules et des lapins est une tradition qui a disparu de nos villages. Mais elle reprend avec force et on voit bien son utilité à présent. En ce mois de Ramadhan, je ne suis pas encore rentré dans une boucherie. J'ai un congélateur plein de viande de lapin, de poulets fermiers et plein d'oeufs dans mon réfrigérateur. Je mange chaque jour de la viande, c'est délicieux et c'est gratuit.
Le boucher, c'est une fois à l'Aïd Inchallah. Et vous voulez que je vous dise, je n'ai pas de grands espaces autrement j'aurais élevé des moutons. J'aurais égorgé un ou deux pour ce mois de Ramadhan», affirme Ali, retraité qui vit dans un village du littoral.
Enfin, le constat a été fait de visu. Avec un peu d'effort, on peut éviter beaucoup de dépenses surtout en ce mois de Ramadhan et durant toute l'année. La culture du jardin potager est une manière de vivre pour nos ancêtres. Nous l'avons abandonnée croyant que la vie moderne ne pouvait pas s'en accommoder. Mais, nous constatons que les populations des pays les plus développés industriellement le font aujourd'hui en masse. Vivre bien et préserver sa santé ne coûte pas toujours très cher.

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