Algérie

Il venait de publier son dernier roman Abderrahmane Yefsah n’est plus



Il venait de publier son dernier roman Abderrahmane Yefsah n’est plus
Publié le 04.01.2024 dans le Quotidien l’Expression

Le milieu culturel et littéraire a été endeuillé samedi dernier, par le décès de l’écrivain Abderrahmane Yefsah.

Le romancier et essayiste est décédé après avoir lutté courageusement contre la maladie pendant de très longs mois. Dans les derniers moments de sa vie, Abderrahmane Yefsah n’a point abdiqué bien qu’il savait que son sort était scellé. Avec une hardiesse impressionnante, Abderrahmane Yefsah a continué d’écrire et de participer à toutes les activités littéraires qui se déroulaient dans la wilaya de Tizi Ouzou, notamment les différents Salons du livre et les séances de ventes-dédicaces, dont celles qu’organisent les jeudis et samedis, la librairie Cheikh-multi-livres du centre-ville de Tizi Ouzou.
Le parcours du regretté Abderrahmane Yefsah date de plus de vingt-ans.
L’assassinat de son frère Smaïl Yefsah, qui était journaliste à l’Entv, présentateur du 20 heures, pendant les années difficiles, n’est pas étranger à la naissance de cette passion pour l’écriture qui a happé Abderrahmane Yefsah.

L’urgence de s’exprimer
Un besoin pressant de s’exprimer l’habitait. Il s’est mis alors à écrire de manière continue et passionnée sans même songer, au départ, à se faire publier.
L’essentiel étant de s’exprimer et de ce fait, de s’exorciser car la douleur qui rongeait Abderrahmane Yefsah, était grande et profonde.
Ecrire était devenu pour lui un besoin vital et il n’a pas eu de cesse de nous le dire et de nous le répéter à chaque fois que nous échangions, lors des rencontres culturelles ou amicales. Quand il avait participé au concours du prix « Tahar Djaout», en 2011, Abderrahmane Yefsah était loin de deviner qu’il allait en être récompensé.
Son humilité le poussait à garder toujours les pieds sur terre. Mais le jour de la cérémonie de remise de prix, à la grande salle de spectacle de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, son nom a été annoncé en deuxième position. Yefsah venait de recevoir le deuxième prix Taar-Djaout, alors que son livre était encore à l’état de manuscrit.
La réception de ce prix, alors que ce roman intitulé « Et Cain tua Abel » n’a pas encore été publié, l’a encouragé à passer à l’acte.
Le monde de l’édition surtout à l’époque était en difficulté. Ce qui poussa Abderrahmane Yefsah à publier son roman à compte d’auteur.
À partir de là, il a enfin chassé ses appréhensions engendrées par sa modestie.

L’acte d’écrire comme une nécessité
Il a compris qu’il était fait pour écrire. Depuis, il a publié d’autres livres. Parmi ses titres, on peut citer : « Tikli-la marche », « Le verbicruciste de l’horreur », « Souviens-toi Algérie de Smail Yefsah et de tous les autres »,
« Tamda Lablatt et Taourga », etc. Abderrahmane Yefsah a été enterré lundi dans son village natal Tala Amara dans la commune de Tizi Rached en présence de nombreux auteurs dont Lounès Ghezali. Ce dernier qui l’a connu et côtoyé
témoigne : « Abderrahmane Yefsah était un homme d’une douceur et d’une politesse irréprochable. Tout le temps serein, plein de projets d’écriture.
Ces derniers temps avec sa maladie il savait que c’était grave mais il gardait espoir. Il l’affrontait avec courage.
D’ailleurs il n’aimait pas parler de sa maladie. Sauf peut-être pour ses intimes ». Lors de l’enterrement, le frère du défunt a annoncé qu’Abderrahmane Yefsah a laissé un manuscrit inédit.
Sa famille œuvrera à ce qu’il soit édité à titre posthume.
Aomar MOHELLEBI



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