Algérie

Il souhaite en jeter les bases courant 2008 Paris s'attache à vendre son Union méditerranéenne


Plus tôt que prévu, Nicolas Sarkozy s'active à l'appui de sa politiqueméditerranéenne. Au pas de charge, il s'emploie à vendre à ses pairs européens son projetd'«Union méditerranéenne». Dans la perspective, clairement définie par sonentourage, de jeter les bases d'une telle entité courant 2008. Servi par les premières échéancesde son agenda diplomatique, le nouveau locataire de l'Elysée a profité de sesconsultations sur son projet de traité européen simplifié pour mettre sur latable sa politique Euromed. Tout au long de la semaine, le projet a été au menude ses échanges avec des interlocuteurs de la Méditerranée. Après en avoirparlé avec les chef d'Etat du Maghreb dans des messages protocolaires decirconstance - son élection à l'Elysée -, il en a discuté de vive voix avec leschefs de gouvernement italien et espagnol. Et s'apprête à en faire de même lundià l'Elysée à l'occasion de sa rencontre avec le chef du gouvernement portugaisJosé Socrates.  Plus qu'une opportunité d'annoncede son projet méditerranéen, Nicolas Sarkozy a profité de ses entretiens avecRomano Prodi et José Luis Rodriguez Zapatero pour engager des discussions defond sur le sujet. Manifestement, il cherche à rallier à sa politiqueméditerranéenne les pays de l'UE riverains de la Méditerranée à commencer parRome et Madrid.  L'Italie se sent concernée aupremier chef et fait sienne la démarche méditerranéenne du chef de l'Elysée.Sitôt officiellement informé des tenants et aboutissants du chantier, leprésident du Conseil italien s'est dit preneur. En visite lundi à Paris, Prodi- qui avait souhaité publiquement une victoire de Ségolène Royal - a assuréqu'il était partant pour la construction d'une entité institutionnelle enMéditerranée. Dès à présent, il s'est joint auchef de l'Etat français pour vendre à ses autres pairs de la rive nord l'idéed'une Union méditerranéenne. Y voyant une nécessité, Romano Prodi estime qu'untel cadre — souhaité dès 1999 par Jacques Chirac mais jamais esquissé — nemanque pas de portée. Il est de nature, selon lui, à «donner vraiment unesignification au niveau opérationnel à la politique de la Méditerranée, qui estprioritaire dans notre action commune».  Autre «soutien» de Ségolène Royal- la «Zapatera» française - lors de la campagne présidentielle, le chef dugouvernement espagnol s'est déclaré, lui aussi, «très favorable» à l'optionméditerranéenne du président français. Prononcé en réponse à une question d'unjournaliste, ce qualificatif particulièrement enthousiaste n'en cache pas moinsune certaine divergence de vues entre Paris et Madrid. Avant même que Sarkozyne survole les Pyrénées pour aller à la rencontre de Zapatero, l'entourage duchef de l'Etat français faisait savoir en off à un quotidien parisien queFrançais et Espagnols étaient loin d'être sur la même longueur d'onde«méditerranéenne». Paris et Madrid ont, à ce stade, des vues différentes sur la«stratégie et la tactique». En réalité, à s'en tenir aux éléments en off livréspar l'entourage du chef de l'Etat français, la différence de vues est loind'être de pure forme. Madrid serait partante pour une Union méditerranéenne àcondition qu'elle se fasse dans le cadre du processus Euromed - né en novembre1995 à Barcelone - et non à son détriment. En parlant, pour la première fois,du projet en fin février dernier à Toulon, le candidat Nicolas Sarkozy avaitdéfini les contours d'un cadre très différent de Barcelone. Autant ce dernier aconstamment fait valoir - même au plus fort de sa panne - un partenariat entrel'UE dans son ensemble et les pays de la rive sud, autant Sarkozy suggère uneautre démarche.  Sans le dire textuellement, le nouveaulocataire de l'Elysée regarde à l'Union méditerranéenne comme une parade à lapanne manifestement irréparable de Barcelone. Au lieu des «27» dont une partielorgne, à l'image de l'Allemagne, vers l'Europe orientale non-communautaire,Sarkozy préconise une politique Euromed resserrée. Avec, sur la rive nord, septacteurs (France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Chypre et Malte) et, au sud,le Maghreb, l'Egypte, Israël, l'Autorité palestinienne, le Liban, la Syrie etla Turquie. Selon les premières idées émises par le candidat Sarkozy à Toulonet reprises, depuis, dans quelques discours et déclarations de presse, lesriverains de la «Mare Nostrum» - définition chère à Fernand Braudel - devraientagir par étapes. Dans un premier temps, il s'agit de mettre sur pied l'Unionméditerranéenne avec un Conseil de la Méditerranée. Pour cheminer sansproblèmes, l'agenda et le contenu du partenariat devrait se détourner desquestions fâcheuses pour se concentrer sur des préoccupations communes (ex.environnement et dépollution de la Méditerranée). Une fois l'ancrageinstitutionnel conforté et la vitesse de croisière atteinte, l'Unionméditerranéenne a vocation à passer à une autre étape. Au moyen d'un relationorganique avec l'Union européenne. Dans l'entourage du chef de l'Etat français,on s'efforce de faire vite. Les premières discussions lancées, Nicolas Sarkozydevra arracher de la Présidence portugaise de l'UE - 1er juillet - 31 décembre2007 - l'inscription du sujet au menu de son agenda semestriel. Cette questionsera évoquée avec le Premier ministre lusophone. La balle, estime-t-on à Paris,est d'abord dans le camp des sept pays riverains de la Méditerranée. Parcequ'ils ont une responsabilité particulière dans ce chantier, il leur appartientde porter l'initiative à bout de bras. «C'est à eux de prendre en main ladestinée que la géographie et l'histoire leur ont préparée», déclarait-il àToulon. Un propos que ses conseillers répètent, depuis, à satiété.
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