Il souffle le chaud et le froid en Ukraine

Vladimir Poutine a ordonné aux soldats russes engagés dans des man?uvres militaires près de la frontière ukrainienne de retourner dans leurs casernes. Une décision qui est intervenue quelques heures après de vives réactions internationales.Les Etats-Unis avaient, en effet, décidé lundi soir de suspendre leur coopération militaire avec la Russie, mettant en ?uvre le processus devant exclure Moscou du G8. La Maison-Blanche, le Dix Downing- street, l'Elysée et Ottawa ont suspendu leur participation aux réunions préparatoires de ce sommet annuel des grands du monde. Washington a également brandi d'autres sanctions genre gel des avoirs de responsables russes, refus de visas... Poutine qui se préparait à recevoir le G8 à Sotchi, la ville des derniers Jeux olympiques d'hiver, a envoyé environ 16 000 hommes en Crimée depuis le 24 février, selon le représentant de l'Ukraine aux Nations unies. C'est surtout la réaction des Etats-Unis qui a contraint le maître du Kremlin à revoir sa copie. L'Union européenne s'est quant à elle présentée en rangs dispersés. L'Allemagne a même brillé par son peu d'empressent dans le bras de fer de Bruxelles sur les événements en Ukraine. En réalité, pour Berlin et la plus part des autres membres de l'Union européenne, si la rupture avec la Russie venait à être réellement consommée, l'impact économique serait insoutenable pour plusieurs d'entre eux. Poutine a d'ailleurs joué sur cette donne et il y aurait réussi si son homologue américain n'avait pas frappé sur la table. Il faut en effet savoir qu'en dépit des apparences, l'UE et la Russie sont assez interconnectés, après avoir tissé depuis les années Eltsine des liens diplomatiques mais surtout économiques. Poutine a d'ailleurs fait de Bruxelles un des partenaires économiques de la Russie : Moscou exporte la majeure partie de son gaz, de son pétrole et de ses autres matières premières, vers l'Ouest et les pays européens sont ses premiers clients au niveau des matières premières énergétiques. La Russie a aussi diversifié ses voies d'approvisionnement vers l'Europe, en construisant le gazoduc North Stream et actuellement le gazoduc South Stream, ce qui veut dire que des pays qui étaient peu dépendants de la Russie le deviennent de plus en plus. Pour la France, par exemple, on est passé de 12% à 15% d'approvisionnement gazier russe en 5 ans. Le siège de Gazprom Europe est en Allemagne et le pays est le premier client en export-pétrole de la Russie. L'Allemagne, au tout premier chef, serait le pays d'Europe le plus affecté en cas de crise. C'est le pays le plus dépendant à la Russie, il s'est constitué depuis les années 1990 comme le hub énergétique de la Russie en Europe. Tous les pays qui se situent entre elle et la Russie, c'est-à-dire toute l'Europe centrale et orientale, sont aussi extrêmement dépendants. Ces pays, comme la Pologne, la Slovaquie ou la République tchèque avaient déjà extrêmement souffert lors des guerres gazières entre la Russie et l'Ukraine en 2006-2008. Poutine a d'ailleurs mis au point son arme diplomatique gazière pour tenir en mains l'Europe, fournissant de l'énergie à des tarifs préférentiels en fonction des relations qu'il entretient avec les pays, avec des facilités pour des pays qui lui sont proches. En outre, les pays de l'Europe du centre et de l'est sont équipés de centrales nucléaires russes, ont des contrats d'approvisionnement avec la Russie pour l'uranium. Atomener-Goprom l'entreprise russe de construction de centrales nucléaires a aussi passé des contrats de fourniture d'uranium avec Areva (France), pour alimenter des centrales au Royaume-Uni...Et la dépendance de l'UE ne s'entend pas que dans l'énergie. Champion des matières premières toutes catégories, métaux rares ou stratégiques, la Russie est l'un des premiers fournisseurs de titane d'Airbus ou de matières premières agricoles, comme le blé indispensable pour des industries agro-alimentaires européennes.D. B.NomAdresse email