Il serait plus judicieux pour le MNLA de négocier avec nous Amadou Sanogo. Capitaine et chef de la junte malienne

Plus de deux semaines après le renversement du gouvernement d'AmadouToumani Touré (ATT), le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte, reçoit El Watan Week-end dans la ville garnison de Kati, dans la 3e Région militaire du Mali.
-Comment avez-vous réagi face aux sanctions sévères de la Cédéao '
J'ai accepté ces sanctions. Je les comprends puisqu'elles s'inscrivent dans une certaine logique. Ceci dit, je ne laisserai jamais mon peuple souffrir à cause de ça, parce que c'est pour ce même peuple que j'ai commis cet acte. Et si mon peuple devait en souffrir, je mettrai tout en 'uvre pour que ça n'arrive pas. Aujourd'hui, nous sommes en discussion avec les membres de la Cédéao pour trouver des solutions.
-Le MNLA a rapidement conquis le Nord-Mali. Pourquoi '
L'avancée rapide du MNLA dans le Nord est le résultat de l'échec cuisant de l'ancien gouvernement. Nous sommes au service de l'Etat, mais quand celui-ci trahit son peuple, depuis plusieurs années déjà, il ne faut pas s'attendre à une sortie de crise immédiate. Avec une armée mal formée et sous-équipée pendant des années, tout cela était prévisible. La responsabilité revient entièrement aux anciens décideurs.
-Quelle serait la solution dans l'immédiat '
La nouvelle équipe en place réfléchit justement à ça. Ensemble nous travaillons pour une solution concrète. La priorité est de sécuriser le pays avant tout.
-Que répondez-vous aux Touareg du MNLA, qui n'ont pas apprécié que vous les invitiez à la table des négociations, à travers les médias internationaux '
Chaque choix ou chaque jour à son élément de réponse. Nous travaillons dans l'urgence et pour unifier le pays. Il serait judicieux de négocier aujourd'hui avec nous, plutôt qu'avec un autre gouvernement. On est les fils d'un même pays !
-L'armée est-elle opérationnelle sur le terrain '
Bien évidemment. Notre but est de préserver notre territoire et de protéger les Maliens, toutes ethnies confondues. Avec cette «nouvelle» configuration du mouvement islamiste, notre détermination redouble d'intensité.
-Face à cette menace des extrémistes indépendantistes dans le Nord, feriez-vous appel à une aide militaire étrangère '
La communauté internationale sait que ce n'est pas seulement le Mali qui se retrouve instable face à cette menace. Le continent entier pourrait être ébranlé. Il est important pour toutes les nations de stopper ce cancer, avant que le contrôle nous échappe à tous.
-Pensez-vous que l'Algérie, aujourd'hui, peut ou doit jouer un rôle plus significatif pour préserver la dignité territoriale du Mali '
Le Mali et l'Algérie ont toujours eu de bonnes relations, contrairement à ce que l'on peut penser. L'Algérie est un pays ami et frère, qui a longtemps contribué matériellement au développement du Mali, dans plusieurs secteurs, notamment la santé et l'éducation. L'Algérie comprend bien mieux les réalités maliennes que n'importe quel autre pays africain ou occidental. Nous partageons tout de même une grande frontière. Le gouvernement algérien a accueilli des réfugiés maliens, des soldats également qui étaient dans l'incapacité de se défendre. Le gouvernement central, à l'époque, n'a pas su gérer, efficacement, la relation entre les deux pays et créer une véritable entente bilatérale. Aujourd'hui, nous en sommes là.