En Libye, la situation tourne franchement à l'avantage des insurgés, qui
ont désormais le soutien sans faille des pays qui ont une grande autorité
politique au sein de l'alliance atlantique, l'OTAN.
Au cours de ces deux derniers jours, les événements sont ainsi en train
de tourner au désavantage du régime de Kadhafi, avec la perte de presque toute
la ville de Misrata, aux mains des insurgés, et l'annonce
d'un prochain mandat d'arrêt contre le ''Guide''. Décodé, le message est clair,
pour Kadhafi: il faut qu'il parte avant le lancement de ce mandat d'arrêt. La
sentence est tombée vendredi, lorsque le procureur de la Cour pénale internationale (CPI)
Luis Moreno-Ocampo a annoncé qu'il demandera lundi
aux juges de délivrer des mandats d'arrêt contre "trois personnes qui
semblent porter la plus grande responsabilité" pour des crimes contre l'humanité
commis en Libye. "Le 16 mai 2011, le bureau du procureur demandera à la
chambre préliminaire de la CPI
de délivrer des mandats d'arrêt contre trois individus qui semblent porter la
plus grande responsabilité pour des crimes contre l'humanité commis sur le
territoire de la Libye
depuis le 15 février", a indiqué le bureau du procureur dans un communiqué.
Les noms de ces trois personnes seront rendus publics lundi, a assuré Florence Olara, une porte-parole du bureau du procureur. "Au vu
des preuves collectées, le procureur a conclu qu'il y a assez de preuves pour
présenter une demande de mandats d'arrêt pour la commission de deux catégories
de crimes contre l'humanité: le meurtre et la persécution", précise le
communiqué. "Les preuves montrent que les forces de sécurité libyennes ont
conduit des attaques systématiques et à grande échelle contre la population
civile", a affirmé le bureau du procureur.
C'est en fait le ministre italien
des Affaires étrangères Franco Frattini qui a lancé
cet ultimatum pour le dirigeant libyen, qui doit partir avant la fin du mois, avant
que la Cour
pénale internationale ne lance un mandat d'arrêt contre lui. Frattini a ainsi affirmé jeudi soir qu'un mandat d'arrêt de
la CPI contre le
dirigeant libyen Mouammar Kadhafi était "probable" à "la fin de
ce mois", selon l'agence de presse Ansa. "Si je devais vous donner un
paramètre de temps sur la fin de la mission (italienne, ndlr)
en Libye, il y a un moment-clé, c'est-à-dire à la fin de ce mois, quand, selon
toutes les probabilités, le procureur de la Cour pénale internationale émettra des mandats d'arrêt
contre le colonel Kadhafi et certains membres de son régime, peut-être des
membres de sa famille", a déclaré le chef de la diplomatie italienne. Le
diplomate italien a estimé que la fin du mois de mai représentait une date
butoir pour le dirigeant libyen pour choisir une autre issue, l'exil notamment,
car après le lancement d'un mandat d'arrêt, la situation changera. "A
partir de ce moment il ne sera plus possible d'imaginer une sortie de scène du
pouvoir et du pays" de Mouammar Kadhafi "et il est évident qu'après
le lancement du mandat d'arrêt, toute la communauté internationale aurait l'obligation
juridique, et non militaire, de poursuivre Kadhafi, comme nous l'avons fait
avec Milosevic et Mladic", des leaders serbes poursuivis pour crimes de
guerre par le Tribunal pénal international (TPI), a estimé M. Frattini.
En face, l'opposition libyenne
compte recueillir le soutien et l'argent des Etats-Unis, pour conforter sa
position contre le régime de Kadhafi. Le CNT, l'instance dirigeante de la
rébellion libyenne, a annoncé jeudi la nomination de nouveaux "ministres",
notamment à l'Intérieur et à la Défense. Parallèlement
et à Washington, le ''chef de la diplomatie'' de la rébellion, Mahmoud Jibril, a déclaré jeudi qu'il souhaitait que les Etats-Unis
reconnaissent officiellement les rebelles libyens, à la veille d'entretiens à la Maison Blanche. Interrogé
sur la chaîne CNN sur ce qu'il attend des entretiens qu'il aura vendredi avec l'administration
américaine à la Maison
Blanche, Mahmoud Jibril a déclaré:
"Nous avons besoin d'être reconnus" officiellement par les Etats-Unis.
Le responsable du Conseil national de transition (CNT) souhaite que le CNT soit
reconnu comme "l'unique représentant légitime du peuple libyen", a-t-il
ajouté. M. Jibril sera reçu vendredi à la Maison Blanche par
le conseiller du président Obama pour la Sécurité nationale, Tom Donilon.
Le porte-parole du département d'Etat
américain Mark Toner a souligné que Washington était conscient de "l'urgence"
d'aider financièrement les rebelles. Les Etats-Unis vont puiser dans les fonds
libyens bloqués sur leur territoire pour "aider le peuple" libyen, a
annoncé la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.
Misrata aux mains des insurgés
Sur le terrain, les insurgés ont repris l'aéroport de Misrata
et chassé de la ville les forces loyalistes. Encouragés par ce succès, ils s'apprêtaient
vendredi à marcher sur Zliten, avec en ligne de mire
Tripoli, à 200 km
à l'ouest, où le complexe résidentiel du colonel Mouammar Kadhadi
a été bombardé jeudi par l'Otan. Selon Salah Badi, responsable
de l'offensive rebelle dans la zone de l'aéroport, les forces gouvernementales
se sont regroupées à Zliten, ville à une cinquantaine
de kilomètres à l'ouest de Misrata. Dans l'Est, au
moins trois roquettes sont tombées jeudi sur Ajdabiya,
carrefour stratégique aux mains des insurgés à 160 km au sud-ouest de Benghazi,
sans toutefois faire de victime. Dans cette zone un temps très disputée, des combats sporadiques se poursuivent et la ligne
de front se déplace régulièrement entre Ajdabiya et
le site pétrolier de Brega, tenu par les pro-Kadhafi 80
km plus à l'ouest.
A Benghazi, fief de l'opposition, cinq Français ont été interpellés "au
cours d'un contrôle de police (...) la nuit dernière", a déclaré le porte-parole
du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.
"L'un d'entre eux a été blessé par balle et est décédé dans la nuit à l'hôpital",
a-t-il ajouté. Pierre Marziali fut sous-officier au
sein du 3e régiment parachutiste d'infanterie de marine de Carcassonn,
et est le fondateur et responsable d'une société de sécurité privée française
employant d'anciens soldats, selon des sources spécialisées dans les milieux de
sécurité privée en France. A Tripoli, des frappes aériennes ont touché jeudi
matin le complexe résidentiel du colonel Kadhafi dans la zone de Bab al-Aziziya, faisant trois
morts - deux journalistes et leur guide - et 27 blessés, selon un porte-parole
du gouvernement. Par ailleurs, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères,
Khaled Kaïm, a affirmé que le gouvernement libyen ne
tentera pas de reprendre, par la force, l'Est aux mains des forces insurgées. Les
forces gouvernementales étaient parvenues à avancer mi-mars jusqu'à la
périphérie de Benghazi (est), la "capitale" de la rébellion, avant d'en
être repoussées par les insurgés, appuyés par des frappes aériennes
internationales lancées le 19 mars.
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Posté Le : 14/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com