En 1990 déjà, une année après la création du RCD, et alors qu'il avait 43 ans à peine, il trouvait scandaleux qu'il fut, lui, à cet âge-là, le benjamin de la classe politique en Algérie.
Ce jour-là, Saïd Sadi faisait le buz sur la Toile. Son nom était dans tous les SMS, tous les Tweet. En ce 9 mars 2012, à la coupole Mohamed-Boudiaf, à Alger, il venait, en effet, de se faire l'auteur d'un véritable coup de tonnerre dans le ciel faussement serein de la vie politique en Algérie. Un coup de tonnerre, certes, mais une fois n'est pas coutume, il ne sera pas accueilli par un tonnerre d'applaudissements, comme Sadi savait en provoquer chaque fois qu'il montait à la tribune, dans cette même salle, lors des congrès précédents. Et pour cause, il venait d'annoncer devant quelque 2 000 congressistes médusés qu'il ne briguera pas un autre mandat à la tête du RCD. 'Avec une conscience sereine et une pleine confiance en l'avenir, je vous annonce ma décision de ne pas me représenter au poste de président du RCD. J'ai longuement réfléchi (...), il est temps que les compétences formées dans et par le parti s'expriment et s'accomplissent", annonça-t-il à la surprise générale. 'Il va de soi que je resterai militant car j'estime que l'on n'a pas le droit de revendiquer la liberté et la justice et s'exonérer d'un engagement personnel dans les luttes qui se mènent pour la démocratie", ajouta-t-il, sans pour autant réussir à réconforter une assistance émue jusqu'aux larmes. Hormis les membres de la direction du parti, quelques rares congressistes et trois ou quatre journalistes informés tard dans la nuit qui venait de s'écouler, nul ne s'attendait à une telle annonce. S'ensuit alors une image inédite, presque surréelle : une écrasante majorité de l'assistance, debout comme un seul homme, huait et sifflait pour dire son refus de la décision du président du parti. À l'heure où beaucoup tentaient de résister à la rue qui les sommait de 'dégager", Sadi se devait de faire face aux militants qui lui enjoignaient de rester à son poste. Alors qu'il avait regagné sa place dans la salle après avoir fini de prononcer son discours, les congressistes, certains en larmes, reviendront à la charge pour exiger, à cor et à cris, qu'il revienne sur sa décision, l'obligeant à reprendre le micro et, cette fois, à hausser un peu le ton. Mais aussi à user d'arguments convaincants. 'Ce serait injuste que je reste au poste de président, c'est parce que des générations ont étouffé d'autres générations que l'Algérie est aujourd'hui dans une impasse historique", s'écrie-t-il. Tout militant du RCD, forgé dans le combat pour la démocratie, qui s'entend dire cela, ne peut qu'acquiescer. Mais souscrire au retrait de Sadi de la présidence du parti, ce n'était pas facile à avaler pour ces hommes et ces femmes, jeunes et moins jeunes. Ils savaient toutefois que l'offuscation de Sadi contre l'ostracisme qui frappe les jeunes en Algérie était profonde et sincère. Elle n'était d'ailleurs pas nouvelle. En 1990, une année après la création du RCD, et alors qu'il avait 43 ans à peine, il trouvait scandaleux qu'il fut, lui, à cet âge-là, le benjamin de la classe politique. La cause était donc entendue. Il lui restait seulement à rassurer les troupes sur l'avenir du parti et il a su trouver les mots justes pour le faire. 'Je sais ce qu'il y a dans le RCD, il y a dans le RCD autant de Saïd Sadi qu'il y a de militants, je pense sincèrement que désormais, il faut que les jeunes cadres du parti, qui représentent déjà l'essentiel de la direction, assument leurs pleines responsabilités dans les nouvelles étapes qui attendent le pays". De fait, comme Sadi en 1990, Mohcine Bellabas, son successeur, a tout juste 43 ans. Il est lui aussi le benjamin de la classe. Tout un symbole, tout un programme.
S C
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Posté Le : 31/12/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Said Chekri
Source : www.liberte-algerie.com