Algérie

«Il paraît peu probable que la surproduction mondiale disparaisse en 2016»



«Il paraît peu probable que la surproduction mondiale disparaisse en 2016»
Après avoir élaboré pendant trois années les scénarios pétroliers pour le compte de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Olivier Rech a également conseillé d'importants fonds d'investissement. Il est aujourd'hui responsable de la recherche énergie chez Beyond Ratings.- L'Opep tiendra demain sa réunion ordinaire semestrielle. Tout le monde s'accorde à dire que l'on s'achemine plutôt vers un statu quo, tant est presque improbable un quelconque changement de stratégie, sur fond d'espoir quant à un rééquilibrage du marché vers le second semestre de l'année. Quel est votre avis 'Je pense effectivement que le communiqué de presse à la fin de la réunion du 2 juin ressemblera aux précédents, c'est-à-dire que l'analyse de l'état du marché sera légèrement positive, anticipant une croissance modérée de la demande et, en parallèle, le début du déclin de la production non OPEP. Ce discours justifiera de prendre une décision visant une action coordonnée de réduction de la production de l'ensemble des producteurs de l'OPEP et confirmera le statu quo actuel, tant dans le niveau d'engorgement du marché que des positions et stratégies adoptées par les différents acteurs.- S'il est vrai qu'un éventuel changement dans la politique saoudienne après le dernier remaniement ministériel est quasiment exclu, quelle sera, selon vous, la position de l'Iran au sein de l'Opep 'Le retour de l'Iran sur la scène pétrolière internationale est spectaculaire, puisque, en moins de 5 mois, la production est remontée de moins de 3 millions de barils par jour (mb/j) à plus de 3,5 mb/jour, selon les données les plus récentes. Certes, il faudra vérifier que cette hausse apparente de production ne résulte pas des ventes de stocks accumulés au cours des derniers mois.Mais il semble bien que les annonces iraniennes ? la compagnie nationale conservait une capacité intacte de retrouver le niveau de production de 2011, c'est-à-dire avant les sanctions internationales ? n'étaient donc pas du bluff. Tout porte à croire que le niveau de 3,7 à 3,8 mb/jour est réaliste d'ici l'été. L'Iran n'a donc dans l'immédiat aucun intérêt à jouer la carte de la coopération à l'intérieur du cartel.- Pensez-vous réellement qu'un rééquilibrage du marché est possible au second semestre de l'année, alors que les pays producteurs et l'industrie pétrolière peinent à se remettre sur pied après les pertes financières que la baisse des prix leur a fait subir 'Le rebond du prix du baril, qui s'est traduit par une hausse de 20 dollars depuis la fin du mois de janvier, a fait naître l'espoir chez les producteurs d'un rééquilibrage par les seules forces du marché, contre la stratégie de surproduction orchestrée par l'Arabie Saoudite. Cette hausse ne résulte pourtant pas des forces naturelles du marché, mais de plusieurs événements imprévisibles qui ont affecté simultanément la production de plusieurs pays producteurs, en particulier les incendies qui ont frappé la région de l'Alberta au Canada, où est concentrée une grande partie des capacités d'exploitation des pétroles extra lourds.Mais pendant que le prix du baril s'est rétabli, proche de 50 dollars, les stocks pétroliers dans l'OCDE ont en fait continué d'augmenter, au point d'atteindre un plus haut historique jamais vu, niveau supérieur de près de 25% à celui d'une situation d'approvisionnement normal. La situation au Canada n'est pas encore normalisée et les conséquences se feront peut-être sentir pendant encore plusieurs semaines. Mais la surproduction mondiale n'a pas disparu et il paraît peu probable qu'elle disparaisse en 2016.- L'Opep pourra-t-elle continuer à jouer un rôle de régulateur après avoir perdu une partie de son influence sur le marché 'La situation de surproduction qui a commencé à la fin de 2014 doit être bien comprise. La majorité des observateurs considèrent que la mission d'un cartel consiste à assurer l'équilibre entre offre et demande, c'est-à-dire empêcher, à tout le moins limiter, les déséquilibres que font naître les forces de marché en l'absence de régulation. Mais un cartel peut aussi abandonner de façon temporaire son rôle régulateur pour atteindre d'autres objectifs. En particulier, une stratégie de baisse de prix peut être utilisée comme riposte au développement de concurrents.On pourrait très bien admettre que l'OPEP considère le développement de l'industrie «shale» aux Etats-Unis non seulement comme directement concurrentiel mais également déloyal en raison des conditions de financement anormalement favorables dont cette industrie a bénéficié au cours des dernières années. La baisse de prix depuis 18 mois pourrait donc être parfaitement compréhensible, voire justifiée, si elle avait été décidée par l'OPEP dans son ensemble.Mais cela n'a pas été le cas et seule l'Arabie Saoudite en a décidé et certainement avec des objectifs qui dépassent le problème que pose la concurrence du «shale oil». La reconquête par l'OPEP de son rôle de régulation passera par la redéfinition des objectifs communs entre les pays membres. Mais la fragilité économique croissante de la majorité des membres, la vulnérabilité extrême du Venezuela, et les dissensions entre Arabie Saoudite et Iran sont autant d'obstacles à la restauration rapide du rôle de régulateur de l'OPEP.


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