Algérie

Il nous a quittés le 26 février 1989 Mouloud Mammeri, le romancier



Il nous a quittés le 26 février 1989 Mouloud Mammeri, le romancier
Publié le 26.02.2024 dans le Quotidien l’Expression

Mouloud Mammeri a marqué la littérature algérienne par ses quatre romans « La colline oubliée», «L'opium et le bâton», «La traversée» et «Le sommeil du juste».
Deux ont été et demeurent à ce jour parmi les meilleurs romans publiés par les auteurs algériens. Il s'agit de «La colline oubliée» et de L'opium et le bâton». Ils ont d'ailleurs été portés à l'écran. Paru pour la première fois aux éditions Plon (Paris), en 1952 «La colline oubliée» n'a pas cessé de faire l'objet de rééditions aussi bien en France qu'en Algérie.

Le premier roman de Mouloud Mammeri est une immersion littéraire dans la vie des habitants du village Tasga, planté en plein coeur de la Kabylie.

La trame du roman se déroule en pleine Seconde Guerre mondiale. Les qualités esthétiques de ce roman ont vite propulsé l'auteur. « La colline oubliée» a été salué par la critique de l'époque.

Le doyen des écrivains égyptiens, le célébrissime Taha Hussein, en fait une critique élogieuse dans l'un de ses livres consacrés à la littérature moderne. Il faut rappeler qu'ayant fait ses études supérieures en France, Taha Hussein avait accès à la langue française et à la littérature francophone. Le destin de Mokrane, le personnage principal, de ses proches et de ses concitoyens y est décrit avec la maîtrise dans l'écriture littéraire dont a fait preuve Mouloud Mammeri dès ce premier roman écrit alors qu'il avait moins de 35 ans! Nous sommes en 1939. Toutes les misères imaginables rongent les habitants du village Tasga, situé dans les montagnes du Djurdjura, où la rudesse du climat ne fait qu'exacerber la dureté de la vie. Les citoyens de ce village sont attachés aux coutumes héritées depuis des lustres par leurs ancêtres. Les personnages de ce roman envoûtant, largement inspiré de faits réels, évoluent dans un climat dominé par la douleur et l'esprit de vengeance, alternés rarement par des éclaircies et des bribes d'espoir qui se désagrègent, à chaque fois, en un clin d'oeil. Puis, la situation se gâte davantage avec l'arrivée de la guerre. Les hommes quittent le village et ceux qui y restent, femmes, enfants et vieux, sont livrés à une sorte de malédiction sans nom. Après avoir génialement dépeint cette page d'histoire, de façon romancée mais très proche de la réalité, Mouloud Mammeri, livre aux lecteurs la page la plus importante de notre histoire, celle de la Guerre de Libération nationale. Dans « L'opium et le bâton», publié en 1965 chez Plon, l'auteur dépeint la lutte héroïque du peuple algérien face au colonialisme français et à sa barbarie. C'est à Tala que se déroule l'essentiel des événements décrits par l'écrivain d'Ath Yanni. En plus de la guerre, les habitants du village Tala sont confrontés à toute sorte de difficultés de la vie quotidienne marquée notamment par la famine, le travail très difficile dans les champs. L'engagement de la population de Tala dans la lutte en faveur de l'indépendance de leur pays. Il s'agit d'un roman poignant et déchirant. L'un des meilleurs romans écrits sur la guerre d'indépendance. En plus de ces deux chefs- d'oeuvre, Mammeri est l'auteur du «Sommeil du juste» (1978) et de «La traversée» (1982).

La facette d'homme de lettres de Mouloud Mammeri se caractérise par la publication de trois textes dramaturgiques: «Le banquet», «La cité du soleil» et «Le Foehn ou la preuve par neuf». Mouloud Mammeri est également nouvelliste, auteur de «Escales».
Aomar MOHELLEBI



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