Algérie

Il nous a quittés en septembre 2015 El Ankis, d’Azeffoun à la Casbah



Publié le 21.09.2024 dans le Quotidien l’Expression
El Ankis anima une infinité de soirées artistiques dont des duos mythiques avec de grands noms du chaâbi. Les meilleurs duos, il les réalisa avec un certain Amar Ezzahi.
Boudjemaâ El Ankis est l'un des meilleurs artistes chaâbis de tous les temps. Il y a neuf ans, le 2 septembre 2015, il nous quitta alors qu'il était âgé de 88 ans, après avoir abreuvé plusieurs générations, de sa belle voix et de sa façon atypique d'interpréter les meilleures mélodies du chaâbi.
À l'instar des génies de ce genre, il avait la faculté de l'improvisation faisant ainsi de chacune de ses fêtes une occasion offerte aux mélomanes pour découvrir de nouvelles performances qui faisaient leur bonheur. Boudjemaâ El Ankis a été tellement marqué et influencé par le Cardinal El Hadj Mhamed El Anka, que le jour où il devait choisir un nom d'artiste, il a tout simplement et naturellement opté pour un dérivé d'El Anka. Une influence dont El Ankis se détachera peu à peu puisqu'il finit par forger son propre style. Et grâce à l'apport d'un géant de la composition musicale ayant pour nom Mahboub Bati, El Ankis prit une tout autre direction car à l'époque où il fallait faire quelque chose afin de répondre aux attentes d'une jeunesse qui avait soif de plus d'inventivité, aussi bien sûr le plan musical que thématique. Le duo El Ankis-Bati a été à la hauteur de ces attentes. Mahboub Bati a ainsi composé des chansons légendaires qu'El Ankis avait interprétées avec brio. C'est le cas de Rah El Ghali rah dont la musique est ce qui a été produit de plus élaboré dans ce genre. Mohamed Arezki Boudjemaâ est le véritable nom d'El Ankis. Le regretté a vu le jour en juin 1927 dans la capitale. À l'instar de son maitre El Hadj Mhamed El Anka, il est originaire de la localité d'Azeffoun, plus exactement du village Ait Rehouna. C'est dans la Casbah, bastion des artistes du chaâbi, qu'il a grandi, plus exactement dans le quartier de Bir Djebbah. Il était encore enfant quand sa famille décida de déménager et d'habiter dans le quartier de Notre-Dame d'Afrique. Sa passion pour le chant le titilla alors qu'il était encore enfant. Jouer à la guitare, sa première expérience musicale, alors qu'il était à peine âgé de 12 ans. Tout en travaillant, la future star de la chanson chaâbie, n'a pas cessé de s'adonner à sa passion. Enfant qu'il était, il ne cessait d'admirer El Anka et, son unique rêve était de devenir un artiste de la même trempe que son maître qui était en fait son modèle. Il s'essaye à plusieurs instruments de musique dont la guitare et la mandoline. Il persista dans l'écoute inlassable d'El Anka, en train de faire ses démontrassions artistiques phénoménales. Il l'écoute et s'en inspire pour forger, dans le futur, sa propre façon de chanter. Tout épris d'El Anka, il n'omet pas de baigner dans l'univers d'autres grands noms du même style. Pour chanter les qasidate du chaâbi, El Ankis butta, toutefois, sur l'obstacle linguistique car jusque-là, il ne parlait que le kabyle, langue de ses parents. Nous sommes au milieu des années 50. El Ankis est plus que jamais déterminé à investir à fond le terrain de la chanson chaâbie dont il est désormais un féru. Il se met alors à apprendre la langue arabe. Cet écueil surmonté rapidement grâce à la main forte prêtée par des proches, El Ankis commence à entrer dans la cour des grands. Avec une maîtrise qui s'affina au fil des années, El Ankis finit par devenir un virtuose du chaâbi. Il a même évolué aux côtés de deux géants: El Anka et Mrizek. Tout en y apportant sa touche personnelle qui n'était pas du tout minime, il interpréta génialement les meilleurs titres qui étaient en vogue à l'époque. Pendant quelque temps, son parcours évolua en dents de scie. Mais il finit par rebondir de fort belle manière.
La recette, c'est Mahboub Bati qui la trouva. Il fallait à El Ankis des poèmes écrits en arabe algérien, des thèmes d'actualité qui devaient surtout toucher la jeunesse et des musiques plus modernisées. C'est alors que nait la mythique Rah El Ghali, dont la musique ensorcelante fut reprise par Matoub Lounès en 1996, qui en a fait un autre chef- d'oeuvre avec des paroles en kabyle.
Les chansons de Mahboub Bati auraient pu ne pas avoir le succès estompé sans le talent exceptionnel d'El Ankis qui savait injecter les doses d'émotion qu'il fallait à chaque strophe et à chaque expression touchante. El Ankis anima une infinité de soirées artistiques dont des duos mythiques avec de grands noms du chaâbi.
Les meilleurs duos, il les réalisa avec un certain Amar Ezzahi, son élève qui n'a pas cessé de l'aimer, de le respecter et de lui vouer une vénération sans bornes.



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