«Il ne s'agit pas de raconter le scénario mais de faire un film»

Rachid Bouchareb a fait une libre adaptation de Deux Hommes dans la ville de Joe Giovanni, film sorti en 1973, pour sa nouvelle Fiction, Enemy Way (la voie de l'ennemi).«Il y a dans ce film l'idée de la seconde chance. Mais pour Enemy Way, j'ai fait un long travail de réécriture avec Olivier Lorelle, puis après avec Yasmina Khadra. Il ne s'agit pas de raconter le scénario mais de faire un film. J'ai tourné pendant longtemps en oubliant l'histoire puisqu'elle existait déjà. Dans le film, il n'y a pas que l'anglais, il y a aussi l'espagnol. Forest a appris cette langue. Je suis aux frontières du Mexique, j'évoque donc l'immigration comme je l'ai fait dans tous mes films. Entre les Etats-Unis et le Mexique, un mur de 5000 km sera construit pour empêcher les populations qui viennent du Mexique et d'Amérique latine de pénétrer sur le territoire américain. On veut électrifier les frontières, installer des milliers de caméras, engager des patrouilles, tout cela coûte? Je me retrouve toujours dans l'idée de souligner ce qui se passe dans le monde», a-t-il précisé lors de la conférence de presse qui a suivi la projection du film à la salle El Mouggar, à Alger.«Je prend tout mon temps lorsque je tourne un film. Je dis aux acteurs, slowly, la caméra tourne et vous avez le temps. Je ne tourne pas rapidement. Il se peut qu'un dialogue soit fait pour ouvrir la scène et je ne garde que la partie suivante au montage. Pour moi, il est difficile pour un acteur de s'exprimer dans un plan de 15 ou 20 secondes. Donc, je préfère laisser faire les acteurs. Je leur fais confiance, ils peuvent faire des propositions, mais il faut leur donner le temps. J'ai besoin d'utiliser ce qu'apportent les acteurs après le dialogue. Je trouve de l'intérêt dans le temps», a-t-il dit à propos du rythme de son film.