"Nous sommes très reconnaissants de la coopération du gouvernement algérien avec notre ambassade. Il y a un dialogue. Il est très ouvert à nos questions", témoigne notre source.On ignore si cela procède d'une volonté de vulgarisation ou pour anticiper une éventuelle réaction du gouvernement algérien. Au lendemain de la publication par le département d'Etat du rapport annuel sur les droits de l'Homme, repris dans son volet sur l'Algérie par la presse algérienne en qualifiant certaines observations de "sévères", des sources diplomatiques américaines ont confié hier que le but du rapport ne "vise nullement à faire pression sur le gouvernement algérien". "Notre rapport présente des faits et tente d'être objectif. Pour informer notre public et l'opinion mondiale. L'élaboration des rapports a été décidée par le congrès, il englobe deux cents pays. C'est pour que la question des droits de l'Homme soit prise en compte dans l'orientation de notre politique étrangère", ont précisé ces sources. "Il ne s'agit pas pour nous de faire pression sur le gouvernement algérien, ni de le juger. Il s'agit d'informer. Nous encourageons les critiques et le débat. Nous aussi, nous sommes critiqués chez nous par des ONG établies chez nous. Mais nous partageons nos avis avec nos amis étrangers", soutiennent-elles encore, comme pour répondre à la question de savoir si les Etats-Unis disposent de suffisamment de légitimité pour "juger" la situation des droits de l'Homme dans le contexte de guerre, comme en Syrie, où le pays de l'oncle Sam est pointé du doigt.
Dans le rapport publié vendredi, le département d'Etat, s'appuyant sur les témoignages d'ONG, d'activistes de la société civile, des médias ainsi que sur les explications fournies par le gouvernement algérien, évoque certains "problèmes", même s'il note, par ailleurs, certaines "améliorations". C'est ainsi, par exemple, que le rapport, citant des ONG, rapporte que les autorités sécuritaires "usent parfois de la force pour obtenir des aveux", dont la DGSN a nié l'existence. "Abus dans la détention préventive malgré les réformes engagées en 2015", "arrestations arbitraires régulières lors des manifestations et des grèves non autorisées", "préoccupation concernant les conditions de détention dans les prisons malgré une nette amélioration (...)", "impunité parfois dont jouissent des auteurs de dépassements", "l'abus dans la garde à vue qui dépasse parfois six heures", "recours des autorités à des textes de loi et à des dispositions législatives pour arrêter des personnes, comme attroupement non armé ou atteinte à corps constitué, ce qui constitue un obstacle, selon des ONG, à l'exercice politique", "recours aux lois antiterroristes et celles limitant la liberté d'expression et de rassemblement pour mettre en prison des militants politiques ou ceux qui critiquent sévèrement le gouvernement", "lignes rouges non écrites imposées à la presse, selon les journalistes, et surveillance des réseaux sociaux", "absence de volonté politique pour lutter contre la corruption", "entraves à la liberté de rassemblement et d'association", "absence d'indépendance et de neutralité de la justice", "refus d'accorder le statut de détenus politiques à 160 personnes emprisonnées depuis les années 90", "ségrégation de la minorité juive" et "écrits antisémites", sont autant de remarques relevées par le rapport sur la situation des droits de l'Homme en Algérie. "On est contents et satisfaits des progrès faits ces dernières années dans le contexte régional, notamment depuis la charte pour la paix et la réconciliation nationale", soulignent, cependant, nos sources. "Nous sommes très reconnaissants de la coopération du gouvernement algérien avec notre ambassade. Il y a un dialogue. Il est très ouvert à nos questions concernant, par exemple, les Ahmadis. Il y a une très bonne coopération et une coordination, il y a des relations fortes entre nos deux pays", précisent ces sources. Selon ces sources, le rapport s'appuie aussi sur les explications du gouvernement avec qui "nous avons des rencontres régulières sur plusieurs sujets et nous soulevons des questions". "Le MAE organise régulièrement une rencontre de dialogue pour répondre à nos questions". "C'est un signe de franchise", disent-elles. Mais autant elles évoquent les points positifs contenus dans le rapport, comme les "conditions d'incarcération", "l'augmentation de l'aide aux Sahraouis", "la possibilité donnée aux enfants de migrants de suivre une scolarité" ou encore les efforts fournis, concernant les enquêtes et les poursuites, sur la question de la traite des personnes, ces sources soutiennent toutefois "qu'il y a des soucis", comme dans d'autres pays. "Comme dans chaque pays, il y a des soucis. C'est pour faire mieux. L'Algérie a fait beaucoup de progrès dans le contexte régional, comparé à des pays arabes ou en Afrique, mais il reste des choses à faire", estiment ces sources.
D'après elles, le gouvernement algérien ne s'est jamais senti gêné lorsque certaines questions lui sont posées, comme celle des minorités religieuses. Interrogées pour savoir si ces "explications" visent à anticiper une éventuelle réaction du gouvernement algérien, souvent frileux aux rapports étrangers, nos sources soutiennent "qu'elles ont été planifiées avant la publication du rapport". "C'est pour expliquer le rapport".
La réaction du gouvernement est-elle possible ' "Il faut demander aux AE. On continuera toujours à discuter et s'il y a des précisions, on va changer des choses. Mais les relations entre le gouvernement et l'ambassade sont très étroites."
Karim Kebir
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Posté Le : 23/04/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim Kebir
Source : www.liberte-algerie.com