Algérie

«Il ne faut pas s'attendre à une amélioration notable»



Dans l'optique d'apporter quelques éclairages sur la décision de révision de l'Accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne, l'expert financier Souhil Meddah revient dans cet entretien sur les tenants et les aboutissants de cette révision, et ses répercussions sur l'économie nationale.L'Expression: Que pensez-vous de la décision du président de la République, relative à la révision de l'Accord d'association Algérie-UE'
Souhil Meddah: Il est clair qu'un tel Accord d'association est régi pour traiter les échanges commerciaux, les investissements avec la multiplication des flux financiers dans les deux sens. Un tel canevas d'échanges, nécessite au préalable, des instruments adaptés et homogènes entre les deux parties. Il s'agit de la classification des échanges par une répartition des spécialités pour chacune des parties, sachant qu'elles sont toutes appelées, de faire valoir leur potentiel de production, de service ou de négoce, en fonction des éléments qualitatifs et quantitatifs qu'elles proposent et de la compétitivité qu'elles assurent. Cependant, le moulage d'association qui s'est constitué depuis 2002, pour application à partir de 2005 avec un démantèlement tarifaire à partir de 2017, s'est caractérisé par trois faits, contradictoire par rapport à la doctrine adoptée. Il s'agit avant tout, du mouvement des IDE, qui ne s'est pas vraiment accéléré, notamment entre 2005 et 2008. Sachant que les acteurs clés apporteurs d'IDE favorisaient, les reprises des unités de fabrication dans les domaines qui relevaient de la sous-traitance à l'Etat ou qui alimentaient le marché domestique. Il s'agit entre autres, d'une délocalisation de leurs centres de fabrication destinés pour les besoins du marché algérien. Le deuxième fait concerne la nature fragile de l'investisseur local, avec son incapacité à contribuer à l'amélioration de la qualité et du contenu dans les différents biens et services qu'il propose sur le plan international, couplée à la mauvaise interprétation ou orientation de la politique de mise à niveau lancée par les pouvoirs publics et qui était gérée de façon administrative, dénaturée de ses aspects économiques, financiers et de business. Et enfin, le troisième fait, c'est la non-corrélation entre valeur monétaire administrée avec le coût monétaire de compétitivité. À ce titre la valeur du dinar soutenue pendant plusieurs années, avait favorisé la consommation excessive des produits extérieurs, au détriment de la production nationale, qui ne pouvait pas dégager plus de marges de valeurs pour se développer.
Quels seront les axes les plus importants à réviser pour arriver à un accord gagnant-gnant'
Dans la pratique, il s'agit à la fois du report ou du reclassement graduel des clauses relatives au démantèlement tarifaire et à notre droit de recourir aux mesures de sauvegarde en cas de crise. Mais aussi, sur les aspects d'ouverture de certains secteurs pour la compétitivité entre les deux parties, comme les secteurs agricoles ou ceux des services, notamment. D'autre part, notre politique économique, avec l'autorité monétaire, doivent aussi se projeter sur des possibilités d'ouvrir l'investissement à l'étranger d'une part et de la négociation des possibilités de capter des IDE au niveau local, avec aussi un traitement particulier des cas de relocalisation des investissements en notre faveur.
Quelles répercussions sur l'économie nationale, va avoir cette révision'
Notre premier déficit commercial est avec la Chine. La connexion avec l'Union européenne obéit à d'autres impératifs, sur le plan des échanges, des IDE, surtout pour les entrants. Sur le plan des importations, il ne faut pas s'attendre à une amélioration notable rapidement. D'autre part, notre but, il ne faut pas qu'il soit axé uniquement sur l'avantage-économie-réserves de charge, mais il faut qu'il soit inscrit beaucoup plus dans les échanges à deux sens projetés sur la participation globale et le partage des valeurs.
Comment voyez-vous l'impact de cette révision sur les réformes programmées'
Les relations bilatérales ou multilatérales ne sont pas systématiquement endossées par des logiques d'impact. Elles se projettent des formes de cadrage, tout en laissant le soin aux opérateurs et aux autres agents économiques de doser la dynamique des échanges. Les accords d'associations veillent sur les préalables tout en se basant sur les prérequis.
Quels sont les objectifs à atteindre à travers cette révision'
Les objectifs doivent avant tout se positionner sur des perspectives plus larges, en prenant le soin de les fusionner avec le reste du monde. S'ouvrir vers une compétitivité de l'Union européenne à l'échelle locale au détriment de la compétitivité d'autres pays comme la Chine, n'est pas l'objectif principal que comptent imposer les pouvoirs publics, ni dans un sens ni dans l'autre, Mais se projeter vers des échanges multidimensionnels en multiaxes, par la configuration d'un schéma de transit par nos frontières, comme le principe des plates-formes de transit Europe-Algérie-Afrique, est un enjeu de premier rang que l'Algérie doit mettre en valeur.


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