Algérie

«Il ne faut jamais être complexés» Message de Moudjahidine aux jeunes d'aujourd'hui



«On ne naît pas militant. On le devient grâce à l'influence de l'environnement, du milieu familial et des circonstances.» Le message porté par un panel de moudjahidine, d'artistes, de sportifs, d'hommes de culture et d'affaires, invités hier à l'Hôtel Sofitel pour une session spéciale du Forum d'Alger, organisé par le cabinet Emergy, se voulait rassurant pour une jeunesse complexée par le poids d'une histoire de révolution mythifiée et écrasante. «Si j'ai un message à adresser aux jeunes d'aujourd'hui, c'est celui-là : il ne faut jamais être complexés. Notre génération s'est simplement retrouvée dans une époque charnière de la vie de ce pays» déclare Omar Ramdane, moudjahid aujourd'hui homme d'affaires. «Dans les maquis de Miliana, nous avons eu la chance de côtoyer de grands hommes qui poussaient les jeunes sans pistons ni népotisme» poursuit-il. Lors de leurs interventions, chaque invité a donné un aperçu de sa jeunesse, militante dans une Algérie en devenir. Brahim Chergui, militant du PPA, raconte à travers son histoire particulière, celle de la naissance du Crua (le comité révolutionnaire pour l'unité et l'action) qui déclencha la révolution armée. «J'ai été chargé de mettre en relation feu Mohamed Boudiaf avec des éléments des Aurès» raconte-t-il en retraçant les différentes étapes de la naissance du mouvement paramilitaire issu du PPA.
Pour l'esprit jeunes, plusieurs intervenants expliquent avoir rejoint les rangs du FLN à l'appel du 19 mars 1956 à l'adresse des étudiants. «Le message envoyé aux étudiants était d'une telle force qu'on ne pouvait pas l'ignorer. Cette phrase m'a décidé : vous ne faites pas de meilleurs cadavres avec vos diplômes» se souvient Omar Ramdane. Mohamed Ghadir dit Moh Clichy, militant de la Fédération de France du FLN est revenu sur le combat mené sur le sol Français par les résistants algériens. «On s'est lancé dans une aventure sans calcul» déclare-t-il en rappelant toute l'importance qu'a joué la communauté de résistants algériens installée en France. Dans cette rencontre sous le thème «50 années d'indépendance. Quels rêves avons-nous réalisés ' Quel futur rêver pour l'Algérie», les anciens jeunes ont voulu passer un message d'espoir et de soutien pour les jeunes générations actuelles. Mais dans leurs tons, l'amertume se sentait. «L'Histoire a été détournée» se désole Brahim Chergui. «Je le vois lors de mes tournées dans les lycées. Les jeunes ne connaissent par leur histoire» déplore Moh Clichy. Quant à Omar Ramdane il racontera cette anecdote symptomatique. «Un jour, un paysan a brûlé une partie de la forêt dans laquelle nous étions. C'était strictement interdit par le FLN. Apeuré, le paysan est pris par la main. Le chef du groupe le mène sur un point élevé qui surplombe la vallée fertile du Chélif et lui déclare : un jour, cette terre sera à toi. Tu n'auras plus à défraîchir la forêt pour semer tes graines. Après l'indépendance, lors de la révolution agraire, on a exigé pour les exploitants d'avoir servi quelques mois au maquis. Ces paysans là étaient exclus».
S. A.


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