Algérie

"Il n'y aura pas de nouvel accord" pour Téhéran et Moscou



Les signataires à Lausanne le 2 avril 2015Fruit d'âpres discussions entre l'Iran et le groupe des 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie), cet accord de Vienne, signé en juillet 2015, pourrait être fragilisé par ce virage inattendu de la position française...
Ni Moscou ni Téhéran n'ont tardé à réagir, hier, aux propos du président américain Donald Trump et de son hôte français Emmanuel Macron qui affirmaient vouloir travailler ensemble sur un nouvel accord concernant le nucléaire iranien. Il n'en est pas question, ont dit les deux capitales qui estiment qu'un engagement international a été scellé et qu'il ne saurait être remis en cause par le seul fait d'une partie mécontente de ses dispositions après coup.
Le président français qui affichait son optimisme avant son arrivée aux Etats-Unis où il comptait faire évoluer son homologue américain sur différents dossiers dont celui du nucléaire iranien a, en fin de compte, opéré une glissade improbable en adoptant ses critiques envers un accord qu'il entend désormais soumettre à de nouvelles négociations, faute de quoi il serait jeté aux orties par Washington.
Fruit d'âpres discussions entre l'Iran et le groupe des 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie), cet accord de Vienne, signé en juillet 2015, pourrait être fragilisé par ce virage inattendu de la position française qui ne précise guère, et pour cause puisqu'elle en ignore les modalités, les contours ou les objectifs des négociations souhaitées. Ce qui explique le scepticisme aussitôt affiché par leurs alliés allemand et britannique qui ont spontanément réaffirmé leur attachement à l'accord tel qu'il a été conclu, point barre. Ni la gymnastique et les contorsions émotionnées des présidents français et américain qui ont multiplié les gestes d'amitié et d'attachement pour mieux transcender leurs différends sur des questions aussi importantes que cet accord ou celui sur le climat, ni la rhétorique israélienne à l'origine de la position de Trump qi a dit clairement que «les Arabes devront payer énormément plus s'ils veulent être protégés de la menace iranienne» ne semblent à même de convaincre le plus grand nombre de pays signataires, sans compter la Chine qui a partagé sans ambiguïté aucune, la position de son allié russe.
Quant à l'Iran, il s'est exprimé par la voix du président Hassan Rohani qui a déclaré: «Ensemble (Israël et les Etats-Unis, ndlr), avec un chef d'un pays européen, ils disent: 'Nous voulons décider pour un accord conclu à sept''. Pour quoi faire' De quel droit'». «Avec cet accord, nous avons fait tomber les accusations et prouvé que les Etats-Unis et Israël mentent à propos de l'Iran depuis des décennies», a-t-il également asséné avant de s'en prendre au président américain en disant: «Vous n'avez aucune expertise en politique ni en matière de droit ou d'accords internationaux. Un commercial, un homme d'affaires, un bâtisseur de tours, comment pourrait-il émettre un jugement sur les affaires internationales'». Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, celui-ci n'a pas cessé d'annoncer qu'il déchirera l'accord de 2015 qui prévoit une levée progressive et conditionnelle des sanctions internationales imposées à l'Iran en échange de la garantie que Téhéran ne se dotera pas de l'arme atomique. L'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), chargée d'effectuer des inspections sur le terrain, a confirmé à plusieurs reprises que Téhéran honorait scrupuleusement «ses engagements» de sorte qu'aucun manquement ne pouvait lui-être reproché sur la mise en oeuvre technique de l'accord. Raison nécessaire et suffisante pour que la Russie réagisse de manière inflexible face à la prétention des présidents Trump et Macron de revisiter l'accord qui reste, pour le Kremlin, «sans alternative» aucune. Une position du reste partagée par l'Union européenne puisqu'à Bruxelles, Federica Mogherini, cheffe de la diplomatie de l'UE, a indiqué: «L'accord sur le nucléaire iranien fonctionne et il doit être préservé». «Quant à ce qui peut arriver à l'avenir, on verra bien. Mais il y a un accord qui existe.» Révélant avoir eu un entretien avec l'équipe du président Macron, elle a ajouté qu'il n'est pas question de renégocier un texte mis en oeuvre par Téhéran».
A Londres, le porte-parole de la Première ministre Theresa May a de son côté réaffirmé l'attachement de la Grande-Bretagne à l'accord en vigueur, «résultat de 13 ans d'efforts diplomatiques incessants». «Il fonctionne et l'Iran a réduit de 95% son stock d'uranium enrichi», a-t-il rappelé tout en soulignant que son pays «travaille avec ses alliés face à des défis que pose l'Iran au Moyen-Orient».
A la veille de retrouvailles exceptionnelles entre les deux Corées et à un mois du sommet «historique» entre le président Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, cet épisode ne manquera pas d'altérer quelque peu les ardeurs des partisans d'une relation de paix et de sécurité mutuelle, garantie par des engagements internationaux, tant dans la péninsule Coréenne qu'au Moyen-Orient.


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