Algérie

«Il n'y a pas de concurrence entre le PSM, Transgreen et Desertec»



- Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a dévoilé, hier, quelques lignes du plan algérien de développement des énergies renouvelables. Une soixantaine de projets sont déjà identifiés afin de propulser la production d'électricité à  partir de ces énergies à  3000 MW à  l'horizon 2020. L'Algérie prévoit aussi d'exporter vers l'Europe 2000 MW à  l'horizon 2020 et 10 000 MW à  l'horizon 2030. Quelle lecture pouvez-vous en faire '  
J'estime que ce qu'a déclaré le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, est une information réjouissante. Il vient de répondre par là même, d'une manière officielle, aux différents objectifs et aux enjeux auxquels est confrontée l'Algérie, entre autres, la diversification de ses ressources d'énergie. Le contexte international est très favorable, car il y a une dynamique qui se développe au niveau mondial et qui se matérialise à  travers l'émergence de plusieurs initiatives. J'estime donc qu'il est tout à  fait normal que l'Algérie prenne une place sur cet échiquier. L'Algérie est en bonne position, car elle dispose de l'un des plus importants gisements solaires au monde. Le plus important aussi est le fait qu'il s'agit d'une source inépuisable. Pour l'Algérie, l'enjeu est encore plus sensible, car le pays dispose d'une nouvelle source d'énergie, capable de diversifier les sources traditionnellement connues, mais aussi ses exportations qui sont composées actuellement d'hydrocarbures et de gaz. Il s'agit donc d'une nouvelle opportunité qui s'offre à  l'Algérie.  
- Le ministre a déclaré aussi que l'Algérie n'a pas encore fait de choix concernant son adhésion aux projets régionaux de développement des énergies renouvelables et qu'elle est prête à  travailler avec plusieurs partenaires. Quel est votre avis, alors que le président algérien a cautionné, à  Berlin, l'idée du Desertec '
Lors de sa récente visite en Allemagne, le président Bouteflika avait parlé du Desertec, mais aussi d'autres projets propres à  l'Algérie. Il y a donc évidemment plusieurs projets, à  l'instar du Plan solaire méditerranéen (PSM) lancé en juillet 2008. Il y a ensuite Desertec qui était annoncé en juillet 2009 sur initiative d'entreprises allemandes, mais dont Cevital s'était déclaré comme partenaire privé algérien. Le Transgreen est venu prendre corps en septembre 2010. Il y a donc, pour récapituler, trois projets régionaux qui se sont succédé en deux années, soit entre 2008 et 2010. Le Transgreen, devenu par la suite le Medgreen, complète en réalité les deux autres projets et consiste à  construire un réseau de câbles sous-marins destinés à  transporter en Europe une partie de l'énergie électrique produite dans le cadre du Plan solaire méditerranéen et de Desertec en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Il y a donc une complémentarité entre les trois projets. Il faut dire que l'Europe s'inquiète pour son avenir énergétique. D'où l'émergence de ces différentes initiatives régionales. Cette brusque émergence de ces projets répond au double souci, à  la fois de combler le déficit en énergie de plus en plus croissant ainsi qu'à la nécessité de protéger l'environnement, un impératif qui s'impose.
- Y a-t-il une espèce de concurrence franco-allemande autour de ces projets '
Il n'y a certainement pas de concurrence entre les trois projets. Il y a plutôt une complémentarité. A ces projets régionaux qui impliquent en tout une quarantaine de pays et des investissements de 700 à  800 milliards d'euros, s'ajoutent plusieurs projets lancés par des pays méditerranéens, à  l'instar du plan algérien de développement des énergies renouvelables qui se précise de plus en plus à  la faveur des décisions qui viennent d'être prises par les responsables algériens. Le Plan solaire méditerranéen, nécessitant un investissement d'environ 80 milliards d'euros, se fixe comme objectif de produire quelque 20 gigawatts à  l'horizon 2020. Desertec est plus ambitieux, mais l'échéance est arrêtée à  2050, avec de lourds investissements en vue, allant jusqu'à 400 milliards d'euros. Ce sont des investissements nécessaires, car quand il y aura un pic en matière de demande mondiale de brut, les pays vont devoir préparer la relève. Mais je pense que les pays concernés ont une part à  combler en termes de financements. Il y a aussi le secteur privé et public qui est appelé également à  jouer un rôle important. Je vous cite l'exemple de Cevital qui est partenaire algérien privé dans Desertec et dont l'engagement financier formulé est estimé à  8 milliards de dollars. Il y a aussi l'apport des pays européens et les subventions des différents organismes et institutions. Des discussions sont en cours entre les partenaires européens.   - Le coût de l'électricité produite à  partir des énergies renouvelables pourrait poser un problème aux investisseurs ' Et quelle est d'après vous, la place du nucléaire dans cette nouvelle stratégie énergétique '
Le coût représentera certainement un problème. Il est vrai qu'au départ le prix de revient de la production de l'énergie solaire et éolienne devrait àªtre plus important que les centrales électriques classiques fonctionnant au gaz. Mais dans les années à  venir, la technologie va faire baisser les prix des énergies solaires, tandis que la demande de pétrole, qui devrait connaître un pic important, fera augmenter le coût de l'électricité produite à  partir des centrales classiques. L'énergie solaire crée aussi toute une industrie et des emplois, et l'Algérie dispose d'un gisement important en silicium. Quant au nucléaire, cette énergie pourrait jouer, à  mon avis, le rôle de mixe, c'est-à-dire permettre l'émergence d'un bouquet de différentes énergies. Mais il s'agit d'un arbitrage à  faire et un choix éminemment politique.   


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