Algérie

«Il n'y a jamais eu de campagne de vaccination mais une distribution de vaccins»



«Il n'y a jamais eu de campagne de vaccination mais une distribution de vaccins»
- Comment expliquez-vous que les mesures préventives prises par le ministère de l'Agriculture, suivies d'une campagne de vaccination ayant touché pratiquement toutes les localités de l'Est, n'aient pas arrêté la propagation de cette épidémie vers d'autres régions 'Du fait de son archaïsme, l'agriculture algérienne ne facilite pas la protection du végétal ni de l'animal. Il n'y a qu'à voir les ravages de la fièvre aphteuse dans le bovin, de la maladie de Newcastel dans l'aviculture, la loque américaine qui dissémine les populations d'abeilles, le feu bactérien détruisant le poirier comme un incendie, la mouche de l'olive qui a infecté plus de 80% de la production, le capnoïde qui détruit encore les cerisiers? et j'en passe.Un contexte que vient compliquer l'absence d'observatoire et de surveillance, ce qui fait que la lutte contre ces fléaux est avant tout un problème d'organisation et de niveau de performance du secteur agricole en général. Le contenu de la déclaration du Syndicat national des vétérinaires en date du 9 août est on ne peut plus clair, un réquisitoire décrivant le contexte très contraignant, qui n'autorise pas une campagne de vaccination digne de ce nom.En fait, il n'y a jamais eu de campagne proprement dite, dès lors qu'on ne peut faire appel spontanément à une profession de santé animale, dont le vétérinaire, comme l'ingénieur, l'expert et le technicien en général ont été sacrifiés depuis des années au profit du fellah, par la grâce d'une succession de programmes dits de «développement de l'agriculture» ayant évacué totalement la technicité de leurs contenus. Ce qui me rappelle un célèbre proverbe : «Ce ne sont pas les mauvaises herbes qui étouffent la graine, mais la négligence du cultivateur».- Et pourtant, le département de Nouri Abdelouahab a rassuré quant aux dispositions prises pour contenir le phénomène, qu'en pensez-vous 'Les déclarations des officiels chargés de suivre cet événement sont inquiétantes de par leur cacophonie. Tantôt pour annoncer que le phénomène est hors de contrôle, tantôt pour dire que toutes les dispositions sont prises pour éradiquer cette maladie. Lequel phénomène qui en fait échappe aux premières mesures prises dans les wilayas frontalières, passant d'un foyer (Bir El Arche) pour atteindre en moins d'un mois la moitié du pays.Ce qui suppose que la situation pose réellement problème. Aussi quelles que soient les mesures envisagées, elles ne seront pas faciles à mettre en ?uvre vu l'éparpillement du cheptel, l'absence d'infrastructures adéquates pour isoler le cheptel, le manque et les mauvaises répartitions des vaccins, etc.- Alors comment expliquer que malgré la fermeture des marchés aux bestiaux, l'interdiction de circulation des animaux, la campagne de vaccination, le virus se propage aussi rapidement et facilement 'D'abord il n'y a pas eu de campagne de vaccination à ma connaissance. Il y a eu plutôt distribution de vaccins à travers les vétérinaires privés, sollicités par les éleveurs comme d'habitude que par nécessité impérieuse, pour des soins divers pour leurs animaux. Il n'y a donc pas eu de déplacement vers l'éleveur dans le cadre de cette «campagne» qui ne contient aucune mesure de motivation du vétérinaire privé pour se déplacer pour la modique somme de 30 DA /dose de vaccin, sachant que le cheptel est dispatché à travers des centaines de petits éleveurs de quelques vaches dans des conditions où il est difficile de maintenir la chaîne du froid de conservation du vaccin, dont il n'obtiendra le paiement qu'après un parcours du combattant, comme toujours.Aussi, les marchés aux bestiaux qui ouvrent à 2h auraient pu être encadrés par une armée de vétérinaires des services agricoles qui somnolent dans les subdivisions, au lieu de faire appel aux services de sécurité qui n'ont rien à voir dans cette affaire si on avait exploité la panoplie de radios locales pour informer les éleveurs en général et le public en particulier pour les impliquer pleinement au lieu d'interdire quoi que ce soit.Dans ce cas, l'efficacité du vaccin pose problème dès lors qu'un flacon ouvert n'est peut-être consommé qu'après plusieurs jours, tandis que la disponibilité de vaccin et sa répartition en fonction de la taille du troupeau posent d'autres problèmes.Il n'est pas exclu que cette calamité va s'étendre à l'ovin et au caprin, il n'y a pas lieu de négliger ce risque qui, s'il se réalise, va assurément compliquer la situation.- Y aura-t-il des retombées économiques à cause de cette maladie 'Contrairement aux dires des officiels qui minimisent les retombées, c'est toujours une facture à payer, même si c'est l'Etat qui prend tout en charge. En plus de la faillite qui va toucher plusieurs éleveurs, il y a lieu de rajouter le coût des animaux importés en totalité, les coûts de l'aliment importé aussi, les subventions tous azimuts de l'Etat (soutien au lait, à l'alimentation, à l'infrastructure, la vaccination, le remboursement des animaux abattus, l'arrêt de l'activité, le soutien qui viendra pour le renouvellement du cheptel, etc.Sans omettre que les mécanismes d'assurance n'ont jamais fonctionné. A retenir également que la vaccination ne sert qu'à arrêter la propagation de la maladie, puisque les animaux vaccinés doivent être abattus plus tard, car porteurs de danger envers les animaux non vaccinés, selon des conclusions scientifiques européennes, à l'origine de l'interdiction de commercialisation transfrontalière des animaux vaccinés.




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