Il n'y a de candidats que le Candidat

Selon certains articles de presse, certains Algériens se sont portés candidats dans les listes de différents partis, au même moment, parfois dans la même wilaya, avec la même photo et pour les mêmes élections. Très représentatifs du « politique » à l'algérienne, ils se sont représentés partout donc sans se gêner, ni se sentir malhonnêtes.  Faut-il leur en vouloir ? Non. Il s'agit d'une catégorie d'Algériens pragmatiques, réalistes et encyclopédistes qui ont compris l'essentiel: en Algérie, il n'existe qu'un seul parti, intercalé comme une agence d'emploi ou d'habillement entre l'Etat et son peuple pépinière. Se présenter sous les couleurs d'un parti ou d'un autre ne pose pas de problème puisque partout il s'agit de dire la même chose, de promettre la même chose, d'expliquer la même chose et de soutenir le programme de la même direction nationale, totale et unique.  Le parti est unique, pourquoi se priver de multiplier ses chances en multipliant les affiches ? Pourquoi jouer les couleurs dans un monde noir et blanc ? A quoi bon faire dans la différence puisqu'à la fin il ne s'agit que d'une seule opération d'élection par le biais d'un discours et d'un dossier à déposer au même endroit, pour le voir visé ou refusé par la même tutelle ? Tête de liste du FLN, du RND, du MSP, du PT ou du fameux FNIC, on est toujours, à la fin, tête de liste d'une seule liste, pour le poste d'un seul maire avec la bénédiction d'un seul Etat. On y gagne ou on y perd, selon le cas, pas à cause de son appartenance partisane mais à l'aide de sa propre conformité au portrait-robot de l'élu tel que décidé dans le cadre du programme de la consolidation de l'unicité nationale.  Les candidats faussaires, qui se sont présentés dans plusieurs listes dans certaines communes du pays, méritent d'être élus pour leur sincérité et leur probité dans le cadre du Mal général. Ils ne racontent pas d'histoires, mais racontent une seule. Ils ne disent pas n'importe quoi mais affirment une seule chose à la fois. Ils ne vont pas dans tous les sens mais dans un seul. Ils n'habillent pas le faux pluralisme mais le dénudent. Le Peuple n'étant, pour reprendre la formule brève de Nietzsche, que le détour que prend un Etat pour valider ses élections, pourquoi multiplier les virages, les visages, les espèces et les règnes ?