Le directeur général de l'Office interprofessionnel des céréales (OAIC) revient, dans cet entretien, sur la campagne moissons-battages de cette année et nous explique les raisons qui ont fait que la récolte enregistre l'un de ses plus mauvais résultats.- Quel bilan faites-vous de la campagne moissons-battages de l'année en cours 'La campagne moissons-battages 2013-2014 n'a pas réalisé les objectifs tracés en raison du déficit hydrique enregistré pendant les mois de mars et avril derniers. Je peux même dire que nous avons évité la catastrophe. Si des conditions climatiques pareilles avaient prévalu il y une dizaine d'années de cela, quand les rendements étaient très faibles, le pays aurait connu une vraie catastrophe en termes de récolte céréalière.Pour cette campagne, la moyenne de rendement est de 15 quintaux à l'hectare, ce qui nous a permis de ne pas perdre beaucoup malgré les 45 jours de déficit hydrique enregistrés dans des moments critiques où le végétal avait besoin de beaucoup d'eau. Toutefois, dans les zones à haut potentiel et dans les bassins céréaliers, où 90% de l'espèce blé dur est cultivée, les agriculteurs ont pu sauver leurs cultures et nous avons enregistré des rendements qui dépassent les 25 quintaux à l'hectare. Pour les parcelles irriguées, le résultat est meilleur puisqu'il y a eu des rendements dépassant parfois les 60 q/ha.- Pour combler ce déficit, un programme d'importation a été élaboré par vos soins. Pouvez-vous nous en parler 'Pour combler ce manque, notamment dans l'espèce blé tendre dont nous ne possédons pas le matériel génétique adéquat permettant de résister au déficit hydrique, l'Office a procédé à la mise en place d'un dispositif pour acheter les quantités manquantes. Nous sommes donc sortis sur le marché international et nous avons procédé à des achats précoces profitant, bien entendu, d'une situation où les prix à l'international étaient très abordables.Cette année, les cours du blé tendre sont favorables et cela nous a permis d'acheter des quantités qui nous mettent à l'abri. Même pour ce qui est de l'orge, les quantités achetées nous permettent d'être à l'aise. Quant au blé dur, ces dernières années ont été marquées par la diminution des stocks au niveau mondial. C'est pourquoi nous avons comme objectif d'arriver, un jour, à produire tous les besoins du pays en ce produit, d'autant que c'est à notre portée. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être toujours dépendants du marché extérieur pour le blé dur, puisque nous disposons des conditions nécessaires pour la produire.- L'autosuffisance en blé dur est donc possible, selon vous?Le blé dur est une espèce dans laquelle nous avons fait de grands résultats. Si nous continuons sur cette lancée, nous aurons bien sûr notre autosuffisance. Mieux, si nous donnons assez d'intérêt et d'importance à cette espèce, nous pourrons même devenir, à court terme, pays producteur de blé dur avec des excédents de production à exporter. Il faut savoir que les cours mondiaux du blé dur atteignent aujourd'hui le double de ceux du blé tendre.- Quels sont exactement les besoins à combler 'Pour le blé tendre, nous sommes très dépendants du marché extérieur du fait qu'il s'agit d'une espèce dont nous ne disposons pas du matériel génétique adéquat et nos conditions pédoclimatiques ne permettent pas de réaliser des productions importantes. Quant au blé dur, le déficit n'est pas très important et la situation est peu différente de celle des années précédentes. Le plus grand déficit a été enregistré, cette année, en orge. C'est l'espèce qui a été le plus endommagée par le stress hydrique. C'est pourquoi nous avons importé beaucoup d'orge.- L'OAIC a demandé récemment à ses fournisseurs de respecter les clauses du cahier des charges, qui insiste sur la qualité du blé et son origine. De quoi s'agit-il exactement 'Cela concerne précisément le blé tendre. En Europe, il a beaucoup plu pendant la période des moissons, si bien qu'on pensait que toute la production européenne (et française) allait être endommagée. A l'OAIC, nous achetons en optionnel, selon un cahier des charges bien défini. C'est à l'embarquement que l'origine du blé est signalée.Mais selon les derniers rapports établis sur cette question et après évaluation de la qualité, il s'avère qu'une partie seulement de la production de blé, soit 25%, a été endommagée et non pas la totalité. Nous avons tenu des réunions avec les responsables des organismes européens, notamment France Export, et nous avons été rassurés sur la disponibilité de blé tendre en quantité et en qualité. Mais je dois préciser que nous ne sommes pas obligés d'acheter auprès d'un pays quelconque.Mais pourquoi exiger l'origine unique aux fournisseurs 'Nous n'avons jamais exigé l'origine unique. Cela a été rapporté par une certaine presse qui prévoyait qu'on allait rompre avec nos fournisseurs français. Nous n'avons jamais dit que nous achetions uniquement le produit français. Avant d'acheter, nous n'exigeons aucune origine et lorsque nous lançons notre consultation, nous le faisons selon un cahier des charges. C'est au fournisseur de nous proposer la qualité et la quantité demandées, quelle que soit son origine.Pourquoi alors achetons-nous beaucoup en France 'En 2013, l'origine française a dominé de par la bonne qualité du blé proposé. Les Français ont bien vendu leur blé à l'Algérie pour une simple raison de qualité. Il n'y a aucun accord gouvernemental dans cette affaire et si nous trouvons du blé de bonne qualité dans un autre pays, nous l'achèterons.Globalement, comment se présente le marché des céréales à l'international 'Les cours sont très favorables en blé tendre et en orge. En revanche, les stocks mondiaux de blé dur sont actuellement les plus faibles depuis 13 ans. Heureusement que nous avons anticipé cette situation et que nous avons acheté en pleine campagne.
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Posté Le : 08/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L M
Source : www.elwatan.com