Algérie

«Il n'est pas logique que les frontières restent fermées»



Mourad Medelci parlait des frontières terrestres avec le Maroc. Cette ouverture se veut l’aboutissement d’un processus de rapprochement avec le voisin de l’Ouest. «Il faut ouvrir ces frontières, mais avant, il faut créer les conditions nécessaires. Lorsque la décision sera prise, elle sera appliquée d’une manière honnête et équilibrée, dans l’intérêt des deux parties. On peut y arriver en poursuivant les consultations entre les deux parties. Cela a été entamé il y a trois mois et nous nous sommes entendus pour continuer l’échange de visites dans des secteurs sensibles. Des visites qui vont continuer jusqu’à la fin l’année», a-t-il dit. Selon lui, il est inimaginable que les frontières entre les deux pays restent fermées éternellement. Début mars 2011, ce même Mourad Medelci disait autre chose : «L’ouverture de la frontière n’est pas à l’ordre du jour et nous n’avons mandaté personne pour discuter de cela.» Se peut-il qu’Alger ait changé de position ' Et que s’est-il passé en quarante jours pour que la diplomatie algérienne donne l’impression d’assouplir son attitude ' Des observateurs lient cela à la situation en Libye. L’imprudence et les erreurs monumentales de cette même diplomatie feront que la Libye, en cas de chute rapide du régime du colonel El Gueddafi, risque de perdre, probablement pour longtemps, le voisin de l’Est en raison de la position hostile, voire agressive, d’Alger vis-à-vis de l’opposition libyenne, laquelle lui retourne la politesse. Avec des relations flottantes avec la Tunisie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, l’Algérie sera, dans un futur proche, dans une posture géostratégique extrêmement vulnérable. Le Maroc, à travers le groupe de contact international, a clairement choisi de soutenir l’opposition anti-El Gueddafi. La fermeture des frontières entre l’Algérie et le Maroc depuis 1994 a eu des conséquences socioéconomiques désastreuses sur le Maroc oriental, mais également sur l’Algérie. Fin février 2011, Amina Benkhadra, ministre marocaine de l’Energie et de l’Eau, est venue à Alger. Cela avait été perçu comme une relance de la coopération entre Alger et Rabat. L’évolution rapide de la situation régionale fait que les deux pays sont demandeurs. «Instaurer un climat positif», selon une expression de Mourad Medelci, n’est plus un choix, mais une exigence.
Alger «respecte» la résolution 1973, mais l’applique-t-elle '
Par ailleurs, l’Algérie ne se sent visiblement pas obligée d’appliquer la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Libye. C’est du moins ce que laisse entendre M. Medelci lors du même entretien : «Nous respectons cette résolution si ses objectifs sont humanitaires avec la protection des civils, mais la réalité sur le terrain a montré qu’il existe des visées non prévues par cette résolution.» Autrement dit, l’Algérie, qui est membre de l’ONU, respecte la résolution mais n’est pas forcée de l’appliquer. C’est probablement le début d’explication au non-gel par Alger des avoirs libyens en Algérie. Dans la résolution, il est indiqué que le gel s’applique «aux fonds, autres avoirs financiers ou ressources économiques se trouvant sur le territoire des Etats membres qui sont détenus ou contrôlés, directement ou indirectement, par les autorités libyennes». Mourad Medelci s’est attaqué sans aucune réserve au Conseil national de transition (CNT), l’opposition libyenne, l’accusant de «polluer» la vérité sur la Libye. D’après lui, le CNT est actionné par «d’autres parties» pour s’en prendre à l’Algérie. «Il y a des parties qui alimentent la violence en Libye», a-t-il dit, sans autre précision. Le départ du dictateur de Tripoli n’est, pour lui, pas une condition préalable à une solution politique pacifique en Libye.
En d’autres termes, Alger rejette les conditions de l’opposition libyenne pour accepter la médiation africaine pour régler la crise dans le pays. Mourad Medelci a repris, lui aussi, les arguments du régime de Tripoli sur Al Qaîda qui serait «parmi les rebelles» et n’a eu aucune crainte à parler de «renaissance terroriste» à propos de la situation en Libye.
Le chef de la diplomatie algérienne doit sûrement savoir sur quel terrain il vient de s’engager… En a-t-il calculé le risque ' Difficile de trouver une réponse à cette question. Pour l’instant.
 


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