Ces décisions du nouveau président participent-elles de sa volonté à s'approprier toutes les prérogatives que lui confère la Constitution, ou s'agit-il d'une mise en scène concertée entre les islamistes et les militaires, sous l''il vigilant de l'Oncle Sam '
Une nouvelle note vient s'ajouter à la partition des Frères musulmans incarnés par le président Morsi contre l'armée égyptienne : l'inamovible maréchal Hussein Tantaoui, président du Conseil suprême des forces armées (CSFA) et ex-homme fort du régime du président déchu Hosni Moubarak a été mis à l'écart hier.
Selon la télévision officielle égyptienne, citée par les agences de presse, il sera remplacé par le général Abdel Fatah Al Sissi, chef des services de renseignements militaires.
Réputé pour avoir empêché l'infiltration de l'armée par les islamistes
durant tout son 'règne", Hussein Tantaoui comptabilise à son tableau de chasse plusieurs participations aux guerres, notamment aux guerres israélo-arabes et à la première guerre du Golfe en 1991. Mais il restait un grand 'inconnu", sinon une énigme pour de nombreux Egyptiens et même les étrangers. Il aura fallu attendre 2008 pour qu'enfin un télégramme diplomatique américain, révélé par Wikileaks, lève le voile sur quelques facettes de sa personnalité.
Qualifié d'homme secret, le document le décrit comme "charmant et courtois", mais aussi 'âgé et résistant au changement" et obsédé par le maintien de la stabilité du plus peuplé des pays arabes avec près de 82 millions d'habitants. À la chute de Moubarak en février 2011, il hérite du pouvoir. Mais très vite, lui, la première personnalité du régime à avoir parlé aux manifestants à la place Tahrir, a commencé à perdre de son prestige notamment après la mort de quelques manifestants en décembre 2011. Autre poids lourd du CSFA mis à la retraite, le numéro deux, Sami Anan. Selon les médias, il sera remplacé par le général Sedki Sobhi. Dans ce bras de fer engagé avec les militaires, le président Mohamed Morsi réussit aussi un autre tour de force : abrogation du décret constitutionnel pris par l'armée avant son élection qui donnait des pouvoirs élargis aux militaires. Et au train où vont les choses, la réhabilitation du Parlement, à forte dominance islamiste, n'est pas exclue. Il reste maintenant à se demander si ces décisions du nouveau président participent de sa volonté à s'approprier toutes les prérogatives que lui confère la Constitution, ou seulement une mise en scène d'une feuille de route concertée entre les islamistes et les militaires, sous l''il vigilant de l'Oncle Sam qui aide l'armée égyptienne depuis les accords de paix avec Israël en 1979. Aujourd'hui encore, Washington lui octroie 1,3 milliard de dollars d'assistance par an.
Car, selon la télévision d'Etat, la 'décision a été prise en accord avec les deux militaires et le CSFA". Les deux officiers ne vont pas, d'ailleurs, chômer. Tantaoui et Anan resteront 'conseillers auprès du chef de
l'Etat". Autre pièce du puzzle : la nomination d'un juge, gage de neutralité, Mahmoud Mekki, comme vice-président.
Ce remue-ménage intervient alors que la situation sécuritaire inquiète dans la péninsule du Sinaï, à la lisère avec Gaza et Israël tandis que le Parquet général a décidé d'interdire au patron d'une chaîne privée et au rédacteur en chef d'un quotidien indépendant, visés par des plaintes notamment pour 'insulte au président" Mohamed Morsi, de quitter le pays. C'est dire que la guerre de l'ombre n'a pas encore livré tous ses secrets.
K K.
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Posté Le : 13/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim Kebir
Source : www.liberte-algerie.com