La situation de l'opposition en Libye commence à devenir intenable, la pression
des forces armées libyennes s'accentuant de jour en jour, alors que la
communauté internationale n'arrive pas à s'entendre sur un moyen ou une option
pour la soutenir autrement que par des déclarations. D'autant que si des pays
arabes ont annoncé leur disposition à participer à une intervention militaire
contre le régime de Kadhafi, des pays européens dont l'Allemagne, ont
catégoriquement refusé cette option. Presque un mois après le début de la
rébellion en Libye, les forces de Mouammar Kadhafi avaient augmenté, hier
mercredi, leur avantage en menaçant Benghazi, place forte des insurgés. Les
insurgés libyens, sous-équipés face à la puissance de feu de l'armée régulière,
notamment aérienne, reculent.
Les forces de Kadhafi proches de Benghazi
L'armée libyenne a annoncé, dans un communiqué, une opération imminente
contre Benghazi, deuxième ville du pays, prise par l'opposition, quelques jours
après le début de la révolte, le 15 février et siège de leur instance
dirigeante, le Conseil national de transition (CNT). La situation était calme
hier à Benghazi, mais signe de l'avancée militaire de forces loyalistes des
centaines de civils et d'insurgés fuyant Ajdabiya ont afflué dans le sud de
Benghazi à bord de voitures, camions et pick-up. Mardi, les forces gouvernementales
avaient lancé l'aviation et l'artillerie lourde contre Ajdabiya, nÅ“ud de
communication stratégique et dernier verrou tenu par les insurgés avant
Benghazi, 160 km plus au sud, coupant la principale route entre les deux
villes. Mardi soir, le colonel Kadhafi a juré dans un discours télévisé
d'»écraser les ennemis». «S'il s'agit d'un complot étranger nous allons
l'écraser, s'il s'agit d'un complot intérieur nous allons aussi l'écraser»,
a-t-il affirmé, qualifiant les rebelles de «rats, chiens égarés». «Les
colonisateurs seront vaincus, la France sera vaincue, l'Amérique sera vaincue,
la Grande-Bretagne sera vaincue», a-t-il ajouté. A Mistrata, une offensive des
forces de Kadhafi a fait quatre morts et une dizaine de blessés hier, lors
d'une offensive sur la ville. ‘'La ville subit des attaques de tous les côtés.
Les rebelles contrôlent toujours la ville et ont réussi à prendre deux chars à
des forces de Kadhafi qui attaquaient du côté sud», a indiqué un porte-parole
de l'opposition.
«Quatre martyrs sont tombés, dont deux civils dont les maisons ont été la
cible de tirs aveugles d'obus», a ajouté la même source. «Les rebelles ont
repoussé l'offensive.
Maintenant, l'intensité des tirs a relativement baissé», a-t-il dit,
affirmant que les communications étaient quasiment coupées dans la ville. Par
ailleurs, les autorités libyennes ont reconnu hier qu'un pétrolier de la
Compagnie nationale de transport maritime (GNMTC), chargé de fuel léger a été
arraisonné au large du pays par la rébellion qui l'a contraint d'appareiller
pour Tobrouk (extrême est). Le cargo, Anouar Ifrikia, propriété du GNMTC, a été
piraté par «des éléments terroristes inconnus qui appartiendraient à Al-Qaïda»,
a indiqué à l'AFP une source de la Compagnie nationale de pétrole (NOC). Le
bateau, chargé de 2.800 tonnes de fuel, était parti de Grèce et se dirigeait
vers l'ouest libyen.
Rien sur le front diplomatique
Sur le front diplomatique, c'est pratiquement la ‘'douche écossaise''
pour l'opposition. Après l'échec des discussions de Paris du G8, pour la mise
en place d'une zone d'exclusion aérienne, les divergences européennes ont
éclaté au grand jour hier, avec des déclarations du ministre allemand des
Affaires étrangères. L'Allemagne, qui a refusé de soutenir le projet de zone
d'exclusion aérienne contre l'aviation libyenne, défendu par la France, a
également refusé d'être entraînée «dans une guerre en Libye». «Nous ne voulons
et ne pouvons pas devenir partie prenante d'une guerre civile en Afrique du
Nord», a déclaré Guido Westerwelle, devant le Bundestag (chambre basse du
Parlement). Pour le ministre, une zone d'exclusion aérienne est une opération
militaire, qui suppose la neutralisation au préalable des défenses
anti-aériennes. Et si elle se révèle inefficace, elle entraînera la question
d'un envoi de troupes au sol. Il a en fait résumé le point de vue européen,
même si Paris et Londres restent farouchement arc-boutés à une solution
militaire pour provoquer le départ de Kadhafi et son clan. De son côté,
l'Organisation de la conférence islamique (OCI) va tenir une réunion
ministérielle urgente sur la Libye samedi, a annoncé un communiqué de
l'organisation qui regroupe 57 membres. La réunion, qui aura lieu à Djeddah,
siège de l'organisation, vise à «débattre des développements en Libye et
prendre les décisions adéquates concernant la situation dans cet Etat membre»
de l'OCI, selon le même communiqué.
Kadhafi-Sarkozy: le bras de fer
Selon un porte-parole de l'OCI, les ministres des Affaires étrangères des
sept membres formant le comité exécutif de l'organisation doivent y participer,
dont l'Arabie Saoudite, pays hôte. Il s'agit du Sénégal, de l'Egypte, de la
Malaisie, de la Syrie, du Kazakhstan et du Tadjikistan. L'OCI avait recommandé,
lors d'une réunion, le 8 mars, l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne
au-dessus de la Libye mais rejeté toute intervention militaire directe.
Par ailleurs, l'un des fils de
Kadhafi, Seïf Al-Islam, a affirmé que Tripoli a financé la campagne électorale
de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle française de 2007 et réclame qu'il
«rende l'argent», ajoutant être «prêt à tout révéler», dans un entretien à
Euronews. Interrogé par la chaîne de télévision d'informations en continu, sur
la position de la Libye à l'égard de la France, premier pays à avoir reconnu
l'opposition libyenne, Seïf Al-Islam a répondu : «Tout d'abord, il faut que
Sarkozy rende l'argent qu'il a accepté de la Libye pour financer sa campagne
électorale». «C'est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la
preuve. Nous sommes prêts à tout révéler.
La première chose que l'on demande à ce clown, c'est de rendre l'argent
au peuple libyen. Nous lui avons accordé une aide afin qu'il oeuvre pour le
peuple libyen, mais il nous a déçus», affirme-t-il. Il a enfin annoncé que
l'est de la Libye sera libéré dans deux jours.
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Posté Le : 17/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com