Algérie

Il m'a fallu 37 ans d'expérience avant d'être le directeur du TRO»


Né en 1960, Mourad Senouci est sociologue de formation, homme de médias et bien sûr de théâtre.Il a travaillé pour plusieurs organes de presse, notamment l'Unité, El hadef, Alger républicain et le Matin, avant de se diriger vers la radio et la télévision algérienne. Il a à son actif 17 pièces théâtrales, dont 9 adaptations et 8 créations. «J'ai connu le théâtre très jeune, à l'époque où j'étais au CEM Hamou Boutlélis, à l'âge de 13 ou 14 ans.
Une troupe de théâtre de lycéens avait besoin qu'un collégien joue avec eux, et c'est comme ça qu'on m'a sollicité», raconte-t-il. Par la suite, au niveau du lycée, il a crée une troupe de théâtre appelé Chabab. «J'étais très moyen lors de ma scolarité, et j'avais peur que mon père me demande d'arrêter de faire du théâtre. Pour qu'il ne m'arrête pas, j'ai fait des efforts dans mon cursus scolaire.
En fait, c'est grâce au théâtre que je n'ai pas eu de problèmes de scolarité après. La première fois où j'ai eu un tableau d'honneur, c'était l'année où j'ai fait le théâtre, en 2e AS», se souvient-il. «Mais ma première véritable pièce remonte à l'année 1985 lorsqu'avec ma troupe on a participé au festival du théâtre amateur de Mostagnem, durant lequel on a eu le grand prix.» C'est ainsi que Mourad Senouci, avec sa troupe, se sont approchés du grand dramaturge Abdelkader Alloula. «Il considérait qu'on était un peu à l'avant-garde du théâtre amateur.
Comme la troupe était constituée essentiellement d'étudiants, pour lui, c'était une chance : la perception, l'évolution, tous les ingrédients étaient réunis pour avancer.» C'est ainsi qu'Abdelkader Alloula les met en contact avec Ghaouti Azri, un professionnel du théâtre, qui a rejoint leur troupe. «En 1986, on a produit une pièce pour enfants. Tout en étant amateur, on a bénéficié d'un encadrement professionnel.
C'est-à-dire qu'on a eu comme metteur en scène Azeri, qui était le bras droit d'Alloula au théâtre, et le scènographe Zerrouki Boukhari, qui était le scénographe attitré de Alloula, ainsi qu'Abdelaoui Chikh pour la musique, et deux chanteurs Mohamed et Souad Bouali.» Lors de cette année 1986, ils bénéficièrent d'un partenariat avec la mairie d'Oran par le biais de l'ACVO.
«La mairie a fait une avance sur recette c'est-à-dire qu'elle a acheté 20 représentations à l'avance, ce qui nous a permis de couvrir les frais du spectacle.» L'année suivante, en 1987, la troupe allée à Mostaganem pour le festival du théâtre amateur, où elle a connu le premier couac : «On nous a dit qu'on était des professionnels, alors qu'on était universitaires.
Ceci dit, la même année, on était invité au festival national du théâtre professionnel, mais là bas, on nous a demandé de participer hors compétition parce qu'ils nous considéraient comme amateurs. Ce qui fait qu'on n'était ni professionnels ni amateurs (rires).» Un peu après, les éléments de la troupe, une fois sortis de l'université, se sont dispersés.
Certains ont quitté le théâtre, d'autres sont partis s'installer en France ou aux Etats-Unis. Il ne restait donc que Mourad Senouci et son acolyte de toujours : Samir Bouanani. «On a commencé à travailler avec l'université grâce aux sollicitations du professeur Hadj Melliani, donc on formait les étudiants de 3e année français. On chapeautait aussi les ateliers, avec le concours de Ghaouti Azeri.
Ce n'est qu'après que j'ai viré vers l'écriture, et depuis, je n'ai fait que ça. Quant Samir Bouanani, il s'est dirigé vers l'interprétation, en plus d'avoir bénéficié de formations de mise en scène et d'avoir assisté Guaouti Azeri dans deux productions.» En 2003, l'année de l'Algérie en France, ces deux acolytes ont monté un spectacle avec deux versions, française et dialecte algérien.
Cette même année, Samir Bouanani a eu le grand prix d'interprétation masculine à Carthage. Dans la foulée, Ghaouti Azeri a été installé comme directeur du théâtre. «Quant à moi, j'ai commencé à écrire pour le théâtre, et j'ai eu la chance d'être mis en scène par les plus grands metteurs en scène : Azeri, Ziani Cherif, Sonia, Khoudi, Fouzia Aït El Hadj, Omar Fetmouch, tous ont mis en scène mes pièces. En même temps, j'ai été produit par un grand nombre de théâtre : Sidi Bel Abbès, Batna, Bejaïa, Annaba, le TNA et le TRO, et cela en plus des coopératives. La dimension nationale s'est alors installée.
Parallèlement à cela, on n'a pas voulu laisser tomber la troupe Chabab, et je me suis dit puisqu'on est deux, pourquoi ne pas tenter le monodrame. Moi je n'en avais jamais écrit, et Samir n'en avait jamais joué, mais on s'est dit on ne perd rien à essayer.» C'est alors qu'est né le projet de Moutazaouidj fi otla (Un mari en congé) en 2006, par lequel est advenu la consécration.
Cette pièce a duré une dizaine d'année, avec un nombre de représentations largement supérieur aux 300. «Bien simple, on a joué dans toute l'Algérie, dans les centres pénitenciers, dans les maisons de jeunes, les maisons de culture, les cités universitaires, les théâtres en plein air, les espaces de luxe etc» En outre, Moutazaouidj fi otla a été le premier spectacle théâtral algérien à avoir été invité et diffusé aux Etats-Unis en 2009, mais aussi Paris, et enfin au célèbre festival du Marrakech du rire.
«On est resté la seule et unique compagnie qui a fonctionné en autofinancement. On n'a jamais demandé de subventions. D'ailleurs, avec les recettes de Moutazaouidj fi Otla, on a pu produire deux pièces: Pierre de patience, avec Adila Bendimrad (2015) et Adda (2017). On donne la preuve que le théâtre peut s'autofinancer». Pour résumer, il dira : «En gros, il m'a fallu 37 ans de pratique, d'expérience, des hauts et des bas, avant de devenir directeur du théâtre.»
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