La France a, depuis vendredi, un président qui a signé son ralliement
officiel à l'extrême droite en s'attaquant ouvertement, par pure démagogie
électoraliste, aux «Français d'origine étrangère ». Les banlieues basanées sont
ciblées par un dirigeant en plein désarroi, en chute dans les sondages et qui
semble prêt à tout.
La xénophobie et le racisme -la classe politique n'ose pas encore ce
dernier mot - ne sont plus l'apanage de Le Pen, ils sont désormais au pouvoir.
Au grand dam d'une grande partie de la classe politique et de la société
française qui constatent, avec effroi, que le sommet du pouvoir est en train de
flatter les pulsions les plus dangereuses. L'amalgame, odieux, entre
délinquance et émigration, thème central de l'extrême droite française, est
devenu la ligne officielle de la France de Sarkozy. Vendredi, à Grenoble, le
président français, qui surfait depuis des années sur le terrain du Lepénisme,
s'est inséré définitivement dans les profondeurs glauques de l'extrême droite
française. Il l'a fait de la manière la plus perverse qui soit en proposant que
la nationalité française soit retirée à «toute personne d'origine étrangère qui
aurait volontairement porté atteinte à la vie» d'un policier, d'un gendarme «ou
de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique». Il a également
affirmé que la «nationalité doit pouvoir être retirée à toute personne
d'origine étrangère et que «l'acquisition de la nationalité française par un
mineur délinquant au moment de sa majorité ne soit plus automatique». Nicholas
Sarkozy est un adorateur compulsif du pouvoir, cherchant toujours le moyen,
quel qu'il soit, pour garder la meilleure image auprès de l'opinion. On attendait
son «coup» depuis plusieurs semaines en raison de sa déconfiture dans les
sondages. Il vient de sortir ce qu'il pense être l'arme décisive censée
terrasser l'opposition et lui paver, à nouveau, l'Elysée pour 2012.
Un esprit embrumé par les mauvais sondages
Dans son esprit, réellement embrumé par la chute vertigineuse de sa cote
de popularité, tous ceux qui dénonceront un projet de codification du racisme
passeraient aux yeux des Français pour des défenseurs de délinquants et de
criminels. L'amalgame est en réalité une expression d'un profond mépris pour
les Français et leur capacité de discernement. Un assassin de policier ou de
gendarme qu'il soit français de «souche» ou non, est, au regard de la loi,
auteur d'un acte extrêmement grave qui est sévèrement puni. La déchéance de la
nationalité n'a aucun sens dans ce cas. Mais, tout le monde le comprend, le
président français ne fait pas de distinction entre «criminels français de
souche » et «criminels français d'origine étrangère» que pour s'attaquer
frontalement et de manière scandaleuse à tous les Français de «couleur», ceux
que l'on doit constamment provoquer et insulter pour gagner une élection. Ceux
que l'on doit accuser de provoquer l'insécurité et de manger le pain des
Français.
Il y a toujours une part de démagogie dans le jeu politique dans une
démocratie, mais dans ce cas de figure, il prend l'allure d'une attaque directe
contre les valeurs fondamentales de la République française. Pour rappel,
l'article premier de la Constitution française dispose que la «France est une
République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité
devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de
religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée».
Il n'est pas besoin d'être un juriste émérite pour savoir que les
propositions de Nicholas Sarkozy, à moins d'un changement de régime et de mise
en branle d'un processus de purification ethnique, sont intenables au plan de
la Constitution. Le président français a choisi délibérément de pourrir le
climat social en mettant sur le marché des propositions provocatrices pour
noyer le poisson des scandales dans l'océan de l'infâme.
Nicholas Sarkozy a lancé sa campagne pour les présidentielles de 2012 en
s'attaquant à un principe fondamental de la République française et on peut
s'attendre à ce que la stratégie de la tension et de la provocation en
direction des banlieues basanées ne va que s'accentuer.
Les «étrangers qui viennent manger notre pain»
La classe politique et la société civile françaises sont éberluées et
découvrent à quel point la quête obsessionnelle du pouvoir fait de Sarkozy un
homme dangereux pour la paix civile en France. «On est dans la manière la plus
insupportable d'attiser la haine en désignant ces étrangers qui viennent manger
notre pain. Sur ce terrain-là, le président de la République et son
gouvernement ont manifestement décidé d'agiter les vieux refrains des années 30
destinés à attiser la haine contre les étrangers», a déclaré Michel Tubiana de
la Ligue des Droits de l'Homme (LDH).
Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap)
dénonce «des annonces démagogiques, contraires aux droits de l'homme, et
inefficaces. Une fois de plus, Nicolas Sarkozy s'aligne sur les thèses du Front
national», déplore-t-il.
«La République est en train de pourrir par le sommet», a estimé le
porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, qui constate que l'intervention
grenobloise de Nicolas Sarkozy «marque une nouvelle étape dangereuse et
indigne, dans une surenchère populiste et xénophobe». Sarkozy, souligne-t-il, a
fait «le choix du pourrissement, avec un cocktail explosif jouant sur les
peurs».
L'ancienne candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal,
évoque une «nouvelle étape dangereuse et indigne, dans une surenchère populiste
et xénophobe». «M. Le Pen et sa fille n'ont plus besoin de parler, la copie
parle à leur place», a déclaré Noël Mamère (Verts). La fille et héritière
politique de Le Pen a souligné de son côté que le président Sarkozy «confirme
officiellement» les thèses du Front National.
Au ministère d'Eric Besson, celui de l'amalgame et de la haine des blacks
et des beurs, on se prépare à mettre en forme les amendements souhaités par
Sarkozy.
Dans un contexte de crise, il n'est pas inexact que des citoyens non
amnésiques rappellent que ces déclarations ressemblent aux vieux refrains des
années 30 où le fascisme se nourrissait de haine des étrangers, d'amalgames
injurieux et d'outrances verbales… Les banlieues basanées sont averties :
Sarkozy veut les faire flamber pour rester à l'Elysée. Il faut espérer que les
jeunes de ces zones déshéritées de la République ne répondent pas à la
provocation. Reste à savoir enfin si les Français vont adhérer à la démarche…
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Posté Le : 01/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com