Il l’avait qualifié de «pro-marocain»

Le Polisario obtient le départ de Van Walsum L’ONU n’a pas renouvelé le mandat de son envoyé spécial pour le Sahara occidental, le Néerlandais Peter Van Walsum, a annoncé jeudi ce dernier dans une tribune publiée par le quotidien espagnol El Pais. Van Walsum, 74 ans, qui oc-cupe depuis 2005 ce poste où il avait remplacé l’Américain James Baker, a précisé que son mandat qui expirait le 21 août n’a pas été renouvelé par le Secrétaire général des Nations unies. Il indique avoir écrit sa tribune dans El Pais en tant «qu’ancien envoyé spécial personnel» de Ban Ki-moon. Le diplomate néerlandais avait estimé en avril, puis début août, dans une interview à El Pais, que l’indépendance du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975, «n’(était) pas un objectif accessible», alors qu’elle est réclamée par le Front Polisario. Ce qui est une drôle de prise de position pour un fonctionnaire de l’ONU, censé promouvoir ses résolutions et défendre en premier chef la légalité internationale. Son alignement pro-marocain, dont l’accuse le Front Polisario, est encore plus évident quand il précise dans le quotidien espagnol que «si le Polisario continue à exiger un référendum pour l’indépendance, le Maroc le rejettera de nouveau et le Conseil de sécurité va insister pour trouver un accord consensuel. Et rien ne changera». On se demande ce que serait le monde aujourd’hui si tous les fonctionnaires des pays qui avaient demandé leur indépendance durant les années 1950, 1960 et 1970 avaient aussi vite désespéré de défendre le principe de l’autodétermination des peuples... Ce qui est certain, c’est que la décision de Ban Ki-moon de se départir de Van Walsum survient après la demande sahraouie, alors que les négociations entre les deux parties se poursuivent encore sans résultats. Rabat et le Polisario poursuivent depuis 2007, sous l’égide de l’ONU, des négociations à Manhasset, près de New York, destinées à déterminer l’avenir de l’ancienne colonie espagnole. Le quatrième round de ces discussions s’est achevé en mars et la date de la prochaine séance de négociations n’a pas encore été fixée. M. Van Walsum s’est autorisé, à cet égard, de prévoir un prolongement de l’actuel «statu quo» en raison de l’intransigeance des parties en présence. Pour sa part, le Front Polisario ne pouvait partager pareille résignation. Il a annoncé mardi à Alger qu’il ne veut plus de Peter Van Walsum et a demandé à l’ONU de désigner un nouvel envoyé spécial pour le Sahara occidental. Il s’est dit prêt à participer au 5e round de négociations, mais sans la participation de M. Van Walsum. Le Polisario estime que M. Van Walsun «est de parti pris en faveur du Maroc après une déclaration selon laquelle l’indépendance du Sahara occidental est une option irréaliste». Dans un document reflétant son opinion personnelle, M. Van Walsum avait écrit en avril dernier que l’indépendance du Sahara occidental n’était pas un objectif réaliste et que le Front Polisario devrait y renoncer. Une opinion qui s’inscrit, d’abord, en parfaite opposition avec tout ce que l’ONU a consenti comme efforts depuis 1975 et qui oublie le fâcheux précédent du Timor Oriental que la communauté internationale porte encore sur la conscience. Amine B.