L'Occident est à l'origine des bouleversements connus par certains pays arabes depuis 2011 pour faire main basse sur les richesses, selon ce professeur qui reprend à son compte la thèse galvaudée du complot.
Invité hier au Forum d'El Moudjahid pour une conférence sous le thème 'L'islamisme et le monde arabe", le Pr Sayed a soutenu que 'la stratégie des Occidentaux est d'utiliser les frères musulmans pour anéantir les fondements de l'Etat-nation dans le monde arabe. L'objectif est d'enfoncer les peuples de la région dans l'ère tribale et de faire main basse sur leurs richesses. Mon souhait est que les frères musulmans soient conscients pour ne pas tomber dans ce complot", explique-t-il.
De son point de vue, l'Occident a changé son fusil d'épaule depuis le discours 'fondateur" de Condoleeza Rice au Caire, quand elle a soutenu que les Etats-Unis vont désormais soutenir la justice et non pas la stabilité, comme ils l'ont fait depuis 70 ans. Pragmatiques, les Occidentaux ont donc lâché les régimes en place qui ne peuvent plus servir leurs intérêts et décidé de composer avec les islamistes en voulant les instrumentaliser. 'J'espère que les islamistes ne vont pas tomber dans le jeu des Occidentaux", lâche-t-il. Pour le docteur Sayed, il y a lieu de faire le distinguo entre l'expérience égyptienne, libyenne et tunisienne, même si ces trois pays sont gouvernés par des islamistes. Ce qui s'est passé en Tunisie n'est pas 'une révolution", tranche M. Sayed qui précise toutefois ne pas être un spécialiste de la Tunisie. La raison ' 'Le régime de Ben Ali a imposé un régime à l'occidentale, faisant de la Tunisie une province française. Les Tunisiens n'en voulaient pas. Ce qui s'est passé en Tunisie n'est pas une révolution. J'ai beaucoup de réticences", explique-t-il. La révolution libyenne n'a pas échappé à la critique de M. Sayed qui, selon lui, est le fruit des Occidentaux.
'L'Otan s'est débarrassée du régime de Kadhafi qui ne pouvait plus préserver les intérêts de l'Occident. Aussi, il a aidé une minorité de Libyens à faire tomber le régime", clame-t-il, avant d'enfoncer le clou : 'L'expérience libyenne est une menace pour la sécurité et la stabilité de toute la région."
Seuls les changements intervenus en Egypte ont trouvé grâce à ses yeux. Cachant mal sa sympathie pour le mouvement des Frères musulmans,
M. Sayed a présenté leur arrivée au pouvoir comme un aboutissement logique. Il trouve même des vertus démocratiques aux islamistes modérés qui, en Algérie comme ailleurs, ont évolué. 'En terre d'Islam, la religion et la politique sont intimement liées", professe-t-il. M. Sayed a toutefois tenu à prodiguer un conseil aux nouveaux maîtres de l'Egypte et de la Tunisie : préserver l'unité de leurs peuples car, explique-t-il, 'un pays dont l'unité est menacée est un pays qui ne peut plus résister". Il a même décoché une fléchette aux islamistes qui, assène-t-il, 'deviennent de plus en plus suspects" car manipulés par certaines monarchies du Golfe qu'il a présentées comme des 'alliés de l'Occident".
Curieusement, la part de responsabilité des régimes en place, pourtant établie, aussi bien dans l'échec économique et social de leur gouvernance que dans leurs errements politiques dont l'entretien et l'instrumentalisation de l'islamisme, est totalement passée sous silence par l'invité du forum d'El Moudjahid. Tout comme ont été évacués de son analyse le dynamisme des sociétés civiles dans les pays de la région et les aspirations démocratiques de leurs populations respectives.
A. C.
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Posté Le : 05/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Arab Chih
Source : www.liberte-algerie.com