Le problème de l'Algérie ne se pose pas en termes de prix du pétrole, baissant ou augmentant, mais dans sa capacité à réaliser la transformation structurelle de son économie.Une économie encore vulnérable et qui peine à sortir de sa dépendance des hydrocarbures. Les propos malvenus de responsables politiques qui affirment que l'Algérie est à l'abri «aujourd'hui» de la crise systémique internationale ont eu au moins le mérite de nous révéler que nous n'avons pas travaillé en conséquence pour préparer l'après-pétrole.Pour notre parti, Flambeau de l'espoir et du travail, il s'agit de passer du discours aux actes, de diversifier l'économie nationale et les exportations hors hydrocarbures. Il est question, pour nous, de donner un contenu précis à cet «après-pétrole», à travers la promotion de l'économie des services utiles aux entreprises, de faciliter l'accès à l'investissement dans tous les domaines (industrie, agriculture, tourisme, services, etc.), mais aussi et surtout de promouvoir le développement des technologies de l'information et de la communication, la recherche-développement. Le défi réside, donc, dans notre aptitude à aller résolument et concrètement vers une économie ouverte et prospère non dépendante des hydrocarbures. Il faut savoir que les conséquences de la perte brutale des revenus des hydrocarbures diminuent considérablement la fiscalité pétrolière, ce qui conduit à une dépréciation du dinar avec toutes les conséquences que cela induit sur le pouvoir d'achat, ceci d'autant plus qu'une grande partie de l'offre provient de l'importation qui absorbe déjà près de 80% de nos recettes pétro-gazières, et non pas de la production qui risquerait de poser un problème sérieux sous l'effet du contexte international actuel et surtout à venir. L'essentiel de la loi de finances pour 2015 par exemple va, encore une fois, vers l'orientation macroéconomique à l'aide des mécanismes classiques habituels, jamais renouvelés.Alors qu'aujourd'hui, nous sommes dans une économie de marché où il faut piloter le budget de l'Etat à un niveau économique élevé pour transformer notre économie de rente, en une économie de production et de transformation. On ne gouverne pas l'économie par décret et à coups de circulaires, l'économie se fait et se développe avec l'action. L'Algérie se doit d'?uvrer au développement d'un modèle de croissance intégré et fondé sur quatre facteurs structurants : le savoir, le capital, le travail et la production, mais aussi et surtout de l'impératif de faire prévaloir la rigueur dans la gestion des ressources et le contrôle des actifs de l'Etat. Il nous faut commencer par des mesures de fond pour s'attaquer aux contraintes structurelles, notamment des mesures institutionnelles, douanières, fiscales, bancaires ou des mesures dérogatoires pour des investissements stratégiques.L'Algérie a besoin aujourd'hui d'un nouvel ordre socioéconomique, notamment celui d'une véritable gouvernance d'entreprises avec à leurs têtes de grands hommes de valeur et d'une conception mondiale pour s'engager dans une véritable voie de réforme économique, en harmonie avec les réalités des marchés et des évolutions mondiales. Cette approche nous permettra d'aller vers la consécration des conditions à l'investissement productif, au transfert technologique ou le know-how et à la capacité de nos entreprises à être compétitives pour bénéficier d'une envergure internationale.Il nous faut, pour cela, ouvrir la voie permettant de lever les blocages qui continuent d'entraver l'initiative et l'action économique en Algérie, afin de redresser la compétitivité pour une meilleure intégration de nos entreprises dans les règles et les mécanismes de l'économie de marché dans un contexte mondial ouvert, à l'exemple de la Chine connue pour son idéologie nationaliste, mais à forte économie de marché devenue aujourd'hui la plus grande usine au monde.Un pays dit «développé» n'est que le reflet fidèle de la puissance économique et technologique de ses entreprises. Les «créneaux fondamentaux» à investir dans la perspective de l'après-pétrole sont :- l'agriculture ;- le tourisme ;- les énergies renouvelables ;- l'économie de la connaissance basée sur un système d'éducation rénové ;- révision du code de procédures fiscales.Le développement de l'agriculture est aujourd'hui plus qu'une nécessité, une priorité, car il y va de l'avenir de l'Algérie et des générations futures.Même si des efforts considérables sont consentis dans le secteur agricole, beaucoup reste encore à faire si l'on veut développer davantage ce secteur stratégique et le préparer pour assurer la sécurité alimentaire et réduire les importations des produits agricoles, dont la facture reste actuellement très élevée. Des filières entières devront être davantage soutenues, comme les filières avicole, bovine, ovine, lait, céréales, maraîchers, agrumicole, oléicole et apicole, etc.Des micro-entreprises, créées par des jeunes sortant de l'université et même des jeunes issus de familles dont des générations entières se transmettent ce noble métier d'agriculteur et d'éleveur, devront même être financées pour aider ces filières agricoles à se développer. Les experts estiment qu'il est nécessaire d'investir plus dans ces filières et surtout accorder plus de soutien aux filières céréales et lait pour atteindre, un tant soit peu, l'indépendance alimentaire tant recherchée. Car l'Algérie continue à importer ces deux produits vitaux et à prix fort, alors qu'il suffit d'y investir suffisamment pour aller vers l'autosuffisance. Ce ne sont pas les potentialités qui manquent aujourd'hui en Algérie dans le domaine agricole et les autres secteurs d'ailleurs. Il suffit d'être innovant et de persévérer pour avoir les résultats escomptés et dépasser le cap des 2 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures.Car tous les produits des filières agricoles, que ce soit l'huile d'olive, la datte, les agrumes et autres, sont très prisés à l'étranger et l'Algérie peut les placer sur les marchés internationaux. Il est aussi important de lever toutes les lourdeurs administratives et libérer les initiatives si l'on doit préparer l'après-pétrole.Le tourismeLe tourisme en Algérie est une autre chance de sortir de la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures, il repose sur cinq axes fondamentaux qu'il faut développer, à savoir :- réaliser des infrastructures répondant aux normes internationales ;- former les employés et les managers afin de bien gérer ces structures ;- offrir un service de haut niveau afin de satisfaire le client ;- communiquer et informer sur les espaces touristiques et veiller à une exploitation dans les normes internationales des produits disponibles ;- adopter une nouvelle mentalité afin de proposer un service répondant aux normes internationales.Pour ce faire, il est vital d'encourager et d'inciter le secteur privé à l'investissement pour la réalisation de nouveaux projets touristiques, dans le but d'accroître le nombre de lits pour l'accueil des touristes, nationaux et étrangers, mais aussi et surrtout de créer la compétitivité et d'améliorer la qualité des prestations de services devant répondre aux standards mondiaux. Le tourisme saharien devra être l'un des plus importants segments du tourisme national, tout en donnant toutes les possibilités aux investisseurs, publics et privés, de réaliser leurs projets dans des zones balnéaires, sahariennes, urbaines, rurales ou climatiques.Notre principal atout réside dans le fait que l'Algérie dispose des meilleures infrastructures routières et aéroportuaires dans toute l'Afrique. Etant encore relativement peu connue au plan touristique, l'Algérie devra constituer à l'avenir une «destination nouvelle» pour le tourisme international, mais également pour la demande intérieure qui devient de plus en plus importante.Toutes les formes de tourisme peuvent se décliner en produits touristiques de haute, moyenne et basse gammes, à l'instar du tourisme de circuits, d'affaires, du tourisme balnéaire, de randonnées, du tourisme culturel et/ou sportif, de l'archéologie, chasse, pêche, rallyes, tourisme de santé, thermalisme, climatisme?Pour ce faire, une législation très attractive pour l'investisseur doit voir le jour dans les meilleurs délais.Les énergies renouvelablesLa mise en place d'un plan stratégique pour les énergies renouvelables doit se faire et chaque calorie produite le sera par substitution aux énergies fossiles. Les énergies renouvelables telles que le solaire, l'éolien, l'hydraulique, la biomasse, les déchets ménagers (ou bouquet énergétique) se subtitueront graduellement aux énergies fossiles. A titre d'exemple, l'énergie solaire à potentiel thermique est estimée par les experts à 40 000 milliards mètres cubes de gaz/an en Algérie, soit l'équivalent de 10 fois le champ de Hassi R'mel. La richesse du Sahara, ce n'est pas seulement les énergies fossiles ou le soleil.La disponibilité d'une nappe phréatique de 45 000 milliards de mètres cubes, c'est aussi et surtout ce que l'on pourrait faire pour développer l'agriculture.Nous pouvons faire du Sahara une seconde Californie pour conjurer les changements climatiques et diminuer la dépendance alimentaire. L'Algérie est apte à fertiliser une bande de 6 millions d'hectares, en 10 à 15 ans. Grâce à ces 6 millions d'hectares, à l'eau des nappes phréatiques et à une agriculture saharienne, l'Algérie pourra créer des industries performantes exportatrices à travers le monde entier et créer ainsi des millions d'emplois. Nous aurons de la sorte gagné la bataille du développement.En 1984, Steve Jobs rencontre François Mitterrand et affirme : «Le logiciel, c'est le nouveau baril de pétrole.» Trente ans plus tard, Apple possède une trésorerie de la taille du PIB du Vietnam ou encore plus de deux fois et demie la totalité du fonds souverain algérien. Il faut savoir que la connaissance mondiale double environ tous les 9 ans, un chiffre hallucinant qui signifie qu'en moins d'une décennie, l'humanité produit plus de connaissances nouvelles que dans les 7000 dernières années de son histoire.Car si la connaissance est le nouveau pétrole, le knowledge flow est le nouveau cash flow. L'économie de la connaissance est une révolution.Cette voie de la technologie numérique devra constituer à l'avenir un atout majeur dans toute décision politique ou économique qui engage l'avenir du pays, car nous ne pouvons nous permettre d'aller de sursis en sursis avec un baril qui erre au gré des vents des puissants lobbies. Pour cela, l'Algérie est condamnée à bâtir son avenir post-pétrolier sur deux déterminants fondamentaux : la formation de l'élite et la culture du numérique.Aucun pays ne peut se passer d'une élite, même si ce mot sent encore le soufre en Algérie, où les tenants de la démagogie de l'égalitarisme tirent de ce fait le pays vers le bas. Une élite sélectionnée sur la base du mérite, des sciences et des mathématiques qui ne doit pas souffrir de retard. Il nous faut mettre en place, dès à présent, une quantité suffisante de lycées d'excellence. Une évidence : pour prendre en charge ce challenge, tout revient en définitive à la formation des hommes.Le système éducatif devra connaître une révolutionL'éducation se porte mal et les grèves n'arrangent rien. Il est d'ailleurs incompréhensible que les syndicats ne s'intéressent pas de façon assidue à l'acte pédagogique. Le dernier rapport sévère de l'Unesco est un avertissement et doit nous interpeller. De ce fait, être contre une charte des droits et devoirs des acteurs de la communauté de l'éducation est incompréhensible. La compétence est individuelle et l'avancement devrait avoir lieu principalement au mérite. S'agissant du supérieur, au vu des défis qui nous attendent, une bonne partie des enseignements du supérieur devrait être revue, notamment dans les disciplines technologiques pour prendre en charge les nouveaux défis. Comment par exemple contribuer à construire ses propres centrales solaires, éoliennes ou de biomasse.La mise en place d'une base technologique qui mise sur l'université sera, à n'en point douter, le creuset des start-up, notamment dans le domaine de l'énergie, et permettrait de donner une perspective aux milliers de diplômés. Le modèle énergétique qui fera préalablement l'inventaire de notre potentiel énergétique proposera des applications visant à substituer le «tout-gaz naturel ou tout-pétrole» par ce qu'on appelle communément le «bouquet énergétique».Et en dernier lieu, la fiscalité algérienne est à revoir où un créneau porteur d'impôts est ignoré, c'est celui de l'agriculture.Les céréales les maraîchages et l'élevage des animaux n'ont jamais été imposés. A travers les statistiques d'élevage d'ovins, bovins, caprins et autres, un montant approximatif de 7 milliards de dollars est ignoré par nos fiscalistes. Nous proposons au législateur d'inclure la fiscalisation sur les animaux existants ainsi que les produits agricoles.La collecte de ces impôts permettra la création aussi de postes de travail.Au final, le maître-mot de la meilleure énergie pour l'Algérie, c'est sa jeunesse qui devra être partie prenante de son avenir et impliquée à toutes les étapes du développement du pays.
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Posté Le : 17/10/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelkader Bentemra
Source : www.elwatan.com