Les psychologues sont les parents pauvres de la mobilisation contre la pandémie, comme le démontre l'absence d'un représentant de la corporation dans le Comité scientifique.Au même titre que leurs collègues qui sont sur le front contre le coronavirus, les psychologues jouent en réalité un rôle crucial dans cette longue bataille pour venir à bout de la Covid-19. Pour preuve, ils n'ont pas attendu que le ministère de la Santé daigne les intégrer dans le circuit, pour se mettre au service des patients infectés ou de leur entourage.
"Au début de la pandémie, les autorités sanitaires ont mis en place un dispositif de prise en charge médicale uniquement, sans intégrer le volet psychologique. Nos équipes d'intervention de psychologues ont été mises d'ailleurs en congé exceptionnel par leur administration parce qu'elle ne voyait pas leur utilité", regrettera Khaled Keddad, président du Syndicat algérien des psychologues, qui a tenu à rappeler que les psychologues de santé publique ont rejoint, bien avant l'installation du numéro vert 30-30, les box des médecins pour les appuyer dans la riposte nationale contre la Covid-19.
"Malgré cette marginalisation, les psychologues ont fait preuve sur le terrain d'un grand engagement. Compte tenu de l'expérience acquise de par leurs interventions précédemment sur le terrain, les psys se sont organisés au lendemain de l'apparition de l'épidémie, et ce, en élaborant des plans d'action, de sorte à rejoindre de plain-pied les unités Covid.
Nos spécialistes étaient donc en première ligne au même titre que les médecins", soutiendra encore le président du SAP. Pour lui, "les autorités n'ont pas mesuré au début de la pandémie l'importance de la dimension psychologique dans cette crise sanitaire. Après notre insistance par courrier, les autorités ont fini par promulguer une instruction n°407 datée du 2 avril 2020 portant sur l'accompagnement psychologique", a-t-il encore rappelé.
Pour lui, la composition du Comité scientifique chargé du suivi de la pandémie manque d'expertise en termes de sciences humaines et sociales. "Il faut penser à renforcer urgemment cette instance de spécialistes en psychologie, en sociologie, en communication et même en anthropologie de l'histoire", a encore proposé ce psychologue clinicien major de santé publique.
C'est dire que cette crise sanitaire ne se résout pas uniquement par des solutions médicales. "Cette bataille contre la Covid-19 suggère aujourd'hui l'urgence d'agir sur les préoccupations des citoyens en termes de perception de la maladie, de leurs croyances et leurs attitudes.
Les sciences humaines et sociales nous aident à mieux comprendre l'aspect comportemental lié à la Covid-19, à mieux communiquer avec les citoyens et à définir une véritable stratégie de communication efficace", expliquera encore Khaled Keddad.
Plus loin, le président du Syndicat algérien des psychologues a insisté pour rappeler que les psys ne sont pas dotés de moyens pour mener à bien leur mission. "La plupart des psychologues travaillent avec leurs propres moyens, téléphone ou internet", dénoncera-t-il avant de détailler les tâches de ses collègues.
"Il faut savoir que la prise en charge se fait en mode présentiel et en téléconsultation, c'est-à-dire à distance. Donc, il y a des psychologues qui travaillent directement dans les unités Covid et il y a aussi ceux qui travaillent à distance avec toute la difficulté due au manque de moyens de travail en télépsychologie."
À la question de savoir si ses collègues sont suffisamment protégés pour mieux affronter et gérer les dégâts psychologiques générés par la Covid, notre interlocuteur précisera que les psys font partie intégrante de ces équipes soignantes, donc ils ont aussi besoin du même intérêt et de la même considération.
Hanafi H.
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Posté Le : 25/11/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hanafi HATTOU
Source : www.liberte-algerie.com