Algérie

«Il faut 'uvrer pour l'internationalisation de la question» Les chercheurs à propos des essais nucléaires français en Algérie :



Cinquante-trois ans après les premiers essais nucléaires opérés par la France sur le sol saharien algérien, aucune donnée exacte n'est disponible sur le nombre des victimes, les effets néfastes provoqués à long terme sur les personnes vivant sur ces territoires et les dégâts matériels occasionnés par ces «crimes» perpétrés entre 1958 et 1967.
«Outre les centaines d'Algériens cobayes engagés dans cette opération, il n'y a pas de statistiques exactes sur les effets de cette catastrophe perpétrée par les Français, car en plus des milliers de morts et de handicapés, des personnes qui traînent des maladies graves et autres séquelles sont enregistrées quotidiennement sur ces sites», ont affirmé des chercheurs, médecins et autres experts lors de la conférence-débat organisée hier au forum du quotidien Echaâb.
«Le nombre de victimes est inestimable», a estimé Amar Mensouri, chercheur, l'un des animateurs de la conférence. Selon lui, une étude britannique a évalué «l'impact des irradiations sur 22 générations de personnes».
«Ces irradiations invisibles constituent un danger permanent pour les habitants de Reggane et de Inker. Il y a 21 maladies recensées dans ces zones qui sont dues essentiellement à la propagation de ces ondes dangereuses», a-t-il affirmé. Pour les conférenciers, le souci majeur qui préoccupe toutes les parties concernées par ce phénomène est d'«internationaliser la gravité des effets des essais nucléaires» afin de décrocher une reconnaissance de ces crimes et une réelle prise en charge des victimes.
Ce but ne peut être atteint qu'à travers la révision de la loi Morane régissant ce registre. «L'indemnisation ne va pas régler le problème de ces milliers de victimes qui souffrent quotidiennement», affirme M. Mensouri. Selon lui, sur les 200 dossiers déposés par les victimes algériennes des essais nucléaires à travers l'Association des anciens combattants aux autorités militaires françaises, seuls 32 dossiers ont été étudiés puis rejetés «sous prétexte que les maladies énumérées ne figurent pas dans la loi Morane».
«Nous devons donc 'uvrer pour l'internationalisation de cette question et la révision de cette loi afin d'obtenir gain de cause car la France demande des preuves scientifiques sur l'origine des maladies occasionnées par ces essais nucléaires, chose impossible à réaliser», a-t-il expliqué. «Il y a une proposition faite dans ce sens qui prend en compte le principe de l'originalité de la région qui soit la cause de ces maladies», a-t-il ajouté.

Un travail de sensibilisation
Au niveau interne, les spécialistes préconisent «un grand travail d'information et de sensibilisation» envers les populations vivant sur place afin de leur expliquer les dangers qui les guettent quotidiennement. «Je suis choqué de savoir que les habitants de ces zones ne sont pas conscients des dégâts occasionnés à long terme.
Beaucoup d'entre eux ramassent les objets métalliques qu'ils réutilisent dans la construction de leurs propres habitations, ignorant les dégâts occasionnés par ces irradiations sur leurs propres corps et ceux de leurs enfants», a affirmé Mme Hamida Kettab, présidente de l'association Amel d'aide aux malades cancéreux.
Pour elle, la prise en charge de ces populations doit constituer «une priorité nationale» qui impliquerait les autorités locales et la société civile. «L'indemnité ne pourra jamais réparer les dégâts occasionnés sur la santé des femmes et des enfants malades. Tous les types de cancer, notamment du sein, font ravage dans ces régions ; 80% des enfants sont nés sourds, en plus des avortements, des malformations et autres.»
Elle déplore le laxisme des autorités envers cette situation. «Il faut aller sur place et informer les gens des conséquences mal calculées de certains objets qu'ils utilisent quotidiennement. Il faut les prévenir contre les maladies. Il n'y a pas de centre de dépistage de cancer à Adrar ni un registre de cancers qui nous permette d'identifier ses types, les statistiques et la prise en charge qui leur ont été consacrées», a-t-elle regretté.


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