«Il faut une refondation totale de la discipline»

L'ancien cadre du ministère de la Jeunesse et des Sports, Djaafer Yefsah, s'est dit optimiste pour la suite du parcours des Verts, au vu de ce qu'ils ont montré face à la Tunisie, même s'il ne faut pas sous-estimer l'Angola. L'ancien DTN de la FAHB n'omet pas, bien sûr, de revenir sur la situation du handball national. Le cumul d'erreurs, a-t-il dit, a fait que le niveau de la sélection a reculé. A cet effet, il plaide pour une refondation totale des structures de la discipline.- Quelle appréciation faites-vous des résultats de la sélection nationale lors du premier tour de la CAN, avec deux victoires, un nul et une défaite '
Lors de ce premier tour, il y a surtout la défaite face au pays organisateur qu'on n'arrive pas à digérer. Ceci parce qu'en termes de niveau, l'Algérie distance de très loin le Gabon. Je pense que c'est parce que l'Algérie a disputé cette Coupe africaine diminuée, d'abord au plan de la préparation, qui n'est pas conforme aux exigences d'une compétition africaine de ce niveau, ensuite par rapport au standing de l'Algérie. Ajoutons à cela tout le cumul de plusieurs années de problèmes, ce qui s'est répercuté sur le reste.
Je peux citer, à ce titre, la nomination en retard de l'encadrement, l'absence d'un directeur technique national opérationnel et, pour finir, les défections de joueurs, pour ne parler que de ceux qui ont été sélectionnés, dont la blessure d'Abdi qui est regrettable, un joueur révélé lors du Mondial des jeunes qui a eu lieu à Alger. Celui-ci aurait pu donner un apport considérable à l'équipe. Je peux citer aussi le joueur qui a quitté précipitamment l'équipe nationale (Kader Rahim, ndlr), ce qui est quelque chose d'inacceptable quelles qu'en soient les raisons.
Et en plus de tout cela, il y a eu la blessure de Hichem Daoud survenue lors du premier match face au Cameroun. Par ailleurs, bien que je ne sois pas présent sur place, le chef de la délégation s'est plaint également d'autres problèmes, comme les joueurs qui ont souffert de diarrhées, le transport perturbé ou l'absence d'escorte.
Des paramètres qui peuvent déconcentrer une équipe. Malgré tout, je pense que notre équipe aurait pu gagner cette rencontre face au Gabon. Personnellement, j'ai vu un seul match, celui contre la Tunisie. Là aussi on s'interroge pourquoi le Maroc, la Tunisie et l'Egypte ont retransmis les matchs de leurs équipes et que nous, nous n'avons pas eu ce privilège.
Au départ, les Verts avaient des appréhensions face aux Tunisiens, mais par la suite, ils ont repris confiance et se sont battus. Dommage, il y a eu des ratés de dernière minute alors qu'on menait au score. Maintenant, la situation est plus complexe contre l'Angola, même si je pense que si les joueurs mettent le paquet, il y a possibilité de relever le défi.
- Justement, par rapport à tous ces éléments, comment voyez-vous la suite du parcours des Verts ' Ont-ils des chances de terminer parmi les trois premiers '
Au vu de la prestation contre la Tunisie, je reste optimiste. Mais ce n'est pas moi qui jouerai. Ce n'est pas avec des déclarations d'intention qu'on va gagner. Mais je pense qu'il faut faire confiance à l'équipe. Il faut motiver les joueurs, être derrière eux pour qu'ils puissent relever ce défi.
Ceci, sans oublier que l'Angola a eu, ces dernières années, une préparation digne des équipes professionnelles avec l'organisation de nombreux stages et la participation à plusieurs compétitions internationales, au moment où nos athlètes n'ont malheureusement pas eu cette chance. D'ailleurs, je tiens à rendre aux joueurs un hommage particulier.
Aux entraîneurs aussi, Sofiane Hiouani et Zineddine Mohamed Sghir, pour avoir d'abord accepté le défi à deux mois de la compétition et de croire aussi en les possibilités de ces jeunes.
- A votre avis, qu'est-ce qui fait que le handball national patauge toujours ces dernières années dans ces problèmes de préparation '
Il y a un cumul d'erreurs, de carences, de luttes d'intérêt et de clans qui ont laissé des traces. Le handball ne mérite pas ça. Il y a des possibilités énormes au niveau de la discipline. C'est peut-être l'une des rares disciplines dans les sports collectifs qui peut facilement revenir au plus haut niveau et aller disputer le Mondial et les Jeux olympiques.
Ceux que nous avons inspirés dans les années 1980, qui ont adopté la même politique et démarche que nous, l'Egypte, la Tunisie et même la France, qu'on battait, ont atteint le haut niveau. Malheureusement, on n'a pas retenu les leçons.
Je plaide pour une refondation totale des structures du handball national. Je ne me limite pas à le déclarer, mais j'ai produit un document où j'ai fait des propositions concrètes depuis 2014. Il faut une refondation de la discipline pour qu'elle revienne au plus haut niveau. A condition, bien sûr, que les gens laissent leurs rancoeurs à l'extérieur et viennent se mobiliser pour le bien de ce sport.