Algérie

"Il faut un véritable plan Marshall pour le tourisme"



Quel est l'impact de la pandémie de coronavirus sur l'activité touristique algérienne en général et le tourisme saharien en particulier qui tire à sa fin 'Saïd Boukhelifa : Elle est dramatique surtout pour les agences du Sud qui ne travaillent que l'hiver/printemps, donc elles sont pénalisées d'attendre jusqu'à début octobre prochain pour reprendre leurs activités. Celles du Nord, beaucoup parmi les récentes (1 000 environ en 2019) ont fermé définitivement.
Quels sont les secteurs les plus touchés '
Tous les secteurs (hôtellerie, ATV, autocaristes de tourisme, compagnies aériennes, etc.) sont touchés. C'est la même récession que celle constatée à l'échelle mondiale.
Qu'en est-il des conséquences sur les agences de voyages '
Les ATV du Sud qui nourrissent 2 à 3 familles étaient déjà dans un état précaire, c'est l'estocade pour elles malheureusement. Pour les ATV spécialistes hadj/omra, beaucoup ont perdu énormément d'argent. Les petites et moyennes vont sombrer, et les grandes vont résister grâce à leur trésorerie bien fournie.
Que proposez-vous en tant que syndicat pour faire face à cette situation '
Notre syndicat prépare un diagnostic précis sur la situation catastrophique, qui sera soumis à la fin de la pandémie, au sortir du confinement. Pour le moment, nous compatissons avec les familles endeuillées et le corps médical qui fait acte de bravoure et de patriotisme. Ce serait indécent de jouer aux alarmistes face aux pouvoirs publics qui sont extrêmement préoccupés par le coronavirus.
Au moment opportun, nous conseillerons aux pouvoirs publics d'injecter un véritable plan Marshall afin d'aider les opérateurs publics, tous secteurs confondus, et en détresse financière, à rebondir, ne pas mettre au chômage leurs employés, et participer à la relance économique et à sa bonne croissance. Nous proposons aussi le gel des impôts et des taxes sur une année, l'octroi de crédits bancaires à un faible taux, etc. À défaut, ce serait la banqueroute générale de notre économie déjà chancelante.
Qu'en est-il de la saison estivale qui est à nos portes '
Les perspectives pour la saison estivale, dans le cas où le Covid-19 serait maîtrisé d'ici à fin juin, sont situées à deux niveaux : 1-institutionnel (administration centrale, tourisme, santé, finances-douanes, intérieur-DGSN, transport) 2- opérateurs en tourisme (agences de voyages, hôteliers, autocaristes, compagnies aériennes).
Du point de vue administration centrale, dans la perspective d'une reprise réelle des activités post-confinement, il faut d'ores et déjà se projeter dans des perspectives optimistes à moyen terme. Ce qui implique que plusieurs ministères (Santé, Tourisme, Intérieur et Transport) travaillent ensemble dans une position cohérente, complémentaire et sans dispersion des actions primordiales.
Concernant le volet santé, il y a nécessité d'une mise en place de structures sanitaires équipées et renforcées, car il faudrait s'attendre à un grand rush touristique vers la Tunisie à compter de mi-juillet et jusqu'à fin septembre. Aux postes frontaliers, il faut prévoir des couloirs de passage fluides pour les touristes détenteurs de certificats médicaux attestant de leur bonne santé. Ceux qui n'ont pas un tel document passeront par un premier contrôle côté algérien puis un second du côté tunisien.
Concernant le tourisme interne, cette saison estivale verra un engouement extraordinaire vers notre littoral d'est en ouest. Le confinement "étouffant" pour certains engendrera une grande envie de s'aérer et de décompresser. Pour le réceptif, nos amis touristes tunisiens reviendront assez nombreux pour séjourner essentiellement dans la région Est (Annaba, Oum El-Bouaghi, El-Eulma surtout), car leur motivation principale est le shopping. Ensuite, on aura un peu de touristes qui seront bien reçus par notre population hospitalière de coutume, même si les prestations hôtelières sont en deçà et chères.
Concernant le tourisme balnéaire, il faudrait s'attendre à une spéculation et une inflation tarifaires de certains hôteliers opportunistes qui chercheront à récupérer leur manque à gagner, compte tenu de la pénurie de lits, de places dans les hôtels sur une période bien déterminée (mi-juillet/mi-septembre).


Propos recueillis par : Arab C.


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