Algérie

"Il faut un Plan Marshall pour l'exportation"



l Le fret maritime représente un marché de 3,5 milliards de dollars qui profite aux compagnies maritimes étrangères.Les exportations hors hydrocarbures, et depuis toujours, ne représentent qu'un taux très minime du volume global des exportations. Durant l'année 2017, une stratégie nationale des exportations avait été élaborée avec l'identification de huit secteurs comme prioritaires parmi lesquels il y a les produits alimentaires et agricoles. Reste qu'aujourd'hui les résultats sont en deçà des objectifs assignés à cette stratégie. Pour Toufik Hadkeheil, président du Cluster algérien de fruits et légumes (Carflex), joint par Liberté, on ne peut plus se suffire de mesures conjoncturelles : "Il faut un Plan Marshall pour l'exportation hors hydrocarbures." L'exportation doit concerner plusieurs départements ministériels.
L'exportation des produits agricoles, par exemple, ne doit pas concerner que le secteur de l'agriculture et celui du commerce, indique M. Hadkeheil. L'exportation concerne à la fois le secteur de l'agriculture, du commerce mais aussi du transport, de l'intérieur et de l'industrie. La logistique est l'épine dorsale de l'export. M. Hadkeheil a regretté que dans notre pays beaucoup reste à faire pour la logistique. Le fret maritime représente, selon lui, un marché de 3,5 milliards de dollars. Malheureusement, ce sont les compagnies maritimes étrangères qui en profitent, a-t-il déploré, ajoutant que c'est le même cas pour le fret aérien.
Les transports aérien et maritime restent ainsi loin des besoins des exportateurs nationaux de différentes tailles. Si votre produit est bon et que votre logistique est défaillante, c'est comme si vous n'aviez rien fait. C'est sur ce sujet qu'est attendu le ministère des Transports pour justement faire que les frets aérien et maritime puissent devenir les atouts de la logistique en Algérie. Par ailleurs, l'aventure de l'export des produits agricoles a besoin que les fabricants d'emballage en carton puissent s'impliquer davantage au même titre que l'industrie de transformation. M. Hadkeheil a souligné que la situation de surplus de pomme de terre qu'a connue le pays récemment renseigne sur la nécessité de cette industrie de transformation. Cette surproduction aurait pu être transformée en chips ou en flocons pour purée de pomme de terre et qui aurait pu constituer un produit exportable.
Cette situation met également en évidence, selon lui, le manque de prospective dans le secteur. Cette surproduction aurait dû être prévue à l'avance pour permettre d'anticiper les solutions et ne pas se retrouver devant le fait accompli avec une production excédentaire sur les bras. L'activité de l'export souffre également des carences dans le financement des opérations d'exportation et le transfert de devises.
Le président du Carflex a indiqué que des choses ont été faites en la matière mais cela reste insuffisant. De nombreuses entraves continuent de se dresser devant les exportateurs. Outre le problème de la certification, il y a également l'absence du métier d'exportateur et d'un réseau de production destiné à l'exportation. Les statistiques du ministère de l'Agriculture indiquent que la production nationale en matière de produits agricoles ne couvre que 73% des besoins du marché local, et son apport au PIB est de 12%. Ces statistiques confirment que l'Algérie peine à résoudre les problèmes de ce secteur stratégique. L'agriculture semble avoir encore un long chemin à faire pour pouvoir jouer son rôle prépondérant dans l'économie nationale. Pourtant, le potentiel est bien présent.
Et les attentes sont à la hauteur du ce potentiel immense que recèle le pays en matière d'export de produits agricoles. L'objectif visé ne peut être réalisé que si on se tourne vers les acteurs, en leur offrant les outils nécessaires d'accompagnement et de soutien. Gageons juste que les mesures appropriées soient mises en application rapidement.

Saïd Smati


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