La bravade de Daech a réanimé l'option interventionniste. La riposte forte et légitime de l'Egypte, procédant au bombardement des camps et des dépôts d'armes de l'organisation terroriste, a concrètement ouvert le front libyen dédié à la vengeance d'un « crime haïssable contre l'humanité » et à la lutte contre le terrorisme. En égrenant les motivations au micro d'Europe 1, le chef de l'Etat égyptien a relevé la mission inachevée de « nos amis européens » et la transformation de la Libye, « prisonnière de milices extrémistes », en menace tangible pour la région, le bassin méditerranéen et l'Europe. La fatalité du scénario de l'intervention internationale en Libye lui semble incontournable. « Il n'y a pas d'autre choix. En prenant en compte le fait que le peuple libyen soit d'accord et nous appelle à agir », a soutenu Sissi. De « nouvelles mesures » ont été réclamées par les présidents Abdel Fattah al-Sissi et François Hollande, appelant conjointement à une réunion du Conseil de sécurité. En appui à la démarche égyptienne, Paris contractant la vente d'avions de combat Rafale s'est également déclaré préoccupé par « l'extension des opérations » de Daech. Tokyo, toujours sous le choc de la décapitation de deux de ses ressortissants, sort son chéquier pour débloquer une aide de l'ordre de 15,5 millions de dollars. Il reste l'allié britannique interpellé, lors d'une conversation entre le président Sissi et le Premier ministre britannique, David Cameron, sur « la façon dont la Grande-Bretagne et l'Egypte peuvent renforcer leurs liens bilatéraux pour vaincre le terrorisme ». Mais la réédition du scénario du pire ne fait pas l'unanimité. Elle est d'abord tributaire de la caution du Conseil de sécurité qui s'est jusque-là contenté de condamner « cet acte lâche et odieux ». Par ailleurs, le camp des sceptiques, représenté par la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, écarte d'emblée tout rôle militaire de l'Union européenne et prévoit de rencontrer au cours de la semaine les autorités égyptiennes et américaines. Le pessimisme est surtout le fait du chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, préconisant la prudence et la sagesse. « Ce n'est pas le moment pour une intervention militaire », a-t-il affirmé, lundi dernier, dans une interview à la chaîne de télévision TG5. En revanche, il a plaidé, lors d'un entretien téléphonique avec Sissi, pour la mise en place de « mesures politiques et diplomatiques dans le cadre du Conseil de sécurité de l'ONU ». Car, comme le montre l'inefficience de la coalition internationale enlisée dans le bourbier irako-syrien, le tout-sécuritaire tend à conforter Daech et à condamner la médiation de paix onusienne qui reste la seule solution consensuelle de règlement négociée de la crise libyenne.
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Posté Le : 17/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Larbi Chaabouni
Source : www.horizons-dz.com