Algérie

«Il faut s'attendre à une explosion des prix des produits de première nécessité»


- Les orientations actuelles de l'économie mondiale requièrent le développement agricole par l'approche et par filière. Qu'en est-il de l'Algérie sur ce plan '
Il suffit de regarder ce que l'Algérie importe pour comprendre très rapidement qu'en fait nous n'avons pas encore des filières agroalimentaires proprement dites. Nous avons des bribes de filières.
Il n'y a aucune filière qui est complète. Prenons l'exemple des huiles alimentaires. Il y a bien des opérateurs qui exportent certes, mais jusqu'à présent on n'arrive pas à  en produire parce qu'on ne fait qu'importer des huiles brutes et on fait dans le raffinage. Pourtant, l'Algérie disposait depuis 1942 jusqu'à 1983 de trois ateliers de trituration. Ce qui veut dire que nous produisions des graines et nous avions un potentiel important dans la transformation.

- Donc, le problème se pose-t-il aujourd'hui en amont, malgré tous les programmes de soutien mis en œuvre depuis au moins une décennie '
Le problème se pose en amont. Il y a beaucoup à  dire sur les programmes de soutien. Par exemple, il y a eu des sommes faramineuses qui ont été dépensées dans le cadre du PNDRA (programme national de développement agricole et rural), mais nous n'avons jamais entendu parler des bénéficiaires de ces fonds, ni du bilan du PNDRA. Quelques années plus tard, un nouveau programme estimé à  1000 milliards de dinars est mis en œuvre. Comment voulez-vous réussir une nouvelle politique alors que le bilan des programmes précédents n'a pas été fait, alors que ce bilan est censé apporter des correctifs à  la politique antérieure et d'aider à  la bonne décision économique.

- Le débat porte actuellement sur les possibilités de développer la culture de la betterave sucrière. Il y a quelques mois, on disait la même chose du maïs et du soja qui sont les principaux intrants pour la production d'aliments de bétail. Quelles sont les potentialités de l'Algérie en la matière justement '
Pour la betterave sucrière plus précisément, il faut savoir que durant les années 1970 on a eu une très grande expérience dans le haut Chellif. Les cultures ont donné d'excellents résultats en expérimentale, mais le produit a été très rapidement abandonné pour des considérations techniques sous prétexte qu'il y a manque de main-d'œuvre professionnelle.
Maintenant, sur la base d'études scientifiques, on se rend compte que finalement ce ne sont pas des cultures qui sont vraiment exigeantes. C'est le même cas pour toutes les cultures industrielles. Dans les années 1960 et 1970 nous avons expérimenté le tournesol, le maïs et autres, mais aujourd'hui, manifestement, personne ne s'y intéresse. Peut-être qu'on peut y voir derrière les lobbies des importations.

- Pour les cultures céréalières en général, n'y a-t-il pas un risque de sécheresse cette année avec la pluviométrie qui n'a pas été importante durant la saison '
Tout à  fait et ce n'est pas uniquement en Algérie. Il faut s'attendre à  une explosion des prix des produits de première nécessité sur le marché mondial, non seulement les céréales, mais aussi le lait, les huiles, le sucre ou les productions animales. D'où l'urgence à  se lancer très rapidement dans une stratégie de promotion des filières agroalimentaires.               
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